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Tests d’autodiagnostic : sont-ils utiles ou faut-il s’en méfier ?

Publié le 13/11/19

Du diagnostic d’infection urinaire à celui des allergies, en passant par le cholestérol, le cancer colorectal, le tétanos ou l’intolérance au gluten, une vingtaine de "tests d’orientation diagnostique" sont désormais en vente libre sur les comptoirs des pharmacies. Mais si ces produits participent à la prévention ou au dépistage précoce, tous ne se valent pas. Prudence : la prévention est un acte médical qui doit être accompagné par un professionnel de la santé.

Qu’est-ce qu’un autotest ?

Le test de grossesse est l’ancêtre des autotests. Récemment, de nombreux tests d’orientation diagnostique sont apparus en bonne place dans les officines et promettent de tout nous dire sur notre état de santé. A tel point qu’en 2018, l’Académie nationale de Pharmacie s’est emparée du sujet à la demande de la Direction Générale de la Santé. Le bilan est mitigé. Selon l’immunologiste et virologue Liliane Grangeot-Keros, l’experte qui a conduit ce rapport, « peu d’autotests peuvent se vanter d’une utilité médicale ».
Concrètement, les autotests sont des « dispositifs médicaux de diagnostic in vitro ». Certains sont utilisables à domicile, en dehors d’un suivi médical et sont vendus sans ordonnance. Leur vocation est de donner une orientation sur un état physiologique ou pathologique. « Mais attention, certains sont utiles, d’autres ont un faible intérêt ou sont même à éviter, met en garde Liliane Grangeot-Keros. Pour tous, afin d’établir un diagnostic, leurs résultats doivent être confirmés par des examens réalisés en laboratoire de biologie médicale ».
De plus, leurs performances ne sont généralement pas équivalentes à celles des examens biologiques en laboratoire, prévient l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Pour s’y retrouver, l’Académie nationale de Pharmacie a classé les autotests selon leur pertinence médicale et la fiabilité de leurs informations. Nous reproduisons ici le classement élaboré par les spécialistes et validé par Liliane Grangeot-Keros.
Tous les tests diagnostic ou de dépistage doivent être évalués :

  • Ont-ils un intérêt en termes de morbi-mortalité ?
  • Quels sont leur spécificité (mesure la capacité d'un test à donner un résultat négatif lorsque la pathologie est réellement absente) et leur sensibilité (mesure sa capacité à donner un résultat positif lorsque la maladie est réellement présente). En pratique, il faut connaître avant les faux négatifs et les faux positifs : faussement rassurant – faussement inquiétant.
Quels sont les autotests utiles ?

Test de grossesse : Cet autotest urinaire est fiable à 99 % dès la date présumée des règles, par le dosage de l’hormone hCG (hormone chorionique gonadotrope).

Autotest VIH : Il détecte de façon très sensible une infection dans le sang par le virus du sida datant de plus de trois mois. A confirmer par d’autres tests en laboratoire de biologie médicale.

Autotest infection urinaire : C’est un test rapide par bandelettes urinaires qui repère la présence de globules blancs et de nitrites. Il peut être utile, notamment chez les femmes sujettes aux cystites à répétition, lorsque les symptômes ne sont pas « francs ».

Autotest de l’albumine : Cet autotest détecte la présence d’albumine dans les urines, afin de dépister un éventuel problème rénal. Utile en l’absence de symptômes, chez des personnes à risque (terrain familial etc.).

Autotest tétanos : Ce test sanguin révèle l’absence ou la présence d’anticorps protecteurs contre le tétanos. Il peut s’avérer utile en cas de plaie susceptible d’avoir été contaminée par la bactérie Clostridium tetani (plaie souillée de terre, par exemple), pour savoir si une vaccination est nécessaire.

Quels sont les autotests dont l’ « intérêt est limité » ?
L’utilité (« pertinence clinique ») de ces autotests est partiellement validée et faible. De plus, ils sont susceptibles d’interprétations erronées par l’usager.

Autotest Cholestérol total : Ce test rapide sanguin détermine une concentration de cholestérol total élevé. Dixit le rapport, il est cependant insuffisant pour évaluer le risque cardiovasculaire qui requiert des concentrations de cholestérolémie totale plus précises, le dosage des triglycérides et d’autres paramètres. Une consultation médicale s’impose.

