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Les Français négligent leur audition

Publié le 18/04/18

Deux Français sur trois n’ont jamais fait contrôler leur audition. Ils seraient pourtant entre 12 et 14 millions à souffrir d’acouphènes, irréguliers ou permanents, selon l’enquête Ifop-JNA « Acouphènes et hyperacousie : fléaux du 21e siècle » réalisée à l’occasion de la 21e édition de la Journée Nationale de l’Audition. Que devient l’audition des Français ?

Préserver son audition pour « bien vieillir »

Récemment, les études ont mis en lumière l’impact de la surdité sur la démence et la dépression du sujet âgé, indiquant que le fonctionnement du cerveau est bel et bien lié en partie à la déficience auditive. Prendre soin de son audition, c’est donc se donner les moyens de vieillir en bonne santé. Or voilà, les Français sont encore trop peu sensibilisés à cet enjeu, comme l’a constaté l’enquête Ifop-JNA sur les acouphènes et l’hyperacousie* à l’occasion de la Journée Nationale de l’Audition 2018, et font très rarement contrôler leur audition.

En dehors du cadre de la réglementation du travail qui considère les acouphènes comme des symptômes aggravants en cas de surdités professionnelles, ceux-ci ne sont pas reconnus parmi les handicaps invisibles invalidants. Pourtant, avec l’hyperacousie, ils perturbent l’état de santé et l’équilibre de vie.

Un individu sur trois souffrant d’acouphènes a consulté

Le phénomène des acouphènes n’a rien d’anecdotique : 28% de la population serait concernée, soit 14 à 17 millions de Français. Entre 2 et 4 millions en souffriraient de manière permanente. Dixit le sondage Ifop-JNA 2018, « les traumatismes sonores aigus ou chroniques liés aux loisirs et à la vie quotidienne sont cités comme première cause des acouphènes, devant le bruit au travail ». Les conséquences de l’écoute de musique amplifiée sont sans appel.

Dr Jean-Luc Puel, président de l’association JNA* : « Associés à des hallucinations auditives, ces acouphènes sont restés longtemps dans le domaine de la psychiatrie. Ils relèvent en réalité autant de l’ORL dans la mesure où ils témoignent d’une souffrance de l’oreille interne, que de la neurologie, de la psychologie (l’intolérance est plus ou moins exacerbée en fonction de l’état psychologique ou de l’état physiologique du cerveau des patients Alzheimer ou déments), voire de la médecine interne (hypertension artérielle non traitée, par exemple) ». La moitié des personnes souffrant d’acouphènes ne consulte pas (60% des 15-17 ans et 67% des 18-24 ans). Lorsqu’elles consultent, elles ressortent pour la moitié sans solution (67% des 15-54 ans).

En effet, la physiopathologie de ce symptôme est mal connue. D’où un nomadisme médical flagrant, exposant à une dégradation de l’état de santé, à une détresse psychologique, à l’absence de détection de maladies graves signalées par la présence d’acouphènes (neurinome de l’acoustique, maladie de Menière, etc...) et à une surconsommation de médicaments de type anxiolytiques.

Des solutions existent pourtant, comme tenir à distance les acouphènes en appliquant les techniques d’habituation en vue de mieux gérer ces phases, enseignées par des psychologues, des praticiens de Thérapies Cognitivo-comportementales, des sophrologues. Porter des aides auditives peut aider lorsqu’une perte de l’audition est associée aux acouphènes. Celles-ci permettent de mieux comprendre la parole. Des programmes "acouphènes" sont intégrables aux aides auditives ; ils masquent l’acouphène ou le recouvrent.

L’hyperacousie concerne 8% de la population

Si quatre personnes sur dix souffrant d’acouphènes déclarent une perte auditive associée, le problème est encore différent chez les personnes dites hyperacousiques, c’est-à-dire dont le dysfonctionnement de l'audition occasionne une hyperfragilité de l'ouïe : certains sons normalement perçus comme désagréables sont alors vécus comme pénibles et même douloureux. Autre donnée de cette enquête Ifop-JNA 2018, l’hyperacousie concernerait 8% de la population. La gêne liée à ce symptôme serait même supérieure à celle due aux acouphènes. La moitié des individus en souffrance n’a pas consulté pour autant…

Les 24-35 ans hypothèquent leur avenir auditif

Plus spécifiquement, 56% des 15-17 ans souffriraient d’acouphènes (49% des 18-24 ans). En dépit de ce taux considérable, le contrôle de l’audition ne fait pas partie de leur priorité : près de 80% des moins de 35 ans n’ont jamais fait contrôler leur audition.

Quant à la perte auditive associée aux acouphènes, elle toucherait un jeune sur cinq de moins de 35 ans (27% des 25-34 ans). Prévenir la survenue d’acouphènes est en grande partie une question de comportement en limitant les expositions sonores toxiques, tant de loisir (musique via les écouteurs ou en concert, bricolage …) que professionnelles, en portant des protections auditives et en accordant à son système auditif des plages de récupération.

Journée Nationale de l’Audition, exemple d’une initiative locale

A l’occasion de cette 21ème Journée Nationale de l’Audition, les Centres de Santé de La Mutuelle Générale Jack Senet et Broca (Paris) ont proposé des tests de dépistage auditifs gratuits en présence d’un médecin ORL. Le bilan de cette journée est édifiant puisque 45,50% des participants ont présenté une déficience auditive significative et 28% des acouphènes. En cas de pathologie auditive avérée, un rendez-vous complémentaire était proposé au patient dans des délais raccourcis."

Pour plus d’informations : www.journee-audition.org et ligne « Audio Info Service » (0 810 200 219) France Acouphènes : www.france-acouphenes.org et au 0 820 222 213 * Dossier de Presse JNA 2018 Hélène Joubert, journaliste

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