Antibiotiques : plan d’urgence

En pleine élaboration du troisième plan de lutte pour préserver l’efficacité des antibiotiques, le ministère de la Santé incite les médecins à se montrer encore plus vigilants dans leurs prescriptions.

Face à l’apparition de nouvelles bactéries de plus en plus résistantes aux antibiotiques, notamment en Inde, le ministère de la Santé a demandé aux experts, chargés de plancher sur le troisième plan antibiotiques, de réfléchir à des mesures d’urgence. Exit le « bon usage » de rigueur il y a peu encore. Les médecins sont désormais invités à faire un « moindre usage » de ces médicaments et à redoubler de vigilance dans leurs prescriptions. Une mesure indispensable quand on sait que la France est, avec la Grèce, l’un des plus gros consommateurs européens d’antibiotiques.

« On assiste aujourd’hui à une banalisation des antibiotiques, déplore le Pr Benoît Schlemmer, président du Comité de suivi du plan antibiotiques. La moitié de ces médicaments est prescrite de manière inutile, notamment pour des infections virales, ce qui a pour effet de faciliter l’expansion des résistances bactériennes. Bientôt, nous n’aurons plus de solution thérapeutique à proposer pour certaines pathologies, même courantes. Pour que les antibiotiques gardent leur efficacité, nous devons apprendre à les prescrire à bon escient. »

Aide au diagnostic et formation

Malgré des campagnes de sensibilisation du grand public comme des professionnels de santé – « Les antibiotiques, c’est pas automatique », entre autres slogans –, la consommation d’antibiotiques continue d’augmenter. Alors que le troisième plan de lutte est en cours d’élaboration, la formation et l’aide au diagnostic se dessinent parmi les actions prioritaires à mener.

« Que ce soit pendant leurs études ou lors des formations continues obligatoires, les médecins doivent être formés à la résistance aux antibiotiques et à ce qui la favorise, souligne Benoît Schlemmer. Par ailleurs, il est nécessaire d’intégrer de nouveaux outils dans notre pratique, comme les tests de diagnostic pour l’angine ou la grippe, pour ne plus prescrire d’antibiotiques à tort. » Les différentes mesures de ce troisième plan devraient être publiées au cours du premier semestre 2011.