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Enfants, femmes enceintes et seniors : le bon sens des nouveaux repères alimentaires

Publié le 01/08/19

Enfants, personnes âgées et femmes enceintes ou allaitantes… ces populations vulnérables ont désormais leurs recommandations spécifiques, avec de nouveaux repères alimentaires émanant de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) dans le cadre du Programme national nutrition santé (PNNS). Au menu, du bon sens plus que de réelles nouveautés.

L’étape essentielle de la diversification alimentaire du nourrisson

Les nourrissons, les enfants et adolescents, les femmes enceintes et allaitantes, les femmes ménopausées et les personnes âgées présentent des spécificités physiologiques qui justifient une alimentation adaptée. L’Anses a publié le 25 juin 2019 quatre avis d’expertise sur la nutrition de ces populations et propose des repères alimentaires adaptés à leurs spécificités en complément des repères de 2017 élaborés pour la population générale adulte *.

L’alimentation des nouveau-nés et des tout-petits comprend différentes étapes de transition : une alimentation ombilicale qui passe à une alimentation orale à base uniquement de lait, puis l’introduction d’aliments variés et notamment solides (1re phase de diversification) et enfin le passage aux aliments de la table familiale (2e phase de diversification) **.
Dans son avis sur les enfants de 0 à 3 ans, l’Anses précise les pratiques de diversification permettant de favoriser l’acceptation de nouveaux aliments avec, en premier lieu, la recommandation d’un début de la diversification entre les 4 mois révolus de l’enfant et ses 6 mois (mais pas après) , l’offre d’un maximum d’aliments variés entre 5 et 18 mois, fenêtre favorable d’acceptation de nouveaux aliments et, enfin, l’introduction d’aliments de texture non lisse à partir de 8 mois et avant 10 mois. De plus, l’agence réitère des conseils bien connus comme la présentation répétée d’un aliment initialement refusé et l’importance accordée au moment des repas. Par ailleurs, elle souligne que de nombreux produits ciblant les jeunes enfants peuvent contribuer à leur apporter des quantités excessives de sucres totaux.

Moins de sucre pour les enfants…

L’alerte de l’Anses cible en particulier les deux âges extrêmes de la vie où progressent « deux comportements inquiétants ». Il s’agit pour les plus jeunes (4-17 ans) de la consommation croissante de sucre, sous toutes ses formes***. En effet, 75 % des 4-7 ans, 60 % des 8-12 ans et 25 % des 13-17 ans consomment du sucre en excès (sucres totaux hors galactose et lactose). Devant ce constat alarmant chez les enfants de 4 à 17 ans, l’Anses édicte des règles pour inverser la tendance, fondées sur les dernières références nutritionnelles françaises et européennes (Anses 2016, Efsa 2017). En effet, chaque portion supplémentaire de 350 ml par jour de boissons sucrées pendant un an provoquerait une augmentation moyenne de l’IMC (indice de masse corporelle) de 0,07 kg par m2, du diabète de type 2 et des problèmes bucco-dentaires.

L’institution préconise de limiter les boissons sucrées et les pâtisseries, biscuits et gâteaux, céréales, bonbons, qu’elle juge « trop fréquents, en particulier au goûter ». La consommation « de boissons sucrées de type soda doit rester « occasionnelle », tandis que les jus de fruits sont limités à un verre par jour, au cours d’un repas (et dans ce cas, le verre compte comme une portion de fruits). »
Pour remplacer ces aliments riches en sucre et d’intérêt nutritionnel limité (peu de vitamines et de nutriments), rien de plus simple : des produits laitiers sans sucre ajouté ou d’autres aliments riches en calcium ainsi que des fruits frais (non transformés) et des fruits à coque.
L’agence insiste sur le « fait-maison ». Les préparations culinaires cuisinées reviennent en force, permettant de « mieux prendre conscience des apports en sucres et de les contrôler » et de tenir à l’écart les « sucres ajoutés » présents dans de nombreux produits transformés. A ce propos, si de nouvelles et vastes études parues fin mai 2019, dont une française à partir de la cohorte NutriNet-Santé, ne permettent pas de démontrer un lien direct de cause à effet, elles renforcent les arguments de travaux précédents liant les plats hautement transformés à un risque accru d’obésité, d'hypertension artérielle, voire de cancers.

Bien s’alimenter étant un tout, les conditions de la prise alimentaire sont essentielles pour favoriser une alimentation saine. C’est pourquoi, « les sources de distraction qui détournent l'enfant de son assiette, comme la télévision, les portables ou les tablettes dans les mains des parents voire du tout-petit lui-même, sont à exclure ».

… et plus de sport chez les seniors

A l’autre « âge extrême de la vie », l’Anses, enjoint les seniors à bouger plus (femmes après la ménopause et les plus de 65 ans) ****. En vue de se protéger contre « les maladies associées au vieillissement » telles « un grand nombre de maladies non transmissibles et, plus spécifiquement, contre les effets physiopathologiques du vieillissement tels que la sarcopénie, l’ostéoporose et le déclin cognitif », elle conseille non seulement de pratiquer une activité physique régulière et, lorsque la diminution de la sédentarité est difficilement compatible avec l’état de santé ou les possibilités pratiques, de réduire ou de limiter l’apport énergétique par rapport à celui des autres tranches d’âge adultes. Il est alors recommandé de diminuer légèrement les portions pour certains aliments à l’exception des fruits, légumes, poissons, mollusques, crustacés et féculents complets afin de couvrir les besoins nutritionnels.

Produits laitiers, fruits et légumes et poissons pour les femmes enceintes ou allaitantes.
Concernant les femmes enceintes ou allaitantes, l’Anses met en avant « des groupes d’aliments présentant des bénéfices spécifiques pour la santé de la mère et de l’enfant pendant la grossesse ou l’allaitement maternel, à savoir les produits laitiers, fruits et légumes et poissons » *****.
Consommer ces aliments permet également de couvrir les besoins en certains nutriments indispensables pour ces populations tels que le fer, l’iode, la vitamine B9, c’est-à-dire l’acide folique, et, uniquement pour les femmes allaitantes, les vitamines A et C.
Les femmes en âge de procréer sont incitées à veiller à leur équilibre alimentaire « sans attendre d’être enceintes afin d’assurer dès la conception un statut nutritionnel satisfaisant et compatible avec les besoins du fœtus et de la mère ».

Hélène Joubert, journaliste.

Références :

*Repères alimentaires pour les populations spécifiques. Enfants, femmes enceintes & allaitantes, personnes âgées. Expertise Anses 2019 :
https://www.anses.fr/fr/system/files/PRES2019DPA02.pdf
** https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2017SA0145.pdf
*** https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2017SA0142.pdf
**** https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2017SA0143.pdf
***** https://www.anses.fr/fr/system/files/NUT2017SA0141.pdf

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