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Maladie d'Alzheimer : la recherche mise sur le diagnostic précoce

Publié le 20/10/17

Pourquoi s'acharner à vouloir diagnostiquer la maladie d'Alzheimer plus tôt ? Parce que lorsque symptômes il y a, la maladie a déjà atteint un stade avancé. Diagnostiquer plus précocement permettrait de pouvoir agir en amont, de freiner cette maladie et d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes. Explications du Dr Nathalie Cartier-Lacave, chercheur au Laboratoire « Biothérapie des maladies neurodégénératives » de l'INSERM au Commissariat de l'Énergie Atomique de Fontenay-aux-Roses, et dont les travaux de recherche sur la maladie d'Alzheimer sont soutenus par la Fondation pour la Recherche Médicale.

Diagnostic de la maladie d'Alzheimer : quel est l'enjeu ?

L'enjeu est majeur en termes de santé publique. La maladie d'Alzheimer touche plus de 800.000 Français, dont une personne sur 10 après 65 ans. En raison du vieillissement de la population, les projections annoncent 1,3 million de malades à l'horizon 2020. Si l'on considère les malades et les proches, 3 millions de personnes en France sont concernées directement ou indirectement.

Le coût pour la société est considérable, pour le patient et son entourage en termes de prise en charge physique et psychologique. « Nous avons besoin d'un diagnostic précoce, car comme pour toute maladie dégénérative et en particulier neurodégénérative, il faut intervenir tôt dans la maladie pour pouvoir stopper le processus à un stade où le patient a encore une qualité de vie acceptable, où ses fonctions cérébrales sont encore préservées, explique le Dr Nathalie Cartier-Lacave. Lorsque les premiers signes apparaissent, la maladie est déjà à un stade évolué ».

Aujourd'hui, le diagnostic n'est généralement porté qu'à un stade relativement tardif, quand le processus de destruction est déjà important, puisqu'il est orienté par les signes cliniques (troubles des fonctions cognitives et de la mémoire perturbant la vie quotidienne).

« Nous devons pouvoir identifier beaucoup plus tôt les personnes atteintes de cette maladie. »

Sur quoi repose le diagnostic actuel ?

Il repose sur des perturbations cliniques des fonctions cognitives que l'on mesure par des tests, mais souvent réalisés tardivement et combinés à des analyses complémentaires de plus en plus sophistiquées :

  • l'analyse du liquide céphalo-rachidien, dans le lequel on mesure deux marqueurs, la protéine amyloïde et la protéine tau ;
  • l'IRM montrant une atrophie de certaines régions du cerveau.

De nouveaux tests encore plus performants comme l'IRM fonctionnelle ou le TEP (tomoscintigraphie par émission de positions) visualisant les plaques amyloïdes dans le cerveau permettent aujourd'hui d'affiner le diagnostic et d'évaluer la sévérité de l'atteinte. Ces techniques pourront aussi servir de marqueurs pour suivre l'efficacité d'un traitement par exemple.

Quelles sont les lacunes de ce diagnostic ?

Ce sont surtout de marqueurs plus précoces dont nous avons besoin, pour faire un diagnostic à un stade préclinique, soit avant que la maladie d'Alzheimer n'ait évolué (on estime que la maladie progresse pendant 10 à 20 ans avant de s'exprimer par des symptômes cognitifs reconnaissables).

Idéalement, nous aurions aussi besoin de marqueurs prédictifs de l'évolution de la maladie, car certaines formes évoluent rapidement, d'autres plus lentement. Disposer de biomarqueurs nous donnant une idée du profil évolutif de la maladie serait un atout considérable, qui permettrait d'adapter les futurs traitements. En effet, aujourd'hui,  il n'y a pas de traitement de la cause. La prise en charge est celle des symptômes visant à améliorer la cognition et à retarder l'évolution des troubles cognitifs.

Les recherches en cours visent à faire diminuer les plaques amyloïdes. Beaucoup d'essais thérapeutiques sont entrepris avec des anticorps dirigés contre ces plaques, mais les résultats sont jusqu'à présent assez peu convaincants. Certains résultats ont montré une diminution des plaques dans le cerceau des patients, mais les effets concrets sur la maladie sont beaucoup plus controversés et complexes à évaluer.

« En fait, il semblerait que s'attaquer aux plaques amyloïdes ne soit pas suffisant. Il faudrait pouvoir s'attaquer au phénomène qui précède la formation de ces plaques, avant que les dépôts des protéines n'endommagent les neurones », conclut le Dr Nathalie Cartier-Lacave.

Cette constatation nous ramène à la nécessité de pouvoir établir un diagnostic précoce, et donc de disposer de biomarqueurs issus de notre compréhension des tout premiers stades de la maladie.

Or le tout début de la maladie d'Alzheimer est très compliqué à analyser chez l'homme, car les maladies neurodégénératives ne font parler d'elles qu'à un stade tardif. On utilise alors des modèles animaux, comme des souris qui développent la maladie d'Alzheimer, mais ce sont des modèles caricaturaux dont la durée de vie est très courte par rapport à l'homme et chez lesquels les lésions se développent très lentement. De nombreux groupes de chercheurs travaillent aujourd'hui sur l'obtention de modèles reproduisant les phases précoces dans le but d'identifier de nouvelles cibles sur lesquelles agir en amont.

Que penser de la thérapie génique en tant que futur traitement de la maladie d'Alzheimer ?

La thérapie génique repose sur l'administration spécifique dans le cerveau d'un gène thérapeutique visant une cible très spécifique.

Chez la souris, ce concept a fait ses preuves. Des cibles au niveau du cerveau ont été identifiées, sur lesquelles ont peut agir spécifiquement en apportant des gènes thérapeutiques. Une des pistes actuelles les plus prometteuses est celle du métabolisme du cholestérol ("Une thérapie génique innovante dans la maladie d'Alzheimer"), qui est perturbé dans le cerveau des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Lorsque l'on restaure le métabolisme du cholestérol dans le cerveau, on améliore les différents modèles de souris atteints de la maladie d'Alzheimer.  Ces résultats encourageants permettent de travailler sur le développement futur d'un essai thérapeutique à moyen terme.

Pour en savoir plus

La Fondation pour la Recherche Médicale, www.frm.org.
Source : e-santé

 

Isabelle Eustache

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