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Les papillomavirus humains en 10 questions

Le papillomavirus humain (HPV) est un virus fréquent chez l’homme et la femme. La majorité des HPV est responsable de simples verrues vulgaires ou génitales (condylomes). Néanmoins, certaines souches de papillomavirus sont à l’origine de différents types de lésion pouvant évoluer vers un cancer. Tout savoir sur cet as du camouflage en dix questions/réponses, à l’occasion de la 12ème semaine européenne de prévention du cancer du col de l’utérus, du 28 janvier au 3 février 2018.

Publié le 21/02/18

Combien existe-t-il de souches d’HPV ?

180 variétés – des génotypes, numérotés afin de les identifier - de papillomavirus humains ont été répertoriées. La plupart des hommes et des femmes ayant une activité sexuelle sera infectée par le HPV au cours de sa vie. Certains le seront même à plusieurs reprises, par des génotypes viraux différents. 32% des femmes de 18 à 25 ans sont porteuses d’un HPV au sein de leurs voies génitales. 13 HPV sont considérés comme les plus cancérogènes. Les plus redoutables sont les HPV 18 et surtout 16. Les HPV 6 et 11 sont eux aussi à l’origine de cancers mais le risque est bien plus faible. 5 700 nouveaux cas de cancer par an en France sont liés à des papillomavirus humains. Ceux-ci sont impliqués dans la presque totalité des cancers de la marge anale (pourtours de l’anus), du col de l’utérus (4500 nouveaux cas et 1500 décès par an) et de la vulve, dans près de la moitié des cancers de la gorge et dans près d’un tiers des cancers du pénis. Les lésions induites par le HPV passent souvent inaperçues, sans aucun symptôme. D’où le risque de les découvrir au stade précancéreux ou de cancer.

Où siègent les HPV dans le corps humain ?

Une quarantaine de génotypes d’HPV sur les 180 connus a une prédilection pour les zones génitales (muqueuses, organes sexuels externes et leur périphérie).

Quel est le risque de cancer de la gorge et des voies oropharyngées avec le HPV ?

Le cancer de la gorge est parfois dû à la pratique du cunnilingus. Présent dans les voies génitales, le HPV peut alors contaminer la muqueuse oropharyngée au cours du sexe oral. 40 à 46% des cancers de l’oropharynx sont d’ailleurs provoqués par l’infection au HPV. La souche HPV 16 est pointé du doigt. Particulièrement cancérigène, elle est retrouvée dans 60 à 90% des cancers de l’utérus et dans presque tous les cancers de l’oropharynx dus au HPV.

Quel est le risque de cancer dû au HPV chez l’homme ?

Chez l’homme, 96% des cancers de la marge anale et 33% des cancers du pénis sont dus à un HPV. La présence de verrues génitales (condylomes ou « crêtes de coq »), bénignes, est néanmoins instructive. En effet, le risque d’avoir été infecté aussi par un HPV oncogène c’est-à-dire à l’origine de cancer, est alors plus élevé. Cela multiple par 21 le risque de développer un cancer anal, par 8 un cancer du pénis et par 3 un cancer de la gorge.

Si l’on découvre des lésions précancéreuses chez une femme au niveau du col de l’utérus, quel est le risque de lésions sur la verge de son partenaire ?

Lorsque l’on repère des lésions dysplasiques (altération de l'architecture et de la fonction d'un tissu cellulaire, première étape vers un cancer potentiel) chez une femme au niveau du col de l’utérus, il existe dans 40% des cas chez l’homme des lésions dues au HPV au niveau de la verge. Celles-ci peuvent passer totalement inaperçues. D’où l’intérêt d’un bilan « infections sexuellement transmissibles » (IST) classique (VIH, VHB, VHC, syphilis, chlamydia …) chez les deux partenaires, complété par un examen approfondi des zones génitales.

Le préservatif arrête-t-il le HPV à coup sûr ?

Les infections à HPV sont les seules infections sexuellement transmissibles qui peuvent être transmises lors d’un rapport sexuel protégé. Furtif, ce virus très petit (55 nanomètres de diamètre) passe partout, même au travers du latex ou du polyuréthane du préservatif. Comme le virus est aussi présent sur l’ensemble de la zone génitale, la pénétration n’est d’ailleurs pas forcément nécessaire ; des attouchements suffisent bien souvent à transmettre ce virus. C’est pour cette raison que les contaminations se font tôt dans la vie, déjà lors des caresses intimes chez les adolescents. Dans plus de 60% des cas, l’infection initiale (primo-infection) par un virus HPV a lieu dans les mois ou les toutes premières années suivant le premier rapport sexuel.

