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Placement en institution : comment faire face ?

Publié le 08/08/18

Choisi ou subi, le placement en institution reste douloureux. Entre sentiment de culpabilité et difficultés financières, les familles ont du mal à prendre cette décision pour leurs parents âgés. Pourtant, sur le plan psychologique comme financier, des freins peuvent être levés. Michèle Guimelchain-Bonnet, psychologue et cofondatrice du Café des aidants, en dit plus.

Seulement 2 Français sur 10 souhaiteraient placer un proche dans un établissement spécialisé s’il devenait dépendant. Selon l’étude réalisée en 2014 par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), 29 % préféreraient accueillir leur proche chez eux, 30 % souhaiteraient s’en occuper à leur domicile et 22 % seraient prêts à consacrer une partie de leurs revenus pour lui payer des aides. Alors pourquoi tant de réticence à recourir aux maisons de retraite ? « Déjà parce que la personne elle-même n’a pas envie d’y aller : elle ne veut pas quitter sa vie et tous ses points de repère, explique Michèle Guimelchain-Bonnet, psychologue. Mais la décision est surtout difficile à prendre pour la famille, qui a souvent l’impression d’abandonner son proche dans un mouroir et éprouve un grand sentiment de culpabilité. »
S’en remettre à une institution (maison de retraite, foyer de vie) serait en effet perçu comme une « privation de liberté », ainsi qu’un échec du maintien à domicile. Et ce n’est pas le seul frein. Le coût élevé des établissements (entre 2 000 et 2 500 euros par mois en province ; de 3 000 à 6 000 euros à Paris) explique aussi ce rejet, auquel s’ajoute la crainte de la maltraitance ou de l’isolement. Sans oublier le temps d’attente – allant de quatre mois à deux ans selon les régions – pour obtenir une place dans un établissement, et qui peut paraître très long pour les familles. Le placement en institution est donc plus souvent envisagé par les personnes les plus aisées (23 % contre 14 %).

Une décision collégiale

Le choix n’est cependant pas toujours possible. Dans beaucoup de cas, c’est la décision médicale qui s’impose : quand l’état de la personne se dégrade et qu’elle perd son autonomie physique ou mentale ; quand son environnement ne correspond plus à ses besoins (logement inadapté ou isolé, aides à domicile manquantes…) ; quand la sécurité de l’aidant et de l’aidé est en jeu… « Le changement est plus facile à accepter s’il intervient sur ordre médical, note la psychologue. Les familles se rendent compte qu’elles ne peuvent pas tout assumer et se rallient à l’avis du médecin. » L’idéal est évidemment de ne pas attendre une situation d’urgence (décès d’un des conjoints, chute…) pour prendre cette décision, afin d’éviter tout choix précipité et déchirements familiaux.
Pour Michèle Guimelchain-Bonnet, l’aide de professionnels est indispensable pour aider à passer ce cap. « Les médecins généralistes et les infirmières libérales ont un véritable rôle à jouer pour convaincre la personne de cette nécessité, mais aussi pour orienter la famille vers les bons interlocuteurs et, notamment, les assistantes sociales qui œuvrent dans les mairies. Il existe en effet des aides spécifiques quand les familles ne peuvent pas assumer ces frais, mais trop peu de gens y ont recours. » D’où l’importance d’en parler tôt pour pouvoir anticiper ces démarches, se rassurer quant à la prise en charge et choisir l’établissement le plus adapté possible aux souhaits de son proche.

Franchir le pas

En d’autres termes, il faut évaluer la situation de manière juste afin de pouvoir évoquer avec son parent les raisons pour lesquelles cette option est préférable. Même si le personnel n’est pas toujours assez nombreux, l’image dégradante de l’hospice d’antan n’est plus d’actualité aujourd’hui. Entrer dans une maison de retraite ou un foyer, c’est intégrer un cadre a priori rassurant, rencontrer d’autres personnes et pratiquer des activités sans obligatoirement sortir de chez soi. Dans de nombreux cas, l’institutionnalisation apporte un confort par rapport au maintien à domicile et rompt l’isolement qui s’installait progressivement.
L’étape suivante est de prendre rendez-vous avec les structures qui vous intéressent. « Visiter l’institution est indispensable : on peut ainsi se rendre compte de l’état du logement, des repas, des activités proposées, du bien-être des résidents… C’est une étape cruciale pour rassurer son parent », souligne la psychologue. Comparer est aussi vivement conseillé. Certains établissements laissent en effet une certaine liberté aux résidents dont l’état le permet, pour vaquer à leurs occupations dans des jardins privatifs, se rendre au café voisin, recevoir leurs familles à déjeuner, etc.
Autre possibilité, peu connue mais pourtant pratiquée dans presque tous les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) : celle de l’accueil temporaire, soit une semaine ou deux. Un bon moyen de bousculer les idées reçues et de faire son choix en toute sérénité.

Marie-Thérèse, 50 ans : « Je suis soulagée »
« Ma mère Marie a 79 ans. Elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis 2014. Il y a un an, j’ai été obligée de la placer dans une unité spécialisée car je n’arrivais plus à m’occuper d’elle. Cela a été très dur à accepter. J’avais très peur qu’elle m’en veuille et m’oublie complètement. Aujourd’hui, je suis soulagée de la savoir entre de bonnes mains, mais aussi de ne plus porter seule la responsabilité de sa sécurité. Je ne partage plus que le meilleur avec elle. Quand je vais la voir, on se promène dans le jardin thérapeutique : c’est là qu’elle retrouve toute sa lucidité et que l’on peut encore évoquer des souvenirs. »

À savoir

Comparez les tarifs !
Pas facile de comparer les tarifs des maisons de retraite, d’autant plus que ceux-ci varient d’une région à l’autre ! Pour simplifier les démarches, le ministère de la Santé et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) ont mis en place un comparateur en ligne. Plus de 7 000 établissements pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ont joué le jeu. Il est ainsi possible de se faire une idée des tarifs pratiqués, mais aussi d’obtenir une estimation des sommes mensuelles restant à la charge de l’usager en fonction des ressources et des aides allouées.
www.pour-les-personnes-agees.gouv.fr

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