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Trouble de l'attention et hyperactivité : cinq idées reçues sur le TDA/H

Publié le 19/10/17

Difficile de dépister les enfants ayant un trouble « déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité » (TDA/H), entre le risque de la stigmatisation et celui de laisser ces enfants en souffrance. Dépistage, prise en charge de ces enfants... comprendre le TDA/H permet d'éviter les nombreux écueils.

Tous les TDA/H ne se ressemblent pas

Le TDA/H est un syndrome de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité dû à un trouble du développement neurologique. Les enfants les plus difficiles à dépister sont ceux dont le syndrome est très discret car ils n'ont pas la composante "hyperactivité". Parmi les 3,5% des enfants de 6 à 12 ans qui auraient un TDA/H, 45 % d'entre eux présentent une dominante "trouble de l'attention", 36 % une dominante "hyperactivité-impulsivité" et 18 % une combinaison des deux (1).

Dr Dominique Girardon-Grichy, médecin généraliste à Montlignon (95) présidente du groupe de travail de la Haute Autorité de santé des recommandations TDA/H (2) : « Il faut avant tout repérer les trois critères spécifiques au TDA/H : impulsivité-hyperactivité-déficit de l'attention. Deux types de symptômes caractérisent le TDA/H : cognitifs (mémoire de travail, attention, concentration...) et comportementaux (hyperactivité et impulsivité). Ces signes doivent impérativement s'inscrire dans le temps (au moins 6 mois) et dans tous les moments de vie (école, sport, famille, etc.) ».

A Lire aussi : Syndrome de déficit de l'attention, hyperactivité : les adultes aussi !


Dépistage du TDA/H : 5 erreurs à ne pas commettre

  • Le diagnostic de TDA/H ne peut -en théorie- être posé avant l'âge de 6 ans, même s'il existe de très fortes présomptions. Avant cet âge, il est difficile de faire la part des choses entre un TDA/H et un cerveau encore immature (une maturation neurologique inachevée). Un TDA/H est censé se manifester avant l'âge de 12 ans.
  • Ne pas cataloguer des enfants hyperactifs comme mal-élevés dont les parents seraient démissionnaires et trop permissifs. C'est effectivement le cas de l'enfant hyperactif, mais uniquement dans le milieu familial. Un enfant peut aussi être hyperactif exclusivement à l'école du fait d'un trouble des apprentissages.
  • Ne pas se laisser abuser par un enfant qui peut rester calme, même pendant de longs moments. Cela ne va pas à l'encontre d'un diagnostic de TDA/H.

Dr Girardon-Grichy : « Attention, ça n'est pas parce que l'enfant sera calme et attentif pendant la durée de la consultation médicale qu'il ne souffre pas de TDA/H. Un enfant TDA/H est capable de se tenir tranquille lorsqu'il y a un échange à deux, en l'occurrence avec le médecin. L'attention de l'enfant est alors captée pour une durée limitée, même de 30 minutes. C'est aussi le cas avec les jeux-vidéos car ils sont conçus de telle manière qu'ils éliminent toute source de distraction. L'enfant reste concentré, en dépit de l'existence d'un trouble de l'attention ».

  • Ne pas prendre une dépression pour un TDA/H et vice versa. D'autres troubles peuvent mimer un TDA/H, comme la dépression ou un trouble anxieux. L'hyperactivité peut en effet se rencontrer chez les enfants dépressifs, mais dans ce cas-là les symptômes seront apparus soudainement, au contraire d'une hyperactivité due à un TDA/H, sous-jacente depuis plusieurs mois ou années.

L'hyperactivité se rencontre aussi dans les troubles envahissants du développement (TED). Ces désordres neurologiques sont caractérisés par une distorsion du développement global (interactions sociales, communication verbale ou non, comportements répétitifs, stéréotypés et restreints). Mais ce qui distingue les enfants TED des TDA/H est leur manque d'empathie et de relation aux autres.

  • Passer à côté des troubles associés (comorbidités). Les "troubles Dys", c'est-à-dire les troubles des apprentissages que sont la dyslexie et la dysorthographie pour les troubles spécifiques de l'acquisition du langage écrit, la dysphasie pour le langage oral, la dyspraxie pour développement moteur et/ou des fonctions visuo-spatiales ou la dyscalculie pour les activités numériques sont très souvent liés à un TDA/H. Aucune causalité n'a été élucidée à ce jour.

Parents et enseignants : la bonne attitude face à un enfant TDA/H

Un certain nombre d'enfants présentant un trouble de l'attention ont peu de retentissement sur leur vie scolaire, sociale et familiale. Ceux-là n'auront pas de prise en charge particulière hormis quelques conseils délivrés aux parents. Lorsque l'impact est plus préoccupant, la mise en oeuvre de mesures psychologiques, éducatives et sociales suffit le plus souvent et permet, dans au moins 80% des cas, de se passer des médicaments.

