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Stratégie RSE : une mobilisation essentielle des parties prenantes

Face à l’ampleur de l’urgence climatique, mais également sociale, un nombre croissant d’entreprises fait le choix de se doter d’une démarche RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Comment passer de la parole aux actes ? Comment mettre en place une stratégie porteuse de sens ? Zoom sur le rôle déterminant des parties prenantes, avec Agnès Rambaud Paquin, fondatrice du cabinet spécialisé « Des Enjeux et des Hommes », qui accompagne notamment La Mutuelle Générale sur les sujets de développement durable.

The Editorialist
Publié le 22/06/22
Temps de lecture 5 min

En matière de RSE, pas de recette prête à l’emploi. Chaque entreprise doit agir en fonction de sa réalité, de ses besoins, de ses spécificités. Tout commence donc par un travail déterminant de définition des enjeux, en fonction d’une multitude de paramètres : secteur d’activité (agroalimentaire, transport, services, cosmétique…), taille, implantation internationale, culture interne, etc. L’étape suivante consiste à consulter les parties prenantes internes (gouvernance, collaborateurs) et externes (clients et adhérents, fournisseurs notamment) sur l’importance de ces enjeux.

« Il faut bien comprendre que l’entreprise opère dans un écosystème, précise Agnès Rambaud Paquin. Au sein de celui-ci, elle a besoin de définir précisément les défis auxquels elle contribue et là où elle est attendue par ceux qui sont concernés, directement ou non, par son activité ».

Il est donc essentiel d’engager un dialogue avec les parties prenantes. La durée nécessaire dépend de la taille de la structure, mais, le plus souvent, un minimum de six mois est nécessaire pour mettre à plat les enjeux, interroger les acteurs concernés, penser une stratégie et définir une ébauche de feuille de route. La durée de ces travaux dépend de la taille de la structure : « Nous constatons que la problématique doit souvent infuser et mûrir en interne », ajoute la fondatrice du cabinet. Ces travaux se concrétisent dans une analyse de matérialité qui permet à l’entreprise de croiser sa vision et celle de ses parties prenantes externes quant à ses enjeux RSE.

Comment mobiliser cette grande variété d’interlocuteurs ?

Agnès Rambaud Paquin a l’habitude de parler d’approche par cercles concentriques, des plus proches aux plus éloignés du champ d’activité de la structure : en premier lieu, les salariés et organisations syndicales, puis les parties prenantes contractuelles – clients, fournisseurs, partenaires – et enfin l’écosystème plus lointain constitué de fédérations professionnelles, ONG, médias spécialisés, écoles, universités, associations…

« Pendant longtemps, les entreprises ont fonctionné en système fermé dans leur prise de décision, souligne l’experte. De manière générale, nous conseillons aux structures d’être beaucoup plus dans l’écoute active, voire dans la co-construction », explique Agnès Rambaud Paquin. D’autant plus qu’à l’image des fournisseurs qui peuvent faire remonter des attentes ou évoquer des idées d’innovation, les différentes parties prenantes ont gagné en expertise : elles ont de plus en plus de choses à apprendre aux entreprises.

L’idée est donc de mobiliser le point de vue des parties prenantes pour poser les fondations d’une stratégie RSE performante. Tout dépend du secteur et de la catégorie concernés. Pour l’illustrer, schématiquement :

  • Dans l’industrie, les collaborateurs apporteront un éclairage clé sur les problématiques liées à la santé, à la sécurité, et les élus et riverains sur les potentielles nuisances.
  • A l’inverse, dans le secteur des services (par exemple celui du conseil), les équipes feront remonter des attentes sur la qualité de vie au travail, le droit à la déconnexion, et les clients sur la justesse des prix, l’éthique des relations ou la protection des données, etc.

Les engagements RSE de La Mutuelle Générale

Mesurer et évaluer l’impact de ses activités en matière environnementale, sociale et sociétale permet à La Mutuelle Générale de mieux identifier et donc de mieux maîtriser les risques auxquels elle pourrait être confrontée.

Structurer et animer un dialogue dans la durée

Tout au long de la démarche, le dialogue peut prendre de multiples formes : réalisation d’entretiens en face à face avec le représentant d’un client important par exemple, focus-groupes composés de panels de consommateurs ou, au contraire grandes enquêtes en ligne. « A titre d’exemple, 200 000 personnes ont été interrogées en ligne par notre cabinet pour un grand opérateur de transport, 90 000 pour le leader de l’intérim », précise Agnès Rambaud Paquin.

« Nous venons de lancer l’actualisation de notre analyse de matérialité avec l’appui du cabinet Des Enjeux et des Hommes, indique Marie-Hélène Pejoine, Responsable RSE de La Mutuelle Générale. Les principaux enjeux RSE seront revus et soumis aux parties prenantes internes et externes à partir d’entretiens individuels, d’enquêtes en ligne ou de focus-groupes. Cette démarche va nous permettre d’actualiser notre stratégie RSE ».

Au-delà de cet exercice ponctuel, le but est idéalement de se tenir constamment à l’écoute : les parties prenantes sont un baromètre, une boussole qui permet d’ajuster en permanence sa démarche. D’où la nécessité d’un véritable engagement pour le maintenir dans la durée. Déterminants pour définir et hiérarchiser les ambitions au lancement de la démarche RSE, les échanges avec les parties prenantes se révèlent également précieux pour la suite. « Clairement, nous encourageons nos clients à maintenir ce dialogue dans la durée, insiste Agnès Rambaud Paquin. Certains se dotent d’une véritable stratégie de dialogue, avec l’organisation de réunions régulières avec les parties prenantes identifiées ».

Les entreprises disposant d’une forte maturité en matière de RSE ont institutionnalisé la démarche : elles ont mis en place des comités parties prenantes, composés de différents représentants (ONG, enseignants chercheurs, clients…). Ces instances pérennes ont pour charge de formuler régulièrement des conseils à l’attention de la gouvernance. La maîtrise du dispositif est ici décisive, de nombreuses structures craignant que l’ouverture vers l’extérieur signifie l’ouverture d’une boîte de Pandore incontrôlable.

Le dialogue avec les parties prenantes est un levier déterminant pour déployer une démarche RSE performante. Agnès Rambaud Paquin en est intimement persuadée : « c’est le sens de l’Histoire ».

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