Autotest Ferritininémie : Ce test sanguin rapide révèle une concentration basse en ferritine, caractéristique d’une carence potentielle en fer. Attention aux taux faussement élevés (en cas d’état inflammatoire), ou bas (menstruations). D’autres analyses permettent de réaliser un bilan biologique plus précis de la carence en fer.

Autotest Thyroïde : C’est un test sanguin mesurant le niveau de l’hormone de stimulation de la thyroïde (TSH). Son augmentation fait suspecter une hypothyroïdie. S’il est utile en présence de symptômes évocateurs (faiblesse, troubles de la mémoire, frilosité…), un bilan biologique plus précis est indispensable.

Autotest de ménopause : Ce test urinaire évalue la concentration de l’hormone folliculostimulante (FSH) qui augmente au moment de la ménopause (> 25 UI/litre). Mais sa concentration est très fluctuante…

Autotest d’ovulation : Il détecte la concentration urinaire de l’hormone lutéinisante humaine (LH) qui déclenche l’ovulation dans les 24 à 40 heures (> 30 UI/litre). A réaliser au moment du pic sanguin pressenti de LH, précédant immédiatement le pic urinaire de LH. Néanmoins, le cycle menstruel pouvant être irrégulier, il est difficile pour certaines femmes d’estimer approximativement à quel moment il faut pratiquer le test.

Quels sont les autotests déconseillés ?
Leur utilité clinique n’est pas validée hors du contexte d’un examen médico-biologique par le médecin. Ils peuvent aussi présenter un risque pour l’usager, en le rassurant ou au contraire en l’inquiétant à tort.

Autotest PSA : Cet autotest sanguin évalue la concentration de l’antigène PSA, dans le but de dépister un cancer de la prostate. En réalité, son interprétation est très délicate et une consultation médicale s’impose avant de procéder à tout dosage de PSA, qui sera ensuite réalisé en laboratoire d’analyses médicales.

Autotest IgE totales (allergie) : Ce test sanguin détecte une éventuelle augmentation des anticorps immunoglobulines E. Or, ce dosage n’a pas d’intérêt médical prouvé dans le cadre d’un dépistage d’une allergie.

Autotest anticorps anti-Borrelia : Cet autotest détecte dans le sang – avec des qualités variables en fonction des tests - les anticorps IgM spécifiques des Borrelia, les bactéries responsables de la maladie de Lyme. Or, l’interprétation de ce test est très complexe. Le diagnostic repose sur des données cliniques et des analyses biologiques en laboratoire de biologie médicale.

Autotest du cancer colorectal : Attention, ce test rapide de détection de sang non visible dans les selles n’est pas celui qui est utilisé par l’Institut national du cancer (Inca) dans le cadre du dépistage généralisé. L’Inca propose un dispositif d’auto-prélèvement de selles à domicile, analysé ensuite en laboratoire.

Autotest Infection bactérienne dans l’estomac : Ce test sanguin rapide détecte des anticorps fabriqués par l’organisme pour se défendre contre le bacille Helicobacter pylori impliqué dans les ulcères et le cancer gastriques. Cependant, en cas de suspicion d’infection à H. pylori, le gastro-entérologue privilégie la réalisation d’une endoscopie de l’estomac, complétée par des prélèvements pour analyses anatomopathologique et bactériologique.

Autotest Intolérance au gluten : Ce test sanguin rapide détecte des anticorps anti-transglutaminase, présents uniquement en cas d’une affection qui peut être grave : la maladie cœliaque (1% de la population). Le terme flou d’« intolérance au gluten » regroupe la maladie cœliaque mais aussi l’allergie au blé et la sensibilité non cœliaque au gluten. Difficile donc de s’y repérer. De plus, un résultat positif ne prouve pas une maladie cœliaque, qui doit être confirmée par une biopsie de l’intestin grêle.

5 règles pour bien choisir un autotest (selon l’ANSM)
  • Utiliser uniquement des autotests marqués CE (même si cela ne garantit pas leurs performances)
  • Acheter les autotests seulement dans les pharmacies d’officine ou sur leurs sites internet
  • Lire et respecter attentivement la notice d’utilisation Rester vigilant au vu des résultats obtenus
  • Ne pas hésiter à demander conseil à un professionnel de santé, pharmacien ou médecin
Signaler tout incident à l’ANSM : reactovigilance@ansm.sante.fr ou signalement-sante.gouv.fr

Par Hélène Joubert, journaliste. Merci à Liliane Grangeot-Keros, immunologiste et virologue pour ses explications et sa validation de l’article.

 

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