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Epilepsie : en finir avec les préjugés !

Selon une enquête réalisée en 2016(1), 46 % des sondés ressentent de la gêne à l‘idée d‘entretenir des relations professionnelles ou amoureuses avec une personne épileptique. Et 10 % d’entre eux n’écartent pas la possibilité que la maladie puisse avoir une origine… surnaturelle !

Pour tenter d’en finir avec les fantasmes et les idées reçues, nous avons demandé au Pr Fabrice Bartolomei de nous apporter son concours.

Chercheur à l’Inserm et chef du service d’épileptologie et rythmologie cérébrale de l’hôpital de La Timone (Marseille), il est considéré comme l’un des meilleurs spécialistes français de l’épilepsie.

© Doctopress
Publié le 29/10/21

L’épilepsie est une maladie rare

FAUX. Avec 700 000 personnes atteintes, il s’agit au contraire d’une des maladies neurologiques chroniques parmi les plus fréquentes. Il n’est qu’à voir le nombre de personnages célèbres qui en ont souffert : Jules César, Isaac Newton, Molière, Richelieu, Napoléon, Flaubert, ou, plus près de nous, Agatha Christie… Mais alors comment expliquer une telle idée reçue ? « Malgré sa fréquence, assure le Pr Bartolomei, l’épilepsie reste mal connue et, donc, sous-diagnostiquée. De plus, il existe de nombreuses formes d’épilepsie. Certaines d’entre elles ont une incidence assez faible, ce qui les classe dans la catégorie des épilepsies rares, d’où la confusion. »

C’est une maladie psychiatrique

FAUX. Jusqu’à la naissance de la neurologie, au XIXème siècle, l’épilepsie était assimilée à une maladie mentale, voire à une forme de folie. Il s’agit pourtant bel et bien d’une maladie organique, qui se traduit par « des troubles des rythmes électriques du cerveau, comme il peut y avoir des troubles du rythme cardiaque. » Elle peut toutefois avoir des conséquences psychiatriques (dépression, stress, anxiété…), notamment en raison des discriminations que subissent certains malades. Des facteurs psychologiques peuvent également contribuer à déclencher les crises.

Elle peut être comparée à un « orage » électrique dans le cerveau

VRAI. Notre cerveau contient des milliards de neurones, qui communiquent entre eux grâce à des impulsions électriques, au rythme d’environ 60 à 80 par seconde. Lors d’une crise d’épilepsie, l’activité électrique des neurones s’emballe et peut atteindre 500 impulsions par seconde. Lorsque seule une zone cérébrale est concernée par cet « orage », on parle de crise partielle ou focale. Lorsque c’est l’ensemble du cerveau, de crise généralisée.

Une crise d’épilepsie entraîne toujours des convulsions

FAUX. Si dans l’esprit du grand public, la maladie épileptique se manifeste par des crises convulsives – la personne se raidit, tombe à terre, les yeux révulsés, tandis que son corps est secoué de tremblements musculaires –, cette manifestation ne concerne en réalité que 10 % des épileptiques. Le plus souvent, la crise est bien moins spectaculaire, et peut même passer inaperçue lorsqu’elle ne dure que quelques secondes. C’est le cas des absences, fréquentes chez l’enfant : il a les yeux ouverts et paraît réveillé, mais n’interagit plus avec le monde extérieur, comme si son cerveau s’était mis en pause. Quant aux crises partielles (ou focales), elles peuvent engendrer toutes sortes de symptômes selon la zone du cerveau concernée : hallucinations auditives, secousses des doigts, troubles du langage, impression de déjà-vu ou de déjà vécu, etc.

On peut avoir une crise d’épilepsie sans être épileptique

VRAI.  On estime que 1 Français sur 10 sera victime d’une crise isolée dans sa vie, en raison d’une infection du cerveau (méningite, encéphalite), de la prise d’un médicament, de l’usage de drogue, ou encore suite à une forte fièvre. « Ce type de crise traduit une modification transitoire de l’activité électrique du cerveau et n’est que très rarement suivie d’autres épisodes. »

On peut devenir épileptique à n’importe quel âge

VRAI. Cependant, la maladie se déclare plus fréquemment aux âges extrêmes de la vie. « Lorsqu’il est en développement ou, au contraire, qu’il vieillit, le cerveau est plus fragile et donc davantage sujet à l’épilepsie. »

L’incidence des nouvelles crises suit ainsi une courbe en U, avec un maximum dans l’enfance et après 60 ans.

Quand on est épileptique, on doit éviter les écrans

FAUX. Du moins, le plus souvent. Car si certaines crises peuvent être déclenchées par des stimulations lumineuses, « cela ne concerne qu’une infime minorité de patients. Dans l’immense majorité des cas, il n’y a pas de risque. » Pas question, pour autant, de passer sa nuit devant un jeu vidéo ! « Les abus sont néfastes : entre la surstimulation cérébrale, le stress que certains jeux provoquent et le manque de sommeil, il y a tout un tas de facteurs qui peuvent concourir à provoquer une crise. »

On peut guérir spontanément

VRAI. Mais cela concerne essentiellement les épilepsies de l’enfant. « C’est beaucoup plus rare dès lors que l’épilepsie apparaît ou se poursuit à l’âge adulte. » Un traitement au long cours, associant un ou plusieurs médicaments, est alors indispensable pour éviter les crises.

La chirurgie est le seul traitement curatif

VRAI. Envisagée en cas de résistance aux médicaments, elle consiste à retirer la zone à l’origine de l’épilepsie. L’intervention n’est possible que pour les épilepsies focales, c’est-à-dire ne touchant qu’une partie du cerveau, et à condition que le foyer épileptique se situe dans une région accessible chirurgicalement. Autre option en cas d’épilepsie réfractaire : l’implantation d’un stimulateur qui, à l’image d’un pacemaker pour le cœur, permettra d’éviter les crises. « Mais il s’agit là d’un traitement palliatif et non curatif », précise le Pr Bartolomei.

Quand on est épileptique, on ne peut plus conduire

VRAI ET FAUX. Tout dépend de l’efficacité du traitement. « Une fois que le patient est équilibré, il n’y a aucune raison qu’il ne conduise pas. » Pour cela, il faut attendre un an sans crise, selon la loi.

(1) Sondage Odoxa pour la Fondation française pour la recherche sur l’épilepsie.

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