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Acupuncture, en finir avec les idées reçues

Publié le 18/05/18

 

L’acupuncture est pratiquée en Chine depuis l'Antiquité. Son principe : l'énergie Qi circulerait le long de 26 méridiens dans le corps. Pour soigner certains symptômes ou maladies, l’acupuncteur régule sa circulation en disposant de fines aiguilles sur ces méridiens. Cette thérapeutique non conventionnelle a fait depuis peu son entrée à l’hôpital par la grande porte, où elle est testée dans des centres hospitaliers parisiens en particulier. L’Académie nationale de médecine a reconnu qu’elle pouvait rendre certains services, en complément des traitements médicaux.

L’acupuncture, complémentaire de la médecine allopathique

L’acupuncture peut être qualifiée de médecine générale, que les troubles soient organiques, psychiques ou fonctionnels (lorsque les organes vont bien mais ne fonctionnent pas correctement). Mais jusqu’à un certain point de gravité.

Dr Gil Berger, médecin acupuncteur (Paris) : « L’acupuncture peut améliorer les symptômes, en complément de la médecine allopathique (au moyen des médicaments) lorsque le trouble est important (forte anxiété, chimiothérapie anticancéreuse etc.), résume. Elle peut aussi intervenir sur les maladies organiques (lorsqu’un organe est malade) en potentialisant le traitement allopathique, comme dans les maladies inflammatoires de l’intestin ou en cas de hernie discale ».

Les pathologies pour lesquelles l’acupuncture est la plus souvent pratiquée sont les douleurs chroniques (lombalgie, arthrose, névralgie, fibromyalgie, mal de tête, etc.), l’anxiété, la dépression ou l’insomnie chronique, les troubles liés à la grossesse (nausées, lombalgies et sciatique, éversion fœtale, etc.) et les addictions (au tabac, à l’alcool ou aux drogues ou substances psychoactives). Cette énumération liste les indications thérapeutiques variées proposées par les acupuncteurs* et provient du rapport paru en 2014 rédigé par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sur l'acupuncture, lequel souligne que « la plupart des résultats des essais publiés ne s’appuient pas sur des protocoles suffisamment rigoureux pour pouvoir conclure à l’efficacité de l’acupuncture ». Selon les experts de l’Inserm, les résultats disponibles montrent que l’acupuncture pratiquée à l’aide d’aiguilles a des effets bénéfiques pour le traitement des douleurs chroniques ou des nausées et vomissements (en période postopératoire, liés à la grossesse ou provoqués par une chimiothérapie anticancéreuse).

Précédemment, l’Académie nationale de médecine, dans son rapport de mars 2013**, estimait pour sa part que l'acupuncture pouvait apporter un bénéfice aux patients souffrant de lombalgie ou cervicalgie chronique, de migraine ou céphalée de tension, d'arthrose des membres inférieurs, ou encore d'épicondylite (lésions des tendons des muscles de l'avant-bras). Les douleurs lombaires, du bassin et de l’accouchement peuvent être soulagées chez les femmes enceintes par l’acupuncture. Elle est utile pour prévenir les migraines, les nausées et vomissements induits par la chimiothérapie anticancéreuse.

Dans les domaines des addictions (sevrage tabagiques, troubles du comportement alimentaire, perte de poids etc.) l’acupuncture peut participer au traitement, en complément d’une psychothérapie, d’un suivi par un nutritionniste etc. De plus, une vaste étude chinoise fin 2016 a souligné son intérêt dans la constipation chronique sévère.

L’acupuncture, un soin « bien-être » ?

Les acupuncteurs sont divisés et certains posent franchement la question « Pourquoi recourir à un soignant lorsque l’on est en bonne santé ? ». L’acupuncture est une thérapeutique complémentaire. Elle soigne donc un problème d’ordre médical. Son objectif n’est pas d’offrir un moment de relaxation. En revanche, si ce besoin de détente provient d’un état psychologique qui pose problème (anxiété, dépression, stress etc.), on entre alors dans le domaine du soin médical.

Dr Gil Berger : « Pour la même raison, elle n’a pas d’utilité pour entretenir un effet bénéfique obtenu par le passé par l’acupuncture ».

Implantation d’aiguilles, dispositifs d’acupression, application de ventouses, d’aimants, lasers…

L’acupuncteur pique au niveau des méridiens, d’où son nom latin acupunctura, de acus (aiguille) et punctura (piqûre). Le système des méridiens n’est pas mature avant l’âge de six ans. Les aiguilles sont en inox, stériles et à usage unique pour prévenir tout risque d’infection. Elles sont indolores car leur diamètre est celui d’un gros cheveu (0,20 à 0,25 mm). Elles sont laissées en place pendant quelques minutes à plus de 30 minutes. Éventuellement, le praticien peut effectuer un léger mouvement de rotation pour potentialiser l’effet. En remplacement des aiguilles, il peut utiliser des Moxa (armoise en poudre) afin de chauffer les points d’acupuncture. Quant au laser ou aux infra-rouges, ils donnent juste une dimension « scientifique » à la pratique.

Dr Gil Berger : « Neuf patients sur dix qui suivent des séances d’acupuncture y croient. Malheureusement, cela ne fonctionne pas à chaque fois, y compris chez les convaincus. A l’inverse, des sceptiques reconnaissent l’amélioration de leurs troubles ou symptômes grâce à l’acupuncture. En Chine et en France, elle est pratiquée sur des animaux (chevaux, chiens), dont on ne peut présumer de leur parti-pris ! L'aspect émotionnel entre en ligne de compte dans l’appréciation du soulagement car l’acupuncture ne dissocie pas l'esprit du corps. »

Qui sont les acupuncteurs ?

L’acte d’acupuncture est considéré par la jurisprudence comme un acte médical. En conséquence, seuls les membres des professions médicales peuvent le pratiquer : médecins, chirurgiens-dentistes pour les actes en lien avec la chirurgie dentaire et sages-femmes pour les actes en lien avec l’obstétrique. Les médecins sont formés grâce à deux formations nationales reconnues par le Conseil de l'Ordre des Médecins : le Diplôme inter-universitaire d'initiation à l'acupuncture médicale et la capacité médicale d'acupuncture. Les sages-femmes ont obligatoirement un diplôme d'acupuncture délivré par une université de médecine.

L'Association Française d'Acupuncture répertorie les médecins diplômés (acupuncture-France.com). Les personnes n’appartenant pas au corps médical et pratiquant l’acupuncture peuvent être poursuivies pour exercice illégal de la médecine. Afin de garantir la sécurité du patient, il est nécessaire que le recours éventuel à l’acupuncture ne s’effectue qu’en complément de la prise en charge médicale conventionnelle et non en substitution de celle-ci, préviennent les experts de l’Inserm.

Sources : * Rapport de l’Inserm de janvier 2014 sur l’acupuncture : https://www.inserm.fr/information-en-sante/rapports-thematiques et http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/fiche_acupuncture.pdf **http://www.academie-medecine.fr/Upload/4.rapport Th%C3%A9rapies compl%C3%A9mentaires1.pdf

Hélène Joubert, journaliste santé d’après un entretien avec le Dr Gil Berger, médecin acupuncteur (Paris).

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