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Douleur articulaire : les nouvelles approches

Publié le 17/01/18

Des activités physiques plus appropriées, des anticorps comme nouveaux médicaments, une personnalisation du traitement de l'arthrose avec la santé connectée... les recherches progressent tous azimuts dans les douleurs articulaires avec des avancées attendues à court terme. Tour d'horizon de ces nouvelles approches, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre la douleur, lundi 19 octobre 2015.

Douleur articulaire, des sports qui respectent les articulations

Dans les douleurs articulaires comme l'arthrose (maladie du cartilage favorisée par le vieillissement des articulations) et l'arthrite (inflammation destructrice des articulations), les approches physiques sont de plus en plus vivement recommandées, données scientifiques à l'appui. La mise au repos n'a plus aucune justification médicale. A contrario, certains sports comme le tai-chi-chuan, le stretching, la natation, sont désormais véritablement encouragés quelle que soit la condition physique, y compris à des âges très avancés. Il a été montré que le tai chi améliorait l'état des muscles, des tendons, l'environnement global de l'articulation. Il agit sur la raideur musculaire et tendineuse, l'ankylose (diminution de la mobilité) et dans un second temps, sur la douleur.

Pr Serge Perrot, rhumatologue, responsable du Centre d'évaluation et de traitement de la douleur de l'Hôtel Dieu à Paris : « Dans les douleurs articulaires, ça n'est pas parce que la douleur est plus forte que le dommage articulaire est plus grave. C'est pourquoi il ne faut pas hésiter à pratiquer une activité physique. L'articulation est faite pour bouger, c'est un tissu qui supporte le mouvement, bien sûr adapté à son état de détérioration. L'avantage des activités comme le Tai Chi est qu'elles peuvent être pratiquées par tous, à tout âge, améliorent la fonction, sans traumatiser les muscles ni les articulations ».

Des anticorps contre la douleur articulaire

Les douleurs de l'arthrose surviennent principalement chez des gens âgés, de plus de 70 ans. A un âge où peu de médicaments existent pour les soulager, du fait de maladies associées, cardiovasculaires ou digestives (comorbidités) qui les contre-indiquent ou du fait d'effets indésirables. Par exemple, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont toxiques pour le rein, le coeur, et les opioïdes sont mal supportés avec des risques de chute et de troubles des fonctions supérieures (mémoire, rélfexion, conscience de soi et de l'environnement, langage...) et de somnolence. De nouvelles pistes thérapeutiques vont bientôt aboutir d'ici deux à trois ans dans les douleurs arthrosiques et la lombalgie chronique. Ce sont des biothérapies ou immunothérapies (appelées anti-Nerve Growth Factor ou facteur de croissance des nerfs), plus précisément des anticorps dirigés contre des molécules de la douleur, en l'occurrence ces facteurs de croissance des nerfs, retrouvés à des concentrations élevées dans les douleurs articulaires.

Agir sur le cerveau pour diminuer la douleur articulaire

La stimulation magnétique transcrânienne, déjà utilisée dans certaines maladies psychiatriques (dépression sévère, schizophrénie etc.), se développe avec succès dans tous les types de douleur y compris articulaire. Cette approche attaque la sensation douloureuse à sa source : la douleur est une expérience et en modulant le cerveau, on peut modifier la perception, le ressenti douloureux. En pratique, on place un électro-aimant à l'extérieur du cerveau et celui-ci va moduler certaines zones cérébrales afin de renforcer les systèmes de contrôle qui réduisent la douleur chronique (mécanismes inhibiteurs). En cas de douleur, certaines zones sont activées (thalamus, cortex somato-sensoriel, aire cingulaire antérieure...) et le cerveau, en permanence, essaie de contrecarrer les sensations douloureuses. Dans la douleur articulaire, on affine en ce moment la fréquence de la stimulation nécessaire pour être efficace. Technique attendue pour 2016-2017.

La douleur articulaire à la carte

Aujourd'hui, on traite la douleur articulaire quelle qu'elle soit, en se focalisant sur son intensité grâce aux échelles (échelle visuelle analogique, échelle numérique) mais pas sur sa qualité (douleur à type de brulure, nocturne ou diurne etc.)

Or dans l'arthrose par exemple, certaines personnes souffrent de douleurs la nuit, d'autres plutôt lorsqu'elles marchent ou lorsqu'elles changent de positions. Il y a plusieurs types de douleur arthrosique, dépendant de mécanismes différents et donc requérant des médicaments distincts.

Pr Perrot : « Nous développons dans cette optique des outils (questionnaires) pour mieux classer chaque douleur et adapter le traitement en fonction. Paracétamol, anti-inflammatoires et morphiniques ne conviennent pas à tout le monde. Par exemple, il vaut mieux prescrire des anti-inflammatoires devant des douleurs nocturnes et des gonflements articulaires (composante inflammatoire). Alors que le paracétamol ou la codéine seront inefficaces. Ces derniers seront plutôt utiles dans des douleurs articulaires mécaniques, à prendre avant la marche ou l'effort ».

La santé connectée, aussi dans la douleur articulaire

Un nombre croissant d'outils connectés permet de repérer soi-même son état fonctionnel avec à la clé des programmes adaptés (par exemple avec le nombre de pas à effectuer, la nécessité ou non d'une canne, le régime, le type de sport...). C'est un pas de plus vers la personnalisation des traitements, une approche qui prend de l'ampleur dans la douleur articulaire. L'équipe du Pr Perrot est en train de finaliser un programme dans l'arthrose (SMS « soigne ma santé ») qui consiste en l'envoi de SMS personnalisés (adaptés à la douleur et aux problèmes fonctionnels), pour inciter les personnes à une activité minimale et à adapter leurs médicaments en fonction de l'activité. Sortie prochaine.
Source : e-santé

Hélène Joubert journaliste scientifique

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