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Médicament : les Français inquiets

Publié le 30/04/15

L’affaire du Médiator a laissé des traces. Une étude réalisée par TNS Sofres pour la Mutualité française montre que l’inquiétude, concernant la sécurité des médicaments, est désormais profondément ancrée dans l’opinion.

La sanction est sans appel : les résultats de l’enquête réalisée par TNS Sofres pour la Mutualité française montrent que pour les trois quarts des Français (77%), l’affaire du Mediator n’a rien d’un cas « exceptionnel et limité à ce médicament ». Elle révèle au contraire « une défaillance globale du système », faisant planer le doute sur l’ensemble des médicaments. L’enquête fait également apparaître une forte défiance à l’égard des pouvoirs publics. Seuls 35% de sondés les jugent capables d’éviter une nouvelle affaire de ce type. Enfin, le sentiment d’être mal informé au sujet des médicaments est très largement partagé (84% des personnes interrogées).

Mieux évaluer et contrôler les médicaments

Un autre enseignement de l’étude est que les Français sont dans l’attente de mesures concrètes. Ils sont par exemple nombreux  (59%) à juger utile que les médicaments puissent faire l’objet, tous les cinq ans, d’un bilan scientifique et médical. L’idée de permettre à l’Etat de contrôler plus étroitement la promotion et la publicité des groupes pharmaceutiques est accueillie favorablement par 55% des sondés. Enfin, l’idée de réduire l’influence des laboratoires pharmaceutiques sur les professionnels de santé recueille une très large majorité (87% de réponses favorables).

Une affaire révélatrice de l’échec d’un système

Pour Etienne Caniard, président de la Mutualité française, ce sondage montre avant tout que « l’opinion publique fait preuve d’un grand bon sens. Elle a compris que ceux qui considèrent le Mediator comme un cas exceptionnel sont ceux qui ne veulent rien changer ». Les pouvoirs publics trouveront-ils la réponse adéquate, face à l’inquiétude des Français ? Ce ne sont pas en tout cas les sujets de préoccupation qui manquent : « Trop d’arbitrages, estime Etienne Caniard, sont rendus pour des motifs industriels et commerciaux, aux dépens de la sécurité des patients. Il y a de plus énormément de produits prescrits hors des indications originelles, pour d’autres usages, avec des risques majeurs ».

Ne pas généraliser à l’ensemble des médicaments

Si l’inquiétude des Français est légitime, elle ne doit pas se transformer en suspicion généralisée à l’égard des médicaments. Comme le regrettait le Président fe la Mutuelle Gnérale, Patrick Sagon, « tout médicament, loin d’être anodin, est un principe actif qui se caractérise par son rapport bénéfice/risque ». Avant sa mise sur le marché,  il convient donc de « démontrer que son efficacité sur une pathologie est supérieure aux effets secondaires qu’il induit inéluctablement. Reconnaissons toutefois que, malgré son caractère jamais inoffensif, le médicament a très largement contribué, depuis de longues décennies, à l’accroissement de notre espérance de vie moyenne ». Pas question de crier haro sur l’ensemble des médicaments, donc !