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Maladies du foie : en augmentation chez l'enfant

Ce serait une erreur de penser que l'accumulation de graisse dans le foie s'observe uniquement chez l'adulte, en particulier en surpoids et/ou diabétique. Les enfants souffrent aussi de cette maladie du foie que l'on appelle stéatose hépatique. De plus en plus souvent et de plus en plus tôt, avec à la clé un risque ultérieur de cirrhose et de cancer hépatique.

Publié le 17/10/17

La cirrhose du foie sans alcool, c'est possible

La cirrhose du foie n'est pas uniquement liée à la consommation excessive d'alcool.

Sans que l'on s'en soucie vraiment, notre foie souffre de notre mode de vie. En cause, le manque d'activité physique et de mauvaises habitudes alimentaires.

20 à 25% des Français ont une accumulation hépatique excessive de graisse :

  • Ce peut être une stéatose pure («foie gras») sans inflammation ni de réel risque d'évolution,
  • ou bien d'emblée un stade plus avancé appelé stéatohépatite non alcoolique (NASH) ou métabolique. La NASH (NonAlcoholic SteatoHepatitis) est caractérisée par des lésions du foie, identiques à celles d'une hépatite alcoolique. Les triglycérides s'accumulent dans les cellules du foie (hépatocytes).

Jusqu'à il y a quelques années, on ne mesurait pas la gravité de la situation. Mais les recherches ont montré que les lésions de NASH peuvent aller jusqu'à la cirrhose voire le cancer (carcinome hépatocellulaire), même sans boire de l'alcool ni avoir été infecté par une hépatite !

De plus, la stéatose pure (même si cette simple accumulation de graisse est probablement bénigne vis-à-vis du foie) impacte les complications extra-hépatiques et notamment cardiovasculaires.

En résumé, la stéatose, et a fortiori la NASH, est à elle seule un facteur de risque cardiovasculaire, d'hypertension et de diabète.

A l'inverse, il faut garder à l'oeil le foie des personnes en surpoids mais aussi diabétiques, car le diabète favorise l'apparition d'une stéatose ou d'une NASH. De fait, 80% d'entre eux sont touchés.

C'est pourquoi, toute personne ayant un syndrome métabolique (surpoids, cholestérol etc.) ou un diabète de type 2 doit être dépisté (dosages d'enzymes et de biomarqueurs de stéatose hépatique ou échographie).

La maladie du foie NASH, à la hausse chez l'enfant

Globalement, dans les pays occidentaux, 3 à 11% des enfants développent une maladie du foie NASH. Près de la moitié des jeunes en surpoids ou obèses est touchée.

On estime à environ 42 millions le nombre d'enfants obèses dans le monde (données OMS 2010), dont 12,5 millions aux Etats-Unis, avec un accroissement de 400% au cours des 30 dernières années. Il n'y a pas encore de données précises en France mais aux Etats-Unis, l'obésité et le surpoids pédiatriques sont à l'origine de la grande majorité des cas de stéatose métabolique. C'est pourquoi celle-ci est devenue la maladie chronique du foie la plus répandue chez les enfants.

La maladie hépatique stéatose peut être dépistée dès l'âge de huit ans !

Pr Lawrence Serfaty, hépatologue à l'hôpital Saint-Antoine (Paris) : «Aux USA, les indications de transplantation hépatique pour cause de lésions de NASH ont augmenté de 170% entre 2003 et 2013 ! La NASH ne représente -pour l'instant- que 10% des indications de greffes en France.

Le fait d'être en surpoids joue un rôle prépondérant et ce dès le plus jeune âge. Des données ont même corrélé l'alimentation des femmes enceintes et la présence d'une NASH chez leur futur enfant en surpoids. On dispose désormais d'études qui ont suivi des enfants de la naissance à l'âge adulte : ceux ayant développé une NASH dans l'enfance ont un risque de cirrhose et de cancer à l'âge adulte plus important mais qui n'est pas encore chiffré».

NASH, le surpoids n'est pas le seul coupable

  • Les facteurs de risque dits métaboliques (surpoids, obésité, pré-diabète ou diabète) ne sont pas les seuls impliqués. Sans pour autant être en surpoids ou diabétique (plutôt dans ce cas chez les adultes avec un diabète de type 2), l'alimentation (l'excès de fructose, les conservateurs, les graisses saturées) peut conduire à une NASH en favorisant un état pré-diabétique chez l'enfant.
  • Des facteurs génétiques interviennent également dans l'atteinte du foie : la stéatose métabolique est plus fréquente chez les parents d'enfants obèses ou entre jumeaux obèses. Plusieurs gènes de susceptibilité (celui de l'adiponutrine/PNPLA3) sont fortement associés à la stéatose.

Pr Lawrence Serfaty : «Des facteurs liés à l'hôte lui-même comme la flore intestinale (ensemble de micro-organismes dont des bactéries) interviennent. En effet, des enfants obèses avec une NASH ont un microbiote intestinal différent d'enfants obèses sans NASH. L'inflammation chronique retrouvée dans le diabète et l'obésité serait alimentée par le microbiote intestinal. Une forte proportion de graisses dans l'alimentation augmente la proportion de certaines bactéries (à Gram négatif) qui produisent des molécules inflammatoires (lipopolysaccharide) au niveau local puis, après passage de ces molécules dans la circulation sanguine, dans le foie, le tissus adipeux, le muscle... L'inflammation à bas bruit s'installe dans ces tissus de façon chronique.

En parallèle, il a été suggéré que le microbiote intestinal serait à l'origine d'une production d'alcool qui pourrait également jouer un rôle dans les atteintes hépatiques observées chez des enfants obèses».

Petite perte de poids, gros effet sur la NASH

Plusieurs essais thérapeutiques évaluant de nouvelles molécules potentiellement efficaces dans la maladie du foie NASH chez l'adulte et quelques-uns chez l'enfant sont attendus d'ici à trois ans (avec l'acide obéticholique, le GFT505 et même une molécule antidiabétique, le liraglutide).

En attendant, la bonne nouvelle est que la situation est réversible et qu'il suffit de perdre un peu de poids pour obtenir une forte diminution de la graisse hépatique mais aussi de la résistance à l'insuline, premier pas dans la maladie diabétique. La perte de poids permet une réversibilité de la maladie hépatique, c'est-à-dire de l'inflammation et des lésions hépatiques.

Encore plus chez l'enfant, le mot-clé est "prévention". Sodas et sodas light, régimes riches en graisses saturées et en cholestérol sont toxiques pour le foie, au contraire des graisses insaturées, des fibres et des vitamines C et E.
Source : e-santé

Hélène Joubert, journaliste scientifique

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