Dr Dominique Girardon-Grichy : « Des aménagements scolaires aident efficacement l'enfant, comme par exemple le placer devant le bureau du maître pour capter son attention, ne pas le mettre à côté d'une fenêtre, ne pas le priver de récréation parce qu'il n'a pas fini son travail car ces enfants ont besoin de se dépenser, utiliser ce besoin de bouger à des fins utiles (distribuer les cahiers etc.), enlever tous les distracteurs de la table, privilégier des activités plus brèves, l'autoriser à effacer ses nombreuses fautes d'inattention, délivrer les consignes une par une et de façon claire, reformuler, alterner les efforts et les détentes etc. Consignes identiques à la maison où les devoirs requièrent un environnement calme, ordonné, sans distracteur ».

Les enfants et les familles peuvent recourir à des psychothérapies classiques, à des psychothérapies dynamiques familiales et à la psychomotricité*.

Au sein des thérapies cognitivo-comportementales, il existe un « Programme d'entraînement aux habiletés parentales de Barkley » :

Aux signes classiques de TDA/H s'ajoutent souvent une fluctuation imprévisible des émotions, une intolérance à la frustration et une difficulté à respecter les règles et les consignes familiales, sociales ou scolaires. D'où des relations conflictuelles entre les parents et l'enfant. « En réaction à des enfants plus revendicatifs, défiants et exigeants, les parents deviennent directifs, critiques et coercitifs, explique Stéphan Renou, du Service de psychopathologie de l'enfant, hôpital Robert-Debré (Paris). Au final, il y a un risque de baisse d'estime de l'enfant TDA/H déjà fragile, ainsi qu'une détresse et une incompétence ressentie par les parents. Le Programme Barkley en 10 étapes s'adresse spécifiquement aux parents, en groupe fermé de quinze à vingt personnes, à raison de dix séances de 90 minutes, généralement bimensuelles ».

TDA/H : Faut-il craindre la Ritaline® ?

Le méthylphénidate, principe actif de plusieurs médicaments donné en cas de TDA/H dont le plus connu est la Ritaline®, ne mérite pas sa mauvaise réputation. Il stimule certaines régions du cerveau et lutte contre l'endormissement (c'est un psychostimulant, une amphétamine sans en être une). Alors que chez le sujet normal il va induire une excitation, une agitation, une irritabilité et empêcher le sommeil (comme les amphétamines), chez la personne TDA/H, il procurera une amélioration de l'agitation physique (hyperactivité), de la concentration, de l'écoute, de l'impatience et de l'impulsivité. Au rang des effets indésirables les plus courants (10% des cas), la nervosité, les insomnies d'endormissement et les maux de tête. 

Dr Dominique Girardon-Grichy : « En France, parmi les 3 à 5 % des enfants TDA/H, seuls 10 % reçoivent un traitement médicamenteux par méthylphénidate prescrit après échec d'une prise en charge non médicamenteuse. Aux Etats-Unis c'est de l'ordre de 20%. En France, il est délivré au compte-goutte entre 6 et 18 ans (parfois à l'âge adulte) et seuls les médecins psychiatres ou pédiatres ayant une vacation hospitalière peuvent initier le traitement. Ils doivent être revus une fois par an en consultation hospitalière et chaque mois par leur médecin traitant (surveillance du poids, de la taille, de la pression artérielle, interrogatoire sur les effets secondaires). Les médecins généralistes suivent 80% des enfants TDA/H ».

Le méthylphénidate rend-il les enfants TDA/H "addicts" ?

Parmi les idées fausses figure celle que le méthylphénidate rendrait les enfants addicts. Le traitement chez l'enfant TDA/H est le plus souvent interrompu le week-end et pendant les vacances scolaires et il n'apparaît de phénomène de dépendance ni d'accoutumance ; seuls les symptômes réapparaissent.

Une étude a même souligné que les enfants sous méthylphénidate par le passé auraient moins tendance à être addict aux drogues (3), en dehors du haschisch que les enfants et adolescents TDA/H sont plus susceptibles de fumer pour ses vertus apaisantes. L'adulte TDA/H pourra chercher dans le méthylphénidate une excitation artificielle, c'est pourquoi il est classé dans les "stupéfiants" en France, d'où les règles administratives qui encadrent sa prescription.

Une autre idée souvent rapportée est que le méthylphénidate rendrait les enfants plus intelligents et performants. En réalité, ça va juste permettre à ceux qui ont un trouble de l'attention de pouvoir exprimer leurs capacités.

Pour en savoir plus http://www.tdah-france.fr/
Source : e-santé

 

Hélène Joubert, journaliste scientifique

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