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Crise d'asthme, allergies et maladies respiratoires... c'est aussi une affaire de pollution atmosphérique

Publié le 06/02/18

Allergies, crise d'asthme, cancer bronchique, rhinites ou BPCO... la dégradation de la qualité de l'air se paie au prix fort. En ce début de saison pollinique, que savons-nous en 2015 de ses conséquences sur les maladies respiratoires ? En décembre dernier, les dirigeants de la planète réunis pour la récente COP21 à Paris ont contraint l'augmentation de la pollution atmosphérique -principale responsable du réchauffement climatique- à 2°C de plus par rapport à l'ère préindustrielle.

Pollution atmosphérique : des asthmes et des cancers bronchiques...

Toutes les études l'attestent, la pollution atmosphérique augmente à la fois le risque de décompensation d'asthme, de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO : obstruction lente et progressive des voies aériennes et des poumons) et favorise la survenue de cancer bronchique.

Le risque de mortalité par cancer du poumon est augmenté de près de 50% par tranche de 10 μg/m3 de dioxyde d'azote, et celui de mortalité cardiopulmonaire de 27% (1).

Le chiffre de 15% des asthmes -une maladie multifactorielle- liés à la pollution reste discuté.

Les mécanismes biologiques en cause sont dominés par le développement d'un stress oxydatif intense qui entraîne une forte réponse inflammatoire locale et systémique (générale).

Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie au centre hospitalier intercommunal de Créteil : « La survenue de la crise d'asthme est favorisée par une exposition accrue aux allergènes et aux polluants irritants comme l'ozone. L'ozone voit sa concentration augmentée dans l'air ambiant par interaction entre les gaz d'échappement automobile et les ultra-violets solaires, notamment lorsqu'il fait chaud et en l'absence de vent. Les poussières de moins de 2,5 microns sont les plus à craindre : en effet, ces particules sont si petites qu'elles vont très loin dans les alvéoles pulmonaires, au plus profond du poumon. Avec un décalage de 24-48h heures, l'augmentation (en fréquence et sévérité) des crises d'asthme est bel et bien corrélée aux pics de pollution atmosphérique ».

Outre les personnes atteintes de maladies pulmonaires chroniques (asthme ou la BPCO), les enfants sont très vulnérables face à l'exposition chronique à la pollution atmosphérique qui ralentit leur croissance pulmonaire. A l'âge adulte, cela les exposerait davantage au risque de développer une BPCO notamment en cas de tabagisme.

Pollution atmosphérique : bien d'autres conséquences sur les maladies respiratoires...

Le changement climatique entraîne aussi la migration d'insectes vecteurs de maladies infectieuses, favorisant par exemple l'émergence de maladies comme le chikungunya, la dengue, transmises par le moustique tigre dont la zone géographique remontre vers le nord de l'Europe.

Avec le réchauffement climatique, les feux de forêt pourraient devenir plus fréquents dans le sud de la France et s'étendre au centre de la France d'ici 2050, sources de particules fines et ultrafines responsables d'une inflammation des voies respiratoires et d'une aggravation des maladies respiratoires.

Changement climatique et pollution atmosphérique : tout bénéfice pour les allergènes !

Dr Isabella AnnesiMaesano, directeur de recherches et directrice de l'équipe de recherche « Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires » (INSERM) : « En cinquante ans, le nombre d'allergiques a été multiplié par vingt. La pollution atmosphérique et les variations climatiques qu'elle engendre se répercutent sur les plantes et arbres allergéniques -producteurs de pollens- favorisant les rhinites allergiques (30% de la population en souffre) mais aussi l'asthme ».

En voici les raisons :

  • Une modification des zones géographiques de certaines plantes allergisantes.

Certaines « migrent » vers le nord comme le hêtre. Les projections de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) le voient même s'implanter dans la région lilloise vers 2100. Pour sa part, l'olivier a envahi déjà de nombreuses régions françaises où auparavant il n'existait pas.

  • Une période à risque allergénique plus précoce et plus durable.

Non seulement la saison de pollinisation débute plus tôt dans le calendrier mais dure plus longtemps, laissant peu de répit aux malades. Par exemple, pour les graminées, la saison démarre en moyenne une dizaine de jours plus tôt (depuis une vingtaine d'années) et a gagné deux semaines de plus.

  • Une production d'allergènes plus importante pour une même plante ou arbre.

C'est dû au stress engendré par certains facteurs climatiques comme l'humidité ou la pollution atmosphérique. Le contenu allergénique des pollens varie considérablement, d'un facteur 1 en Finlande à un facteur 5 au Royaume Uni en moyenne entre 2009 et 2011.

  • L'aggravation de l'asthme en cas d'orages.

 Par un effet électrique, ces événements extrêmes liés au changement climatique parviennent à rompre les pollens et donc à libérer une sous-partie particulièrement allergénique dont la taille est de l'ordre du micron. Extrêmement petits, ils pénètrent davantage dans les voies aériennes profondes, provoquant une « crise d'asthme à l'orage » chez des patients habituellement rhinitiques, et même des épidémies d'exacerbations de crises graves chez les asthmatiques, avec un afflux de malades aux urgences.

  • Les moisissures nous envahissent !

Inondations, humidité accrue sont le terrain de prédilection des moisissures qui favorisent l'asthme et de pathologies respiratoires graves (infections, alvéolites qui sont une inflammation des alvéoles pulmonaires) surtout chez les personnes immunodéprimées.

  • Toujours en lien avec des évènements climatiques extrêmes plus fréquents, les tempêtes, transportent les pollens sur de longues distances, ceux du bouleau ont été suivis sur plusieurs milliers de kilomètres.

 Au final, le changement climatique et l'exposition aux polluants aura une grande influence sur les inégalités en santé (2). Déjà, les ménages défavorisés sont exposés à une plus grande concentration de polluants (de 20% en plus) (3). Les populations les plus vulnérables seront les premières touchées par les plus fréquents ouragans, inondations ou sécheresse et leurs nombreuses conséquences (maladies diarrhéiques, prise en charge de maladies chroniques, infections etc.). 
Source : e-santé

 

Hélène Joubert journaliste scientifique

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