
La chrononutrition s’appuie sur la chronobiologie, science qui étudie les rythmes des phénomènes biologiques dans l’organisme. Quels aliments privilégier à quel moment de la journée ? L’éclairage de Bertrand Kaeffer, biologiste et chercheur à l’Université de Nantes.
Selon l’heure à laquelle ils sont consommés, voire la période de l’année, les aliments n’ont pas le même impact sur l’organisme. Et pour cause : la sécrétion des hormones ou l’activité des enzymes impliquées dans le métabolisme des différents nutriments, sucres, graisses, etc., varie sur vingt-quatre heures. Il est observé que la dépense calorique liée à la digestion d’un repas est plus élevée le matin que le soir.
Le problème des horaires décalés
De multiples études l’indiquent : les personnes qui travaillent de nuit ou en horaires décalés sont plus à risque de surpoids et de maladies cardio-vasculaires. Selon le chercheur Bertrand Kaeffer, les repas tardifs ou de nuit désynchronisent les rythmes biologiques et affectent l’expression de différents gènes. Avec, pour conséquence, de favoriser le mécanisme le développement d’une surcharge abdominale et de troubles associés (hypertension artérielle, diabète…).
En outre, le travail de nuit ou en horaires décalés induit une privation de sommeil qui perturbe la sécrétion ou l’effet de plusieurs hormones : diminution de la leptine, qui coupe l’appétit, augmentation de la ghréline, qui donne faim, et perte d’efficacité de 50 % de l’insuline (pour normaliser le taux de sucre sanguin) si la durée du sommeil est inférieure à six heures par vingt-quatre heures.
Conseils pratiques
Ne vous laissez pas tenter par du chocolat ou un autre aliment sucré en toute fin de soirée : gardez plutôt ces aliments pour le goûter. Dans la mesure du possible, évitez de dîner passées 22 ou 23 heures. Si vous ne pouvez pas faire autrement, veillez à ce que votre repas élève peu la glycémie (et nécessite ainsi peu d’insuline). Pour cela, privilégiez les aliments céréaliers complets tels que le pain de seigle ou aux céréales, le riz brun, les pâtes complètes ou encore les légumes secs. Associez-les systématiquement à des légumes crus ou cuits et à une source de protéines : viande, poisson, œufs, jambon… Efforcez-vous, enfin, de pratiquer une activité physique régulière et de dormir sept à huit heures par nuit.
Le saviez-vous ?
L’efficacité et la tolérance à certaines molécules peuvent varier entre le matin et le soir. C’est ce que l’on appelle la « chronopharmacologie », qui s’intéresse à l’effet des médicaments selon le moment de la journée où on les prend. Les corticoïdes, par exemple, sont plus efficaces le matin tôt, car la production naturelle de cortisol est maximale vers 7 heures. De son côté, l’indométhacine (contre les rhumatismes) induit moins d’effets secondaires lorsqu’elle est administrée le soir. Enfin, tous les médicaments susceptibles d’entraîner un état de somnolence se prennent peu avant le coucher.