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Asthme : avantage au sport !

Publié le 04/12/17

 

Plus question de bannir l’activité physique de son quotidien sous prétexte que l’on est asthmatique. Non seulement l’asthme -lorsqu’il est sous contrôle- n’empêche pas de faire du sport mais ce dernier est indispensable aux asthmatiques.
 

Asthme intermittent ou persistant, tout est permis

Il aura suffi d’une décennie, depuis le début des années 2000, pour assister à un retournement de la situation : les personnes asthmatiques s’adonnent de plus en plus souvent à une activité physique. Et c’est tant mieux. Les dernières contre-indications absolues à la pratique de certains sports ne tiennent plus devant les arguments scientifiques dont on dispose désormais. Aujourd’hui, l’asthme traité et contrôlé, intermittent ou persistant, permet de pratiquer tout type de sport, que celui-ci soit occasionnel ou pratiqué à haute intensité.

Pr Anne Prud’homme, responsable du service de pneumologie du Centre Hospitalier de Bigorre (Tarbes) : « Pratiquer une activité physique est fortement recommandé chez les personnes asthmatiques. Parce qu’il améliore les performances respiratoires, le sport diminue l’essoufflement (dyspnée). Il est aussi essentiel afin de maintenir l’équilibre personnel pour une bonne santé physique et morale ».
 

L’exercice physique réduit les symptômes de l’asthme

Une étude dévoilée au congrès européen sur les maladies respiratoires 2017 (1) appuie les bienfaits du sport : les asthmatiques soumis à un programme d’entraînement intensif associé à un régime alimentaire ont bien toléré les phases d'exercice intensif. Un régime (forte teneur en protéines, faible index glycémique et au moins six portions de fruits et légumes par jour) couplé à des séances d'exercice pendant huit semaines permet d'améliorer les symptômes de l'asthme, la qualité de vie, ainsi que la forme physique. Le score des symptômes a progressé de 50 % dans le groupe soumis aux séances d'exercice et au régime.

Dr Louise Lindhardt Toennesen, pneumologue au Bispebjerg Hospital de Copenhague : « Aujourd’hui, tous les asthmatiques peuvent suivre sans danger un exercice intense et bien encadré, et y associer un régime alimentaire équilibré. Ceci en vue d’améliorer le contrôle des symptômes de la maladie asthmatique et la qualité de vie ».
 

On protège ses bronches et on bouge !

Pas question de se priver d’une activité physique pratiquée avec plaisir. La liberté est donc totale, sous réserve d’une consultation médicale pour évaluer le niveau d’asthme du patient, se voir prescrire un traitement contre l’asthme en continu ou pas et d’y ajouter un médicament avant tout effort.
En cas d’asthme symptomatique c’est-à-dire lorsqu’il y a des crises, la pratique du sport ne sera en revanche pas possible ; il faut que la maladie soit contrôlée pour donner le feu vert à la pratique du sport.
Le sport en lui-même peut déclencher des crises d’asthme, par une cascade de réactions physiologiques. Afin de les prévenir, des précautions simples sont à respecter :

  • En cas d’asthme intermittent, c’est à dire que les crises sont entrecoupées de périodes d’accalmie, il faut inhaler un broncho-dilatateur de courte durée d’action (Ventoline par exemple) 10 à 15 minutes avant tout effort afin de maintenir les bronches ouvertes pendant plusieurs heures.
  • En cas d’asthme continu, il faut utiliser un broncho-dilatateur avant un sport d’endurance ou un sport connu pour déclencher des crises (asthmogène). L’échauffement doit alors être progressif.

 

Quel sport idéal pour un asthmatique ?

Une fois l’asthme sous contrôle, voici quelques repères :

  • Etre vigilent quant aux conditions climatiques. S’il fait froid et l’intensité du sport forte, la différence de température entre l’air extérieur et les bronches pourrait aggraver les réactions bronchiques et déclencher la crise. Pour éviter cela, il faut chauffer petit à petit l’air qui arrive aux poumons en abordant l’effort de façon progressive et en posant au début de l’effort une écharpe sur le nez et la bouche et en respirant par le nez.
  • Plus besoin de surveiller son débit respiratoire de pointe (volume d'air circulant dans les poumons durant un temps donné) de façon systématique. Néanmoins, en cas de gêne, d’essoufflement, ce geste peut être utile afin de vérifier que l'asthme est bien équilibré.
  • Avoir toujours dans sa poche un bronchodilatateur en cas de gêne respiratoire et l'utiliser sans attendre ou mieux, en préventif avant le sport.
  • Préférez pour les sports dits « portés » comme natation, le vélo mais aussi la marche rapide ; les efforts respiratoires étant progressifs.
  • Renoncer au sport le temps d’une crise d'asthme ou en cas d’infection avec ou sans fièvre.
  • Adapter l'intensité de l’effort à ses possibilités.
  • La plongée sous-marine n’est pas contre-indiquée. Mais la maladie doit être absolument contrôlée, c'est-à-dire sans symptôme depuis au moins un mois. Difficile en effet d’inhaler le bronchodilatateur sous l’eau. Il revient au pneumologue de donner ou non son accord.

 

L’asthme, risque professionnel chez les athlètes ?

Une étude publiée à l’occasion des Jeux Olympiques de Rio 2016 (2) a soulevé deux points qui restent encore à approfondir : selon les données de l’Agence mondiale antidopage, les athlètes olympiques asthmatiques ont systématiquement obtenu plus de médailles que les non-asthmatiques. Les données manquent encore pour l’expliquer.

Par ailleurs, l’asthme a été qualifié de « risque professionnel » chez les athlètes d’endurance de haut niveau ; des années d’entraînement en endurance pouvant endommager les voies aériennes, les rendre hyper-réactives et faire apparaître un asthme chez les athlètes.

Dr Ken Fitch, Faculté des sciences du sport à l’Université d’Australie-Occidentale et auteur de l’étude : « Il semblerait qu’il existe une relation paradoxale entre l’activité physique et l’asthme selon laquelle la première pourrait prédisposer au second ».

(1) Toennesen LL et coll. : Exercise and diet improve asthma control in non-obese asthma patients: a randomized controlled trial. Intervention au European Respiratory Society International congress (Milan) : 9 - 13 septembre 2017 ; (2) Fitch K. The World Anti-Doping Code: can you have asthma and still be an elite athlete? Breathe (Sheff). 2016 Jun; 12(2): 148–158.

D’après un entretien avec Pr Anne Prud’homme, responsable du service de pneumologie du Centre Hospitalier de Bigorre (Tarbes) et les publications du Dr Louise Lindhardt Toennesen et du Dr Ken Fitch.

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