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Mars bleu. Dépister le cancer colorectal, et après ?

Publié le 21/02/18

Le dépistage généralisé du cancer colorectal dès l’âge de 50 ans est réalisé à l’aide d’un test immunologique, à répéter tous les deux ans chez les personnes sans risque particulier, dites à « risque moyen ». 4% de ces tests reviennent positifs. Parmi ces 4% de tests positifs, 10% révèlent des cancers, 40% des polypes dont certains peuvent dégénérer en cancer, et 50% sont des faux positifs (coloscopie normale). Quelle est alors la marche à suivre ?

Mars bleu, mois du cancer colorectal

Chaque année, en mars, les autorités de santé marquent le coup avec Mars bleu, rappelant à cette occasion qu’à partir de 50 ans, le dépistage du cancer colorectal nous concerne tous. Le Conseil national professionnel d’hépato-gastroentérologie (CNP HGE) renchérit et depuis 10 ans, s’investit lui-aussi dans une campagne annuelle, gratuite, de prévention à destination du grand public sur le dépistage du cancer colorectal, baptisée « Colondays ».

Tout au long du mois de mars, plus de cent établissements (hôpitaux, cliniques et cabinets de gastroentérologie) et plus de mille praticiens et acteurs de la santé accueilleront et informeront le grand public par le biais d’animations. La nouveauté de cette 10ème édition est sa durée (un mois) et le « road tour » de son espace mobile d’information. Du 13 au 31 mars, il fera étape dans douze capitales régionales. Le public pourra y rencontrer un hépato-gastroentérologue, s’informer gratuitement sur la prévention contre le cancer colorectal et évaluer son risque afin d’opter pour la meilleure méthode de prévention/dépistage. (https://www.colon-days.fr/les-gastroenterologues-participant-a-la-journee-portes-ouvertes).

43 000 nouveaux cas et 18 000 décès sont dénombrés annuellement en France. Encore aujourd’hui, 50% des cancers diagnostiqués sont métastatiques, c’est à dire qu’ils ont déjà essaimé dans le reste du corps. Simplement parce que plus de la moitié de la population persiste à ne pas se considérer comme « à risque »*. Le dépistage permet de découvrir des cancers à un stade précoce (curable) dans 90% des cas, alors que le pourcentage de guérison des cancers métastatiques, diagnostiqués trop tardivement, tombe à 20%.

Le dépistage généralisé est préconisé tous les deux ans à partir de l’âge de 50 ans. Chaque intéressé reçoit par courrier une invitation au dépistage, pris en charge à 100 % par l'Assurance Maladie sans avance de frais. Sans symptôme ni antécédent personnel ou familial de cancer ou d’adénome colique, le risque est qualifié de « moyen », c’est-à-dire un risque de 3% de développer ce type de cancer. Le "test immunologique" (FIT pour Fecal Immuno Chemical Test) vise à déceler la présence de saignement occulte dans les selles. La personne prélève à son domicile un échantillon de selles au moyen d’un kit et l’envoie dans les cinq jours au laboratoire de biologie médicale indiqué, pour un résultat obtenu dans les quinze jours. Un test positif (environ 4 % des cas) ne dénote pas forcément la présence d’un cancer mais la coloscopie s’impose pour le confirmer ou l’infirmer.

Dans certains cas, le test immunologique est inutile et la coloscopie s’impose d’emblée. C’est lorsque la personne compte un apparenté du premier degré avec un cancer colorectal ou un polype avant l’âge de 65 ans (ou si la personne a deux apparentés du 1er degré touchés, quel que soit leur âge). Environ 20% des cancers colorectaux surviennent chez des personnes à risque « élevé » et 5 à 10% chez celles dont le risque est « très élevé ». Les personnes à « haut risque » ont environ une chance sur dix de développer un cancer colorectal. La réalisation d’une coloscopie permet de déceler la présence éventuelle de polypes et de les retirer avant qu'ils ne se transforment en cancer.

La vidéocapsule replacera-t-elle la coloscopie ?

Alors que nombreuses sont les personnes qui ne se font pas dépister par crainte qu’on leur propose ensuite, au vu du résultat positif du test, l’examen toujours autant redouté qui est la coloscopie, la donne pourrait changer avec un accès plus fréquent à la vidéocapsule. Il s’agit d’une mini-caméra que l’on ingère et qui retransmet un film composé de milliers d’images prises lors de son parcours dans le côlon et le rectum. Aujourd’hui la vidéocapsule est utilisée pour l’examen de l’intestin grêle qui n’est pas accessible par coloscopie.

Pr Frank Zerbib, gastro-entérologue au CHU de Bordeaux : « Le décret pour l’utilisation de la vidéocapsule en pratique courante va paraître au Journal officiel courant premier semestre 2018 (tarif de l’acte). Elle peut être utilisée en cas de coloscopie incomplète ou lorsque la personne est trop fragile (récusée pour l’anesthésie générale) ou lorsqu’elle refuse l’examen. Mais ses utilisations pourraient se multiplier et une étude nationale (FAMCAP) vient de débuter en ce début 2018. Cette étude comparera l’intérêt de la coloscopie, du test immunologique et de la capsule chez les patients à haut risque ». En effet, la coloscopie a démontré son efficacité dans le dépistage des cancers du côlon. Il faut que la technique de vidéocapsule apporte progressivement les preuves de son efficacité préventive.

Polypes, la chirurgie perd du terrain

La technologie progresse à grands pas et le traitement des lésions précancéreuses que sont les polypes adénomateux est en pleine mutation. On a de moins en moins recours à la chirurgie (Colectomie qui consiste à enlever la partie du côlon où se trouve le polype ou le cancer) et de plus en plus aux techniques mini-invasives dont l’endoscopie. L’intervention est réalisée aujourd’hui en routine à l’aide d’un endoscope, tube souple introduit par les voies naturelles et qui retransmet des images en direct à l’opérateur. En plus d’explorer les parois du côlon et du rectum, elle permet d’exciser le polype ou le cancer. Cette exérèse (polypectomie) permet de réduire le risque de cancer de 70 à 90 % à 5 ans. La coloscopie est donc à la fois un examen de dépistage et de traitement des lésions.

Pr Frank Zerbib : « Les techniques d’endoscopie sont de plus en plus performantes, au point qu’il est souvent possible d’éviter la chirurgie même en cas de polype volumineux. La chirurgie reste cependant nécessaire pour les polypes trop volumineux ou dont l’aspect fait craindre la dégénérescence en cancer invasif, c’est-à-dire un cancer ayant infiltré en profondeur la paroi du colon ».

Hélène Joubert, journaliste.

D’après une interview du Pr Frank Zerbib, gastro-entérologue au CHU de Bordeaux, président du Conseil national professionnel d’hépato-gastroentérologie.

* Sondage 2016 Opinion Way pour le Conseil National Professionnel d'Hépato-gastroentérologie

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