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Le laser, l’arme absolue contre les verrues résistantes ?

Lorsque la cryothérapie à l’azote liquide contre les verrues s’avère inefficace, il faut passer au niveau supérieur : le laser CO2. Mais en 2017, le laser est-il la panacée du traitement dans les verrues récalcitrantes ?

Publié le 19/05/22
Temps de lecture 5 min

Un quart des verrues sont résistantes

Les verrues sont des excroissances de peau, bénignes, provoquées par des virus : les papillomes viraux (HPV). Différents virus sont impliqués, hébergés par la grande majorité de la population. Ils sont à l’origine de lésions cutanées d’aspect et de localisation variables. On distingue les verrues vulgaires, plantaires et planes. Certains, pour des raisons encore inconnues ou du fait d’une immunité parfois un peu faible, vont développer des verrues. Celles-ci disparaissent souvent spontanément après quelques mois. D’autres partent grâce aux techniques de destruction du tissu qui renferme le virus. Ce peut être la brûlure par le froid ou cryothérapie, qui provoque une nécrose de l’épiderme au moyen de l’azote liquide. L’objectif est identique avec le traitement par acide trichloracétique ou même la pose quotidienne de verrucides sous pansement occlusif, vendus en pharmacie. Ces produits qui détruisent la couche cornée (kératolytiques) sont des préparations à base d’acide salicylique associé ou non aux acides lactique et trichloracétique.

Malheureusement, environ un quart des verrues sont récalcitrantes, soit parce qu’elles sont enfouies profondément sur plusieurs millimètres au sein d’une partie de l’épiderme qui s’est enfoncée jusqu’au derme, soit parce qu’elles sont en relief, d’épaisseur de quelques millimètres.

Verrues récalcitrantes : faut-il se résigner ?

Certaines personnes doivent cohabiter pendant des années avec une verrue, le plus souvent au niveau des pieds ou des mains. Malgré des séances répétées de brûlure à l’azote chez le dermatologue -le traitement de première intention- la verrue s’accroche, parfois disgracieuse et douloureuse.

Avant de penser au laser, il faut être conscient qu’aucun traitement ne permet l’éradication du virus, qui reste dormant dans l’organisme et se poser une question : n’y a-t-il pas d’autres traitements à tenter qui peuvent être efficaces sans être aussi agressifs que le laser, tels l’azote liquide en applications légères lors de séances rapprochées ou même les verrucides ?

Dr Jean-Michel Mazer, dermatologue et président du « Groupe Laser » de la Société Française de Dermatologie : « Tous les traitements se résument à détruire, par différents moyens, les lésions visibles, et tous affichent une efficacité comparable, supérieure à 75%. Les récidives sont possibles avec tous les traitements. Le risque est aussi élevé quel que soit la technique. Il s’agit toujours d’un compromis : détruire la verrue suffisamment profondément, mais sans risquer de laisser des cicatrices. L’objectif de tous les traitements est la destruction de 100% des virus présents dans la lésion ; en effet, détruire 95% des virus expose à une récidive à partir des 5% restants. En cas d’échec malgré des traitements répétés, lorsque la verrue est discrète et indolore, il faut se poser la question de la laisser tranquille et se borner à limiter son développement avec des verrucides au quotidien, ou en cures, voire les sprays ayant un effet similaire à l’azote liquide vendus en pharmacie (gaz cryogéniques). Le risque de contamination de l’entourage est finalement faible, de même que le risque d’extension. Alors qu’au contraire, s’acharner peut parfois décourager le patient, souvent un enfant, voire disséminer la verrue aux alentours ou sur les berges du premier foyer ».

Le laser CO2, pour vaporiser la verrue

Le laser le plus indiqué est le laser CO2. Un autre laser peut être utilisé, le laser erbium. Des essais ont été conduits avec des lasers vasculaires dits « à colorant pulsés » utilisés dans la couperose (rougeur localisée due à la dilatation de petits vaisseaux) et les angiomes (malformations des à des vaisseaux dilatés ou « tache de vin »), dans l’intention de scléroser les vaisseaux sanguins alimentant la verrue. Les résultats sont indéniables, mais ne sont pas supérieurs au laser CO2. Pour cette raison, ce type de laser reste un traitement de seconde intention, du moins à l’heure actuelle.

Reposant sur l’émission de photons, le laser CO2 permet de vaporiser la couche de l’épiderme dans laquelle se cache le virus. La formation de vapeurs contenant des particules virales -potentiellement contaminantes- nécessite une aspiration efficace.

Son coût est partiellement pris en charge par l’Assurance Maladie. Il s’agit d’une méthode coûteuse, soumise à une entente préalable à la Sécurité sociale.

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La place limitée du laser CO2

Dans les verrues dites péri-unguéales, c’est à dire situées au niveau des sillons qui entourent l’ongle, il convient d’opter d’emblée pour le laser. En effet, la cryothérapie peut toucher l’ongle et le déformer en affectant sa pousse. Le laser CO2 « ablatif » ultra-précis est pour sa part tout indiqué dans ce cas.

Dans le cadre de verrues étendues, épaisses ou en relief, il est parfois judicieux de faire de la cryothérapie dans les semaines précédant une séance de laser, puis de décaper, afin de réduire la surface et l’épaisseur à vaporiser.

Mais le laser possède quelques inconvénients. Mal utilisé, il est potentiellement plus agressif que l’azote liquide. Il peut laisser une cicatrice dans de rares cas, ce qui est particulièrement gênant au niveau des doigts. L’acte est aussi douloureux, mais la douleur est évitée par une anesthésie locale. Toutefois, cette injection dans le pied peut s’avérer très désagréable car il faut piquer profondément dans des tissus assez durs.

Dr Jean-Michel Mazer : « Le laser a finalement une place assez réduite, en dernier recours lorsque le traitement classique par azote liquide s’est révélé inefficace après une série de trois à quatre séances. On peut même, raisonnablement, parfois se poser la question de baisser les bras, surtout lorsque le traitement, par ses inconvénients, retentit finalement plus sur le patient que la verrue elle-même. Quant au rôle du stress, il n’est absolument pas prouvé. Faire le lien entre « stress » et « verrue » est tiré par les cheveux, même s’il est vrai que le stress diminue un peu l’immunité. La seule affirmation démontrée est que le risque de verrue est plus grand lorsque l’immunité baisse, par exemple chez les personnes immunodéprimées comme celles infectées par le VIH ».

Plus d’informations sur les verrues : http://dermato-info.fr/article/Les_verrues

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