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Infarctus du myocarde : les règles d'or pour le prévenir chez la femme

Publié le 06/02/18

 

L'infarctus du myocarde ne frappe pas au hasard. Comme l'ensemble des maladies cardiovasculaires, il est de moins en moins l'apanage des femmes ménopausées, passé la soixantaine ; il progresse chez les jeunes femmes qui paient au prix fort leur nouveau mode de vie à risque. L'infarctus du myocarde est devenu une affaire de femmeL'urgence est bien là : de plus en plus de femmes jeunes - de moins de 60 ans- sont touchées par l'infarctus du myocarde (registres français FAST MI.) Le nombre d'hospitalisations a tout particulièrement progressé chez les 45-54 ans. En unité de soins intensifs, la part des femmes hospitalisées pour infarctus est passée de moins de 10% en 1995 à plus de 20% en 2010. La crise cardiaque chez la femme de moins de 50 ans a triplé ces 15 dernières années : c'est devenu la première des causes de décès cardiovasculaires chez la femme.Les oestrogènes ne sont pas tout-puissantsL'idée tenace que leurs hormones féminines les protègent, envers et contre tout, leur porte préjudice : cet effet protecteur des estrogènes est battu en brèche par l'hygiène de vie à risque et certaines maladies comme le diabète. Or les femmes sont de plus en plus nombreuses à adopter des comportements risqués : 28% des femmes fument et au moins 60% des infarctus du myocarde  chez la femme de moins de 60 ans sont attribuables au tabac. Quant à l'obésité, c'est dans la tranche d'âge 18-25 ans qu'elle a le plus augmenté et les femmes ont dépassé les hommes : 15,7% contre 14,3% ! (Enquête Obepi 2012).Pr Mounier-Vehier, chef de service de cardiologie au CHRU de Lille : « Si, avant 50 ans, les femmes n'ont pas de facteurs du risque, alors elles sont effectivement protégées par leurs oestrogènes dont l'action est à la fois antiagrégante plaquettaire (empêche les caillots sanguins responsables des thromboses), vasorelaxante et antiproliférative (l'artère ne va pas s'hypertrophier). Les oestrogènes naturels favorisent le bon métabolisme du cholestérol et protègent du diabète. Mais tout change à la ménopause, et leur risque rejoint en quelques années à peine celui de l'homme, voire le dépasse. Car la femme cumule les handicaps : ses artères sont plus petites que celles des hommes et plus sensibles aux effets toxiques du tabac et du cholestérol, du diabète mais aussi du stress. De plus, chez la femme, les plaques d'athérome se développent plutôt vers l'intérieur de l'artère ; celle-ci se bouche d'autant plus rapidement ».Privées de leurs oestrogènes, elles vont développer le fameux « syndrome métabolique de la ménopause » avec une obésité abdominale favorisant la synthèse de mauvais cholestérol (le LDL cholestérol), de l'inflammation et provoquant aussi une résistance à l'insuline, le premier pas dans la maladie diabétique. Le syndrome métabolique est un véritable accélérateur de la maladie vasculaire athéromateuse (constitution de plaques d'athérome). Portrait-robot de la femme à risque d'infarctus du myocardeTout symptôme de la "sphère cardiovasculaire" chez une femme ayant au moins un facteur de risque doit motiver des examens cardiologiques. Ces marqueurs de risque peuvent être :Une hypertensionL'une, voire plusieurs, des composantes du « syndrome métabolique », c'est à dire un surpoids au niveau du ventre (androïde), une obésité (indice de masse corporelle>30 kg/m2), une glycémie à jeun à la limite du diabète (100 mg/dL) et un bilan lipidique perturbé (triglycérides et/ou taux de HDL cholestérol élevés).Dr Christelle Diakov, cardiologue, unité Cardiologie médicale et interventionnelle (Institut Mutualiste Montsouris) : « Trois types de femmes sont particulièrement à risque : la femme jeune (35-50 ans) qui aurait des antécédents familiaux de maladie coronarienne (angor, insuffisance cardiaque), qui fumerait et prendrait une contraception oestroprogestative (ce type contraceptif est pro-thrombogène). La contraception favorise en effet les perturbations métaboliques qui peuvent conduire au dépôt des plaques sur les artères (athérome) mais aussi la thrombose au niveau de ces plaques (l'infarctus) avec un taux élevé de mauvais cholestérol (LDL cholestérol) non diagnostiqué.Mais le risque d'infarctus du myocarde est encore plus important chez les femmes en post-ménopause, généralement entre 5 à 10 ans après, vers 60-70 ans, avec une hypertension artérielle (traitée ou non), un éventuel surpoids ou un diabète de type 2.Il ne faut pas oublier les femmes enceintes, surtout après 35 ans du fait d'un sur-risque d'hypertension, en surpoids et qui fument, elles courent un fort risque d'infarctus. »7 consignes pour protéger son coeur et ses artèresLa prévention de l'infarctus du myocarde et des maladies cardiovasculaires en général fait appel au bon sens :Surveiller son poids mais surtout son tour de taille, lequel est déterminant dans les problèmes métaboliques (diabète etc.) et ne pas dépasser le 80 cm pour les femmes (IDF 2005).Privilégier une bonne hygiène de vie alimentaire. Diversité et parcimonie sont les mots d'ordre. Adopter une alimentation comprenant 5 fruits et légumes, de type méditerranéen c'est-à-dire utiliser l'huile d'olive comme corps gras et préférer les poissons, légumes, légumineuses, noix, graines et produits céréaliers complets aux oeufs, fromage, viande rouge etc. Limiter l'apport en sel (à table et dans les aliments préparés) avec pour objectif 6,5 g/jour chez les femmes.Boire moins de deux unités d'alcool quotidiennes (1 verre de vin rouge).S'adonner à une activité physique en misant plutôt sur la durée plutôt que la puissance (au moins 20 minutes deux fois par semaines d'une activité continue comme marcher à pas vifs, nager etc.).Soigner son sommeil et réduire son stress.Bannir la cigarette et encore plus après 35 ans si l'on est sous contraceptif ostrogénique. Faire un bilan cardiovasculaire (dosage du cholestérol, bilan lipidique complet, glycémie à jeun, pression artérielle en cabinet médical) chez toute femme avec des symptômes cardiovasculaires et de toute façon après 45 ans pour celles qui souhaitent reprendre une activité sportive. A partir de la ménopause chez la femme, répéter les bilans tous les trois ans en cas de facteur de risque comme un diabète ou des anomalies du bilan lipidique.

Source : e-santé

Hélène Joubert journaliste scientifique 

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