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Le tabagisme, un fléau chez des femmes de plus en plus jeunes

Publié le 20/08/20

 

Entre 2002 et 2015, l’incidence de l’infarctus du myocarde a augmenté de 50 % chez les femmes de moins de 65 ans et le nombre total de décès attribuables au tabagisme a été doublé. Si la diminution de la consommation tabagique est réelle depuis l’an 2000 pour les femmes les plus jeunes, de 18 à 34 ans, celles âgées de 45 à 54 ans fument toujours plus, passant de 21,5 % en 2000 à 30,8 % en 2017, et celles de 55 à 64 ans de 11 % à 17,6 %.

L’association tabac-pilule, un cocktail explosif

Il est urgent de prendre conscience du danger des maladies cardiovasculaires au féminin : elles sont devenues la première cause de mortalité chez les femmes. Il ressort des registres FAST-MI (une étude française) que de plus en plus de femmes jeunes (de moins de 60 ans) sont touchées par l’infarctus du myocarde (IDM).

« Le nombre d’hospitalisations pour un IDM a sensiblement progressé chez les femmes jeunes, précise le Pr Claire Mounier-Vehier, chef de service de cardiologie au CHRU de Lille, et tout particulièrement dans la tranche d'âge 45-54 ans. En unité de soins intensifs, la part des femmes hospitalisées pour IDM est passée de moins de 10 % en 1995 à plus de 20 % en 2010 ». Cette envolée des infarctus s’explique probablement par l’association pilule-tabac, de plus en plus fréquente. Désormais, elles font aussi plus de démences vasculaires, d’insuffisance cardiaque et d’hypertension que les hommes.

« Nous voyons aujourd’hui le résultat d’une catastrophe annoncée, poursuit la cardiologue : 30 % des femmes fument, 50 % sont en surpoids ou obèses. Or certains facteurs de risque sont plus néfastes chez la femme que chez l’homme, comme le diabète, le stress, la dépression, la sédentarité et… le tabac ! ».

Mais rien n’est perdu : « Lutter contre les problèmes cardiovasculaires de la femme, c’est principalement renoncer au tabagisme de longue durée et à l’association tabac-pilule, poursuit Claire Mounier-Vehier. En effet, les femmes souffrent aussi de plus en plus tôt de syndromes coronariens aigus, ce qui correspond à une obstruction d'une ou plusieurs artères coronaires. »

Aujourd’hui elles représentent près de 40 % des admissions dans les unités de soins intensifs pour ce problème, et cela ne cesse de progresser. L’explication principale est l’augmentation de plus de 30 % cette dernière décennie du tabagisme féminin : un syndrome coronarien sur deux avant 50 ans est dû au tabagisme.

Et si c’était une artériopathie des membres inférieurs ?

Le récent fléau des artérites chez la femme progresse de façon galopante : chez des fumeuses depuis l’adolescence, les médecins découvrent de plus en plus souvent des artérites, c'est-à-dire des plaques d’athérome dans l’aorte, la plus grande et la plus grosse artère de l'organisme qui naît du ventricule gauche du cœur et s'étend jusqu'à l’abdomen.
L’image sociale de l’artérite chez l’homme obèse, fumeur et sédentaire prend un coup de vieux, et il faut désormais y penser chez la femme de moins de 60 ans ! Le danger actuel est que ces obturations de l’aorte sont très souvent confondues chez les femmes avec des sciatiques, voire avec une arthrose de hanche ou un canal lombaire étroit (la compression des nerfs entraîne des douleurs du bas du dos, de la fesse ou du membre inférieur) chez la femme plus âgée.

Le registre européen 2013 montre un taux de mortalité de 15% de ces maladies vasculaires périphériques (obstructions des artères périphériques, le plus souvent celles des jambes) et qui sont à mettre sur le compte de l’association tabac-pilule.

Le tabac, ennemi n°1 des poumons

Le cœur n’est pas unique victime du tabagisme. Entre 2002 et 2012, l’incidence du cancer du poumon a augmenté de 72 % chez les femmes (+ 71 % de mortalité). Pour leur part, les exacerbations de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) nécessitant une hospitalisation ont doublé entre 2002 et 2015 chez les femmes (+ 30 % chez les hommes).

Globalement, en 2014, il a été estimé que 7 % des décès chez les femmes étaient à mettre sur le compte du tabagisme.

Pour toutes ces raisons, écraser sa dernière cigarette prend tout son sens, idéalement le plus tôt possible. Par exemple, arrêter de fumer avant 40 ans élimine à 90 % le surrisque ultérieur de décès par maladie cardiovasculaire. Ce surrisque est éliminé pratiquement à 100 % si l’on prend cette décision avant l’âge de 30 ans. Mais à tout âge, il existe des bénéfices, notamment cardiovasculaires.

Hélène Joubert, d’après une interview du Pr Claire Mounier-Vehier, chef de service de cardiologie au CHRU de Lille.

Fiche HAS Contraception chez la femme à risque cardiovasculaireV (Juillet 2013)
BEH. N° 35-36 - 30 octobre 2018 http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2018/35-36/index.html
Le site de Fédération française de cardiologie : https://www.fedecardio.org/La-Federation-Francaise-de-Cardiologie/Presse/les-pathologies-liees-au-tabac-chez-les-femmes
Le site de Santé respiratoire France : https://sante-respiratoire.com

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