Quel laps de temps entre la contamination et la manifestation des lésions ?

Le HPV est un as du camouflage. Les antigènes du virus sont présents en permanence mais à des taux faibles. C’est pourquoi le virus peut passer inaperçu et être toléré par le système immunitaire de l’homme. Un test sanguin ne sert à rien puisque le HPV se dissimule. Un prélèvement local est plus adapté. Sans virémie (présence de virus ou de particules virales dans le sang), les cellules protectrices ne flairent pas le danger et ne le détruisent pas. Ce qui lui permet en toute impunité de s’introduire dans l’ADN des cellules de l’homme, lesquelles évolueront potentiellement vers des lésions précancéreuses. Le laps de temps entre la contamination et le déclenchement des lésions se compte en semaines et surtout en années. Un cancer du col de l’utérus met 15 à 20 ans avant de se développer. A savoir. La disparition spontanée du virus après contamination ("clearance") est de l’ordre de 90% à un an ! En revanche, si l’infection persiste plus de deux ans, le risque de lésions précancéreuses de haut grade (celles qui ont une plus forte probabilité d'évolution vers un cancer invasif) est de l’ordre de 40 à 50%.

Quel est l’impact du frottis chez la femme ?

Il est recommandé tous les 3 ans chez toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans (après 2 frottis normaux à 1 an d’intervalle), que les femmes soient vaccinées ou non. l est recommandé tous les 3 ans chez toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans (après 2 frottis normaux à 1 an d’intervalle), que les femmes soient vaccinées ou non. l est recommandé tous les 3 ans chez toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans (après 2 frottis normaux à 1 an d’intervalle), que les femmes soient vaccinées ou non. Le frottis cervico-utérin est recommandé tous les trois ans chez toutes les femmes âgées de 25 à 65 ans (après 2 frottis normaux à 1 an d’intervalle), que les femmes soient vaccinées ou non. Or, 48 % des femmes entre 50 à 65 ans ne réalisent pas de frottis (contre 33 à 35 % dans les classes d’âges précédentes). Dans le cadre du 3ème plan cancer 2014-2019, le dépistage organisé va être généralisé en 2018, afin de permettre à l’ensemble des femmes de 25 à 65 ans un accès à un dépistage régulier du cancer du col de l’utérus. En 20 ans, grâce au prélèvement, le nombre de cancers du col de l’utérus a été divisé par deux, ainsi que le nombre de décès. Attention, un cancer du col de l’utérus sur quatre fait suite à un frottis anormal dont le suivi a été incomplet. C’est l’un des seuls cancers pour lesquels le pronostic se dégrade en France, avec un taux de survie à 5 ans, en diminution. 24 000 lésions précancéreuses et 50 000 verrues génitales sont prises en charge chaque année en France.

La vaccination des jeunes filles est-elle efficace ?

Déjà, plusieurs études de grande ampleur ont établi l’absence de lien entre vaccination anti-HPV et maladies auto-immunes ou neurologiques graves. Le bénéfice de la protection par le vaccin contre le HPV semble bien réel. En Australie, où la couverture vaccinale est de 70% chez les jeunes filles, la prévalence du HPV a chuté de 77% chez elles, les verrues génitales de 93% et les anomalies de haut grade du col de l’utérus de 46%. Les garçons ont tiré parti de la vaccination des filles puisque l’"immunité de groupe" a réduit de 12% le nombre de condylomes chez eux. D’où l’idée qui suit son chemin en France de recommander la vaccination chez les garçons. L’étude française P020 a montré que le vaccin chez les garçons réduit la survenue de condylome (-89%) et le risque de cancer anal (-77%). Mais on n’en est pas encore là, la couverture vaccinale française des filles atteignant à peine les 20% ! A noter, depuis 2016, le Haut Conseil de la Santé publique recommande la vaccination chez les hommes ayant des rapports avec les hommes.

Où en sont les vaccins « thérapeutiques » ?

La recherche avance et des pistes sont prometteuses, en particulier celle d’une équipe américaine dévoilée en 2015. Un vaccin chez des femmes présentant une « néoplasie cervicale intra-épithéliale » (longue période de la maladie avant l’invasion de l’épithélium par les cellules cancéreuses) a permis de faire régresser les lésions voire même un retour à la normale chez 48,2% d’entre-elles contre 30% chez celles du groupe placebo.

Merci au Dr Charlotte Methrost, chirurgien urologue et membre du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’Association Française d’Urologie (AFU).

Hélène Joubert, journaliste

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