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Activité physique et santé, quoi de neuf ?

Publié le 06/02/18

Les connaissances sur l’activité physique et les bienfaits d’une pratique régulière et soutenue ne sont pas immuables. La recherche avance et certains conseils sont parfois recadrés voire même remis en cause. La preuve en cinq exemples issus de la littérature scientifique la plus récente.

 

Activité physique : toujours plus

150 minutes de marche rapide par semaine ou 75 minutes de course à pied? est-ce bien suffisant ? Ces conseils émanent de l’éminente instance mondiale de la santé : l’OMS. Pour autant, certains scientifiques remettent en cause ce minimum d’activité physique hebdomadaire correspondant à 600 MET minutes (Metabolic Equivalent of Task), au prétexte qu’elle serait loin d’être suffisante pour lutter contre les conséquences néfastes d’un manque d’activité à savoir les cancers du sein et du côlon, le diabète, certaines maladies cardiovasculaires (cardiopathies ischémiques) et les accidents vasculaires cérébraux. En s’appuyant sur 174 études, ils ont repéré un effet-dose du sport sur la santé. Pour être réellement efficace sur ces cinq risques, il faudrait au minimum multiplier par six ces préconisations (1). Prenons l’exemple du diabète. Suivre les recommandations de l’OMS réduit le risque de diabète de 2%. En revanche, augmenter son activité à 3 600 MET minutes par semaine permettrait de le réduire de 19% et un gain maximal pourrait être obtenu pour une activité physique allant de 3 000 à 4 000 MET hebdomadaires. Au delà, le gain serait plafonné. Toutes les maladies ne sont pas logées à la même enseigne : s’activer à 8 000 MET minute/semaine ou plus permettrait de réduire son risque de cancer du sein de 14% contre 21% pour le cancer du côlon, 28% pour le diabète, 25% pour les cardiopathies ischémiques et 26% pour les AVC. A vos baskets !

Risque de décès : tous les sports ne se valent pas

Du point de vue du risque de décès, mieux vaut pratiquer le cyclisme, la natation, l’aérobic et les sports de raquette plutôt que la course et le football. Une vaste étude internationale a classé les pratiques sportives selon leur bénéfice en matière de survie, en se fondant sur l’analyse des disciplines pratiquées par près de 80 000 adultes de plus de trente ans (2). Le tennis, le squash ou le badminton sont les champions toutes catégories car ils réduisent le risque de décès toutes causes confondues de 47% et la mortalité cardiovasculaire de 56%. Ces risques sont abaissés respectivement de 28% et 41% pour la natation et de 27% et 36% pour l’aérobic. Petit score pour le cyclisme qui ne réduit « que » de 15% la mortalité toutes causes. Un constat à ne pas prendre au pied de la lettre : toute activité physique et toute initiative pour lutter contre la sédentarité est bénéfique pour la santé, cardiovasculaire et générale ; ne laissez donc pas tomber un sport pratiqué avec enthousiasme. Néanmoins, cette étude a le mérite de souligner qu’il n’y a pas que la durée et l’intensité qui comptent ; le type d’activité aussi !

Plus musclé ? Plus de protéines ?

Les individus ayant une masse musculaire supérieure nécessitent-ils forcément une ration plus fournie de protéines que les autres ? C’est en tous cas le message actuel en matière de nutrition sportive. Un essai écossais vient contredire ce dogme car il n’a pas retrouvé de différence de réponse aux protéines au niveau de la croissance musculaire en fonction du gabarit du sportif, après un entraînement identique (3). « Que les athlètes ayant le plus gros gabarit nécessitent plus de protéine est une hypothèse et une idée couramment admise et les recommandations actuelles en découlent », commentait le Pr Kevin Tipton de la Faculté des sciences de la santé et du sport à l’Université de Sterling dans sa publication. Or, il semble bien que c’est plutôt la force musculaire sollicitée lors de l’entraînement ? et donc le type d’activité physique- qui entre en ligne de compte pour estimer la quantité de protéines dont nos muscles ont besoin après une séance d’entraînement ».

Yoga contre hypertension

Les bienfaits du yoga sur le corps et l’esprit s’accumulent. Voici un argument supplémentaire : une heure par jour de yoga préviendrait l’apparition d’une hypertension chez des personnes en situation de pré-hypertension, dixit une étude indienne (4). Trois mois de yoga associé à des modifications du mode de vie se sont révélés plus efficaces que les modifications hygiéno-diététiques seules. Sur la pression artérielle, ces dernières n’ont eu aucun effet. En revanche, la pression artérielle sur 24 h a été réduite de 4,9 mmHg en moyenne grâce au yoga, ce qui est loin d’être modeste. En effet, par exemple, 2 mmHg en moins équivaut à une réduction de 15% du risque d’AVC et de 6% de maladie des artères coronaires. Attention aux raccourcis ! Ces données ? constatées chez des personnes qui sont à la limite de devenir hypertendues mais qui ne le sont pas - ne signifient absolument pas qu’il faille substituer le yoga aux médicaments antihypertenseurs chez les personnes déjà diagnostiquées comme hypertendues. Selon ces données, la pratique du yoga peut agir sur la tension artérielle.

Toute activité physique est bonne à prendre chez les seniors

Quinze minutes de marche rapide chaque jour, chez les personnes de plus de 65 ans, cela semble peu et pourtant cela réduit de 22% leur risque de décès comparé à l’inactivité totale. Ce résultat a été obtenu par le CHU de Saint Etienne sur une cohorte française de plus de 1000 personnes suivies pendant 12 ans, mais aussi à partir d’une autre cohorte internationale de plus de 120 000 personnes. Plus le niveau d’activité physique était élevé, plus le risque de décès était faible. Les plus actifs réduisait leur risque de mourir de près de 35%.

 

Hélène Joubert, journaliste scientifique

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