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Tout ce qu’il faut savoir sur le don du vivant

Publié le 11/12/19

 

Le don d’organes de son vivant concerne essentiellement le rein. Il est en effet possible de vivre bien avec un seul rein. La pratique du don de rein de son vivant, peu connue, est très encadrée. Toute personne majeure vivante, volontaire et en bonne santé peut donner un rein, dans les conditions définies par la loi de bioéthique. Explications.

La greffe de rein, le traitement de choix de l’insuffisance rénale chronique

Les personnes souffrant d’une insuffisance rénale terminale n’ont pas d’autre solution que la dialyse, un traitement lourd. Les techniques d’épuration extra-rénales, plus communément appelées dialyse, pallient le mauvais fonctionnement des reins en éliminant de l’organisme les déchets (urée, créatinine, acide urique, toxines liées à une protéine...) et l’excès d’eau.
Elles permettent d’épurer le sang en cas d’insuffisance rénale chronique terminale (de stade 5), c’est-à-dire lorsque le rein fonctionne à moins de 15 % de ses capacités.

Le nombre de greffes rénales augmente, année après année En 2017, 3 615 greffes rénales ont été réalisées en France, dont 17 %, soit 611, à partir d’un donneur vivant. Ce taux reste encore très inférieur à ceux d’autres pays : la greffe de donneurs vivants représente 24% de l’ensemble des transplantations rénales en Autriche, 31 % au Royaume-Uni, 32% en Suède, ou encore 57 % aux Pays-Bas.
Mais il ne faut pas idéaliser la transplantation rénale. Si elle permet le retour à la vie sociale et
à une condition physique normale ou quasi normale, c’est au prix d’un traitement médicamenteux lourd, à vie. Quoi qu’il en soit, la greffe de rein est le seul traitement qui permet de guérir définitivement l’insuffisance rénale. Or, il faut souvent attendre plusieurs années avant de pouvoir être greffé d’un rein provenant d’un donneur décédé. Le recours à un donneur vivant permet de raccourcir cette période de dialyse, voire de l’éviter.

Les bons résultats de la greffe rénale à partir de donneur vivant

Les risques pris par le donneur sont très faibles, tandis que pour le receveur, les avantages du don du vivant sont considérables, puisque ce sont les greffes qui fonctionnent le mieux et le plus longtemps : environ 75 % des greffons prélevés sur donneur vivant sont encore fonctionnels dix ans après la greffe. Lorsque le donneur est un frère ou une sœur parfaitement compatible (une chance sur quatre), cette excellente compatibilité permet d’alléger le traitement anti-rejet et d’améliorer encore plus les résultats à très long terme.

Une quinzaine de greffes de lobe de foie par an

Les transplantations à partir d'un donneur vivant sont presque exclusivement des transplantations rénales. Avec seulement une quinzaine de transplantations par an en France, le don d'un lobe de foie (hépatique) est néanmoins une possibilité. La greffe est préconisée en cas de cancer du foie, localisé à cet organe. Le foie étant un organe capable de régénération rapide, la masse hépatique totale du donneur se reconstitue en l’espace de deux mois.
Les chirurgiens prélèvent un bout de foie du donneur le plus petit possible, qui représente environ un tiers de l'organe, afin de réduire le risque de complications. Dans le cas du cancer du foie, la greffe change totalement le pronostic vital des patients. Avant opération, l'espérance de vie est d'environ deux ans alors qu'avec la greffe, le taux de survie est de 80 % à cinq voire dix ans.

Qui peut donner un rein ?

La loi de bioéthique du 7 juillet 2011 a élargi le cercle des donneurs vivants d’organes qui peuvent être : le père ou la mère et, par dérogation, un fils ou une fille, un frère ou une sœur de la personne en attente de greffe (le receveur), mais aussi son conjoint, ses grands-parents, oncles ou tantes, cousins germains et cousines germaines ainsi que le conjoint du père et de la mère. De plus, toute personne étant en mesure de prouver une vie commune ou un lien affectif et stable de deux ans au minimum avec le receveur peut lui donner un rein.

Quelles sont les conditions pour donner un rein ?

Le candidat au don fait l’objet d’un bilan médical complet comportant des examens cliniques, radiologiques et biologiques. Les médecins s’assurent qu’il n’est pas porteur de certaines maladies transmissibles et qu’il est apte à subir une intervention chirurgicale.
La règle fondamentale de la sélection des donneurs vivants potentiels est la recherche de la meilleure compatibilité possible entre un donneur et un receveur de rein.
A cette fin, l'équipe médicale va s'assurer de la compatibilité des groupes sanguins ABO entre les deux personnes. Le risque pour un couple donneur-receveur non apparentés (époux, amis) d’être incompatible au niveau du groupe sanguin est estimé autour de 36 %. La compatibilité HLA va également être examinée au moyen de tests immunologiques. Le système HLA (« human leukocyte antigen » en anglais) correspond à la carte d'identité génétique de chaque individu. Les antigènes des leucocytes (globules blancs) humains sont des molécules à la surface des cellules qui permettent l'identification par le système immunitaire.
En effet, le receveur ne doit pas produire d'anticorps dirigé contre le rein du candidat au don. Si l’existence d’une bonne compatibilité, voire d’une « identité » HLA, comme elle peut exister entre frère et sœur, est un avantage incontestable, la réaction de rejet contre le rein greffé est de mieux en mieux maîtrisée par les traitements médicamenteux dits anti-rejets ou immunosuppresseurs.

Qu’est-ce que le don croisé ?

Une solution est prévue par la loi lorsque le proche qui souhaite donner n’est pas compatible avec le patient : le don croisé. Le receveur (receveur 1) bénéficie du don d’une autre personne (donneur 2) également en situation d’incompatibilité avec son receveur (receveur 2) qui, lui, bénéficie du don du premier donneur (donneur 1). Les deux opérations chirurgicales sont alors engagées simultanément, tout en respectant l’anonymat entre les deux paires. Grâce au don croisé, le nombre de donneurs potentiel augmente. L’enjeu est de taille : en 2018, 5 269 malades étaient nouvellement inscrits sur une liste d’attente d’une greffe de rein et seuls 3 567 ont été greffés.

Le don en pratique

Trois étapes incontournables attendent le donneur, à commencer par son information par l'équipe médico-chirurgicale à propos des risques et des conséquences éventuelles du prélèvement de rein. Ensuite, il devra exprimer son consentement devant le président du tribunal de grande instance ou le magistrat désigné par celui-ci pour s'assurer que le consentement est libre et éclairé. Enfin, il sera convoqué par le « Comité donneur vivant », lequel autorisera ou non le prélèvement après s’être assuré que le donneur a pris la mesure des enjeux et des risques potentiels de son don.
A noter : à tout moment le donneur peut revenir sur sa décision. Toute forme de pression psychologique ou financière est interdite par la loi.

Pour en savoir plus :

-Agence de la biomédecine : https://www.agence-biomedecine.fr
-Réseau RENALOO : http://www.renaloo.com/infos-sante2/la-greffe-a-partir-d-un-donneur-vivant

Hélène Joubert

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