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« En agissant globalement, on renforce l’efficacité des traitements contre le cancer »

Publié le 18/08/15

Hypnose, relaxation, sophrologie… Les approches complémentaires sont de plus en plus utilisées, en parallèle aux traitements médicaux et chirurgicaux contre le cancer. Dans quel but ? On fait le point avec le Dr Sylvie Dolbeault, psychiatre et responsable des soins de support à l’Institut Curie, à Paris.

Dans quel cadre, avez-vous recours aux techniques complémentaires ?

Dr Sylvie Dolbeault : On sait aujourd’hui que l’on peut améliorer le bien-être des patients grâce à des approches psychocorporelles. Mais, et j’insiste sur ce point, ces techniques (hypnose, sophrologie, relaxation…) ne se substituent pas aux traitements médicaux ou chirurgicaux. En outre, ces approches répondent à un certain nombre d’indications.

Par exemple ?

S.D. : Elles ne sont pas proposées à tous les patients, mais à ceux qui présentent des symptômes invalidants liés soit à la maladie soit aux traitements, ou à des personnes qui ont conservé des séquelles résiduelles qu’on ne parvient pas à contrôler (fatigue, bouffées de chaleur, prise de poids, anxiété…). Enfin, il y a un certain nombre de patients qui refusent de prendre de nouveaux médicaments pour soigner ces effets secondaires. Ces techniques deviennent alors une alternative précieuse.

Comment le patient est-il pris en charge ?

S.D. : Il s’agit de donner aux patients quelques outils simples afin qu’ils puissent les réutiliser seuls par la suite, dans des situations de stress ou de douleur, par exemple. En leur apprenant à gérer leurs symptômes, on les fait en quelque sorte participer activement à l’amélioration de leur bien-être.

Avec des résultats significatifs ?

S.D. : Si je prends l’exemple de l’hypnose, de nombreux travaux montrent que cette technique contribue à la réduction de l’intensité du symptôme. Moins de douleur physique, c’est moins de stress et, du coup, cela améliore la qualité de vie. Sans compter la satisfaction psychologique d’avoir réussi à agir par soi-même.

Y a-t-il un impact sur l’efficacité des traitements médicamenteux ?

S.D. : Oui, mais de manière indirecte. Un patient envahi par la douleur ou l’anxiété ne sera pas capable de venir aux chimiothérapies car il est trop épuisé ou parce qu’il vit de plus en plus mal les effets secondaires de ce traitement. Or, le fait de ne pas pouvoir suivre les recommandations peut lui faire perdre des chances de vaincre la maladie. En lui montrant qu’il faut agir globalement pour maîtriser les symptômes, on l’aide à profiter d’une meilleure efficacité du traitement de fond.

Ces techniques, pour peu qu’elles soient encadrées, ont donc toute leur place dans la prise en charge des cancers ?

S.D. : Il y a beaucoup de cancers qui, parce qu’on ne les guérit pas, se chronicisent. Le patient doit vivre au long cours avec des symptômes plus ou moins invalidants. Donc, passé le temps des traitements, il y a encore une place pour ces techniques psychocorporelles.