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Pollution de l’air : protéger ses poumons !

Publié le 02/04/19

Nous respirons 15 m3 d’air par jour. Or, l’appareil respiratoire est une voie d’exposition privilégiée pour les aérocontaminants chimiques, gaz ou particules, avec des effets nocifs à court ou long terme sur la santé de plus en plus étayés. Se mettre à l’abri des pics de pollution atmosphérique, est-ce possible ?

La pollution, une réalité

Pas un mois ne se passe sans alerte à la pollution atmosphérique dans l’Hexagone. Le coût total sur la santé de la pollution est estimé entre 1 et 2 milliards d’euros/an, selon une étude menée par Isabella Annesi Maesano, qui dirige l’unité « Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires » (Inserm/Sorbonne université, Paris) (1). Pour parvenir à ce montant, la chercheuse a étudié les coûts de la part attribuable à la pollution de l’air de la prise en charge des cinq maladies respiratoires les plus répandues (BPCO/bronchopneumopathie chronique obstructive, bronchites chronique et aiguë, asthme et cancer des voies respiratoires), des hospitalisations pour ces pathologies, ainsi que celles liées aux maladies cardiovasculaires.

Le dioxyde de soufre (SO2), le dioxyde d'azote (NO2), l’ozone (O3), les particules en suspension dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres (PM10) et à 2,5 microns (PM 2,5) sont les contaminants incriminés (2-3). Les particules fines (PM2,5) sont les plus dangereuses mais aussi les ultrafines (PM0,1) qui pénètrent au plus profond de l’arbre bronchique et rejoignent la circulation générale.

Le parc automobile (le trafic génère la moitié des toxiques rencontrés dans les villes), le secteur de la construction (bâtiments, routes… émetteurs de grosses particules) et les industries polluent. L’agriculture n’est pas en reste avec l’émission d’un volume considérable de particules (ammoniac, nitrates/NO3) issus des épandages de pesticides, des engrais azotés etc.

Pollution, des accusations toujours plus solides

Les constats des scientifiques s'accumulent et convergent. Une vaste étude publiée en 2018 a mis en lumière que l’augmentation de la mortalité due aux cinq causes principales de décès (BPCO, cancer du poumon, cardiopathie ischémique*, infections des voies respiratoires inférieures, accident vasculaire cérébral) est directement liée à la concentration en particules fines PM2,5(4).
« La pollution, intérieure et extérieure, peut être à l'origine de crises (exacerbations) de la BPCO, à l’origine d’une insuffisance respiratoire grave, mais aussi provoquer son développement ! » affirme le Pr Isabella Annesi-Maesano. « On sait aussi que le risque de souffrir d'une BPCO est plus élevé lorsqu'on habite à proximité d'un axe routier à fort trafic ». Mais la pollution, comme certains toxiques (produits d’entretien, combustion du bois, poussières métalliques, silice, microorganismes bactériens et fongiques, toxines bactériennes, fumées etc.) jouent un rôle non négligeable dans l’apparition de cette maladie respiratoire grave.

Comment réagir en cas de pic de pollution ?

Se préserver, c’est tout d’abord éviter d'être exposé(e) de façon directe à la pollution. Etre attentif aux pics de pollution est recommandé (via des applications Smartphone, des sites internet comme www.airparif.asso.fr...), afin de limiter les sorties pendant les heures de pics de pollution. Eviter les endroits où la pollution est plus importante est de bon sens et étayé par des études, comme la proximité des axes routiers fréquentés.
Pour sa part, « la prévention individuelle est assez limitée, regrette le Pr Isabella Annesi Maesano, car à ce jour, aucun masque facial n’a encore prouvé son efficacité contre la pollution atmosphérique ».

De plus, en 2019, émettre des recommandations fondées sur les preuves n’est pas si simple. « Il faut distinguer les recommandations pour lesquelles les preuves scientifiques sont solides et celles pour lesquelles les données manquent, avance, prudente, la spécialiste. Par exemple, il n’y a pas de données fiables sur l’intérêt de fréquenter les espaces verts en cas de pic de pollution. Et on imagine mal que seulement quelques heures de "verdure" puissent compenser un taux de pollution ponctuellement élevé. En revanche, on dispose de chiffres sur l’intérêt des espaces verts en cas de pollution chronique ».
Autre interrogation, faut-il renoncer à une activité physique en cas de pic de pollution ? Aucune étude sur le sujet ne permet de trancher, même si, « bien évidemment, un asthmatique qui a déjà un risque accru de crises en cas de pic s’abstiendra de pratiquer un sport en extérieur, assure le Pr Annesi Maesano. Quant à priver les bambins de récréation en cas de pic de pollution, là aussi, les données se font rares et a priori, « il n'y a pas à prendre de mesures car l'air extérieur rentre à l'intérieur des locaux ». Mais attention, prévient l’experte : « l'absence de données n'est pas la preuve de l’absence de relation. Elle viendra... En tant que médecins cliniciens, nous nous fondons beaucoup sur le principe de précaution ».

Préserver son capital auditif c’est aussi développer cet outil que l’on appelle l’ouïe, en se concentrant sur les sons, en s’entraînant à discriminer les différents bruits et sons, en filtrant les sons émanant simultanément de différentes sources sonores etc. En effet, en affinant l’acuité auditive, la capacité de discrimination, il est alors possible de potentialiser ce sens dont l’aire cérébrale est reliée aux autres parties du cerveau et aux centres nerveux. Cela s’avèrera un véritable atout lorsque vers 60 ans, il faudra compenser l'altération inéluctable de l'audition liée à l'âge appelée presbyacousie. Le professionnel s’appuiera alors sur le capital auditif restant et les apports de l’aide auditive seront décuplés par la mémoire auditive.

Références :

* ou maladies coronariennes. Elles recouvrent un ensemble de troubles dus à l'insuffisance des apports en oxygène au muscle cardiaque.

(1)https://presse.inserm.fr/le-cout-sur-la-sante-de-la-pollution-atmospherique-estime-a-1-a-2-milliardsan/18862/ ;
(2) Li et al. IJCOPD 2014 ;
(3) de Vries et al. COPD 2017 ;
(4) Burnett R et al. Proc Natl Acad Sci U S A. 2018 Sep 18;115(38):9592-9597

Hélène Joubert, journaliste. D’après le suivi du Congrès de Pneumologie de Langue Française (CPLF) 2019 (janvier 2019, Marseille) et une interview du Pr Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm (Unité 1136, équipe Épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires), membre du groupe d’experts sollicités en 2016 par la Société de pneumologie de langue française (SPLF) sur les effets de la pollution atmosphérique sur la santé respiratoire. Ce travail est en cours de mise à jour

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