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L’animal domestique, une compagnie précieuse

Publié le 23/07/15

En France, plus d’un foyer sur deux possède un animal familier. Une présence qui se révèle bénéfique. Avoir un animal domestique, c’est souvent moins d’anxiété et de solitude, une meilleure estime de soi ainsi qu’une plus grande sociabilité. Éclairage du Dr Christophe Hervet, vétérinaire, et du Dr Rachel Lehotkay, psychologue et zoothérapeute.

« Sans nos chiennes, je ne sais pas où nous en serions », confesse Christine. L’an dernier, elle et son mari ont traversé une période difficile : de longs mois de chômage dans un village de Vendée. « Leur présence nous a obligés à faire les courses quand elles n’avaient plus à manger, à prendre l’air pour les promener et même à ouvrir les volets le matin. Sans elles, le coeur n’y aurait pas été », raconte la sexagénaire. Selon une étude américaine publiée en 2011 (1), les propriétaires d’animaux de compagnie sont en général plus en forme, plus heureux, plus confiants, plus extravertis, moins seuls et moins anxieux que les autres. Promener son chien plusieurs fois par jour, surtout dans un parc ou dans la campagne, constitue un excellent exercice physique. En sortant son animal, le propriétaire s’oxygène. Notre cerveau serait, par ailleurs, sensible au ronronnement des chats qui, en émettant des ondes basses fréquences, favoriserait la sécrétion de sérotonine, hormone du bien-être et de l’apaisement.

Une présence structurante

Mais les bienfaits des animaux de compagnie sont surtout d’ordre psychologique et relationnel. « Les animaux familiers nous décentrent de nous-mêmes, explique le Dr Christophe Hervet, vétérinaire à Paris. Être responsable d’une âme, c’est valorisant et cela donne un sentiment de complétude. » De plus, ils représentent un soutien pour les personnes âgées, à condition, bien sûr, qu’elles puissent s’en occuper. « Une personne isolée ou sans famille avec un animal auquel elle tient, c’est déjà le début d’un foyer, ajoute le Dr Hervet. La régularité des soins et des sorties empêche le laisser-aller. »

Les animaux de compagnie auraient même des vertus « thérapeutiques », en aidant à prévenir la dépression et le développement de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Nadine, 61 ans, a récemment perdu sa mère de cette maladie. « Dans son établissement spécialisé, il y avait un chat. Quand elle le caressait, elle retrouvait des sensations, elle arrivait à s’endormir », confie-t-elle. Structurantes et sécurisantes, les habitudes d’un animal sont aussi ce qui « tient » les personnes vulnérables. « J’ai évité l’hospitalisation grâce à mon chat, c’est cette présence qui me maintient dans une vie normale », témoigne Chantale, atteinte d’un trouble bipolaire. Sans compter, et tout propriétaire de chien le sait bien, qu’avec un animal, le contact est plus aisé. « On aborde plus facilement une personne avec un animal », confirme le Dr Hervet.

Disponibles, affectueux et sans jugement, ces compagnons peuvent également jouer un rôle dans le développement de l’enfant. « Avec un animal, l’enfant prend confiance en lui et apprend qu’il existe une autre manière d’être au monde que la sienne, il devient plus respectueux », explique le vétérinaire. En outre, l’enfant apprend à gérer ses premières responsabilités. C’est d’ailleurs souvent à travers la mort de ce « petit compagnon » qu’il s’initie au deuil. Quand il réclame un animal, ses parents doivent toutefois s’interroger sur ses motivations : ennui, besoin d’affection …

Être pleinement là

D’une façon générale, une présence animale nous ancre dans le concret. Elle donne à l’existence des repères tangibles. « Un animal permet de vivre le temps présent, ici et maintenant, quand de nos jours on tend à faire plusieurs choses à la fois, à ne pas être pleinement là, souligne le Dr Lehotkay, psychologue et zoothérapeute à Genève, en Suisse. En outre, la présence d’un chien permet d’arrêter le temps, car pendant dix ans il ne change pas, alors que les enfants, on les voit grandir, d’où une conscience accrue de vieillir ».

Quant au choix de l’animal, les personnes vont naturellement vers celui qui leur convient. Pour des questions éthiques, le Dr Hervet déconseille les oiseaux et animaux exotiques ainsi que le hamster « à la durée de vie trop courte ». « C’est le niveau d’investissement dans la relation avec l’animal qui permet un effet positif sur la santé », insiste le Dr Lehotkay. Du reste, les animaux ne constituent pas la solution à tout. Ce sont des êtres, non des objets, qu’il faut adopter par amour et non par nécessité.

(1) Cette étude a été publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology.