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Seniors : une douleur si spécifique

Publié le 04/12/17

Plus on avance en âge, plus la douleur est présente ; la douleur chronique touche 50% des seniors vivant à domicile. Si vieillir n’est pas physiologiquement douloureux, il est cependant impossible d’échapper à l’altération progressive de la perception de la douleur, que l’on soit un senior en pleine forme ou non.

Même en bonne santé, les seniors ont un ressenti douloureux altéré

Les seniors d’aujourd’hui ont beau être plus "jeunes", entrant plus tardivement dans la vieillesse, cela ne freine absolument pas les modifications des fibres nerveuses, inéluctables avec l’âge. Les conséquences sont un ressenti moindre et différé, de la douleur aiguë. La douleur aigüe semble moins ressentie du fait d’une modification des fibres nerveuses conduisant la douleur (perte de la myéline des fibres A, quantité de fibres C etc.).

Pr Gisèle Pickering du CHU de Clermont-Ferrand, membre de la Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) : « Du fait de ces modifications, la personne âgée peut rapporter plus tardivement une douleur d’infarctus du myocarde, d’appendicite, de pneumopathie etc. Avec à la clé un retard de prise en charge, d’arrivée aux Urgences, dans des pathologies cardiaques, abdominales et pulmonaires.
Par ailleurs, toujours dans la douleur aigüe, l’intégration cérébrale du message douloureux s’altère avec l’âge car les processus cognitivo-émotionnels sont modifiés au cours du vieillissement par les maladies associées et les médicaments. Le troisième facteur qui complexifie la prise en charge de la douleur aigüe est culturel, avec un stoïcisme de la personne âgée qui estime normal de souffrir plus en vieillissant ».

Une douleur chronique exacerbée

A l’inverse de la douleur aigüe, la douleur chronique est exacerbée du fait de l’épuisement -encore plus marqué chez le senior- des "faisceaux inhibiteurs descendants". Petite explication : la douleur, une fois arrivée au cerveau en provenance du corps et qui chemine dans les voies ascendantes, déclenche un processus qui va tendre à réduire la sensation douloureuse. Pour ce faire, un message est envoyé du cerveau à la zone douloureuse via les voies descendantes. Or chez le senior, ces voies utiles pour calmer la douleur s’épuisent avec le temps et ne jouent plus leur rôle.
C’est pourquoi, lorsqu’une maladie chronique douloureuse s’installe chez un senior, la situation risque d’empirer vers encore plus de douleur, avec des douleurs qui vont durer longtemps en l’absence d’un contrôle aussi efficace que lorsqu’on est plus jeune.

Jeune senior ou moins jeune, une antalgie tout en nuances

La délicate gestion de la douleur chez le senior du fait des maladies associées (comorbidités) ne doit pas encourager la sous-médication, ni le sous-dosage des médicaments antalgiques, pourtant une bien triste réalité, encore en 2017.

Dr Malou Navez, responsable de la consultation douleur au CHU de Saint-Etienne : « Trois maître-mots dans l’antalgie chez le senior doivent entrer dans les mœurs : ne pas débuter les antalgiques à de fortes doses, un suivi pas à pas et une réévaluation permanente. En effet, des changements peuvent intervenir sur le plan rénal ou hépatique, un état de déshydratation ou la prise de plusieurs médicaments à la fois (polymédication)... Les seniors peuvent prétendre à des traitements antalgiques forts mais en veillant de très près aux posologies et à la polymédication car les effets délétères des antalgiques sont souvent liés aux associations avec les autres médicaments, typiquement celle associant des psychotropes et des morphiniques ».

Le paracétamol est bien accepté mais attention à la posologie maximale de 3g/jour chez les seniors contre 4g chez les plus jeunes. Anti-inflammatoires et aspirine, généralement contre-indiqués chez le sujet âgé, peuvent parfois rendre service, tout instaurant une surveillance draconienne.

La douleur des seniors : les mentalités changent…

Les seniors consultent en plus grand nombre dans les consultations Douleur. Actifs, mieux traités par ailleurs, ils souhaitent récupérer une fonction et améliorer leur qualité de vie plutôt que de rechercher le « zéro douleur ». Par conséquent, les professionnels de santé sont aussi plus attentifs à la prise en charge de leur douleur. A cela s’ajoutent les progrès récents dans la connaissance des molécules antalgiques et dans l’évaluation de la douleur chez le senior.

Dr Malou Navez : « La prochaine étape est d’intégrer chez le senior– lorsque le traitement médicamenteux est insuffisant- d’autres techniques comme la neurostimulation transcutanée qui soulage la douleur à l’aide d’un courant électrique de faible tension transmis par des électrodes placées sur la peau mais aussi la kinésithérapie ou l’acupuncture. La prise en charge de la douleur doit être du « sur-mesure » pour chaque patient, avec la même rigueur que dans les autres maladies ».

…mais encore trop souvent laissée pour compte

Selon un livre blanc dévoilé en octobre 2017par la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD), sur les 12 millions de personnes en France souffrant de douleurs chroniques, 70% ne reçoivent pas de traitement approprié. Et cet état des lieux de pointer la déficience de la prise en charge chez les sujets âgés ou les malades du cancer.
Ces données sont issues d'une enquête menée par l'Institut national du cancer (INCa) en 2010 après de 1 800 patients. Dans 61% des cas, la souffrance de ces patients était sous-traitée. Et seuls 7,3% d'entre eux avaient pu rencontrer un médecin spécialiste de ce problème.

D’après des entretiens avec le Pr Gisèle Pickering du CHU de Clermont-Ferrand, membre de la Société française d’étude et de traitement de la douleur, spécialisée chez les Seniors et le Dr Malou Navez, responsable de la consultation douleur au CHU de Saint-Etienne.

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