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Bruno Cadène : La vie après un AVC

Toutes les quatre minutes, un Français est victime d’un accident vasculaire cérébral. Si dans 80 à 85 % des cas, il s’agit d’une artère cérébrale qui se bouche, il arrive aussi qu’il résulte d’une hémorragie : l’artère cède et se met à saigner. C’est ce qui est arrivé à Bruno Cadène, journaliste à Radio France. Aujourd‘hui, il témoigne, désireux d'apporter de l‘espoir à toutes les personnes victimes d'un AVC. 

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Publié le 16/05/23
Temps de lecture 4 min

Sa démarche est encore mal assurée, sa voix un peu ralentie, ses mots parfois difficiles à trouver. Mais il a ce sourire qui dénote un optimisme chevillé au corps. Assis dans le canapé qui trône au milieu du salon environné de livres, Bruno Cadène se raconte sans pathos, sous le regard tendre de son épouse, Galina.

À 60 ans, Bruno Cadène a eu deux vies. La première s’est achevée brutalement le 6 février 2017, « à 19h45 précises », à quelques encablures de la Maison de la Radio. Ce lundi-là, le journaliste vient tout juste de rentrer dans le petit appartement qu’il occupe à Paris durant la semaine pour préparer un reportage qui doit le conduire en Bulgarie et en Roumanie. « J’ai ouvert une bouteille de vin, et là, d’un seul coup, pouf, je suis tombé, témoigne-t-il. Je me suis retrouvé par terre, sur le dos, incapable de bouger ma jambe et mon bras droits, le visage à moitié paralysé. » De la main gauche, il saisit son téléphone, compose le numéro de sa femme, tente de lui expliquer la situation.

« J’ai voulu parler mais aucun mot ne sortait de ma bouche, se souvient-il, juste une sorte de râle. C’était surréaliste, d’autant que j’avais l’impression, à l’époque, que tout fonctionnait bien dans ma tête. » Depuis Dijon, son épouse prévient les secours. La porte de l’appartement est fermée à clé ? Qu'à cela ne tienne, les pompiers la défoncent et le transportent, toutes sirènes hurlantes, à l’hôpital Foch, à Suresnes. Le verdict tombe : accident vasculaire cérébral (AVC).

Trahi par son corps

Bruno Cadène est un miraculé. Comme lui, 150 000 personnes sont victimes chaque année en France d’un AVC. Le plus souvent, il s’agit d’une artère du cerveau qui se bouche. « Dans mon cas, l’artère s’est rompue et a provoqué une hémorragie cérébrale », explique t-il. Les médecins le savent, c’est le pire des scénarios : une fois sur deux, le patient décède. L’ancien grand reporter corrige : « Je préfère dire qu’une fois sur deux, le patient survit ». L’optimisme, encore.

Il n’empêche : pour ce fou de radio qui a couvert trois fois les Jeux Olympiques, dirigé pendant cinq ans le bureau de Radio France à Moscou, deux ans celui de Tunis, qui a sillonné la plupart des pays d’Europe centrale et orientale micro à la main, la chute est rude. S’il est vivant, Bruno Cadène ne s’en sort pas indemne. Certaines parties de son cerveau ont été lésées. « Je ne pouvais plus parler, plus marcher. Mon visage ne répondait plus : quand je voulais dire oui de la tête, je la secouais de droite à gauche comme pour dire non. C’était la panique complète ! »

Bruno Cadène ne s’est jamais posé la question de savoir pourquoi le destin l’avait ainsi frappé ce fameux soir de février. Il ne fumait pas, ne buvait pas, n’était pas en surpoids, n’avait pas de facteurs de risques particuliers sinon un peu d’hypertension. « Ça ne sert à rien de s’interroger, dit-il. Ce qui compte, c’est d’avancer ». C’est peut-être ça, le secret de sa renaissance. Cette « deuxième vie » qui le pousse aujourd’hui à dire qu’il a 6 ans. Car comme un enfant, il lui a fallu tout réapprendre. À marcher, à parler, à écrire. Recommencer de zéro.

Des progrès lents mais réels

La rééducation est pénible. Le résultat, incertain. « Au début, j’étais sûr que tout allait redevenir comme avant, raconte Galina. Mais à chaque fois que je posais la question aux médecins, ils me répondaient : on ne sait pas. J’ai mis du temps à comprendre que chaque cas est unique. Après un AVC, certains récupèrent toutes leurs fonctions, d’autres la moitié, d’autres pas du tout. »

Au centre de rééducation fonctionnelle de Dijon, où il a été transféré au terme de trois semaines d’hospitalisation, Bruno Cadène s’attelle à la tâche. Sous la surveillance de la kinésithérapeute, il doit quitter son fauteuil roulant et essayer de marcher à quatre pattes sur un tatami. « J’ai fait trois mètres et je me suis écroulé ». Avec l’ergothérapeute, il s’entraîne à déplacer des cônes avec sa main droite paralysée, aidée par la gauche. Avec l’orthophoniste, il doit désigner du doigt les objets qu’elle cite… Les progrès sont lents, mais réels. « J’ai compris que contrairement à une maladie, dans mon cas, il n’y avait pas de médicament. Que la seule personne qui pouvait changer cette situation, c’était moi. »

Un nouveau défi

Petit à petit, son état s’améliore… « Un mois et demi après mon accident, j’ai prononcé mon premier mot : c’était Bruno ! » Quinze jours plus tard, il fait ses premiers pas. A-t-il jamais douté ? « Non, je savais que j’allais m’en sortir, que j’allais reparler. C’était une question de temps, il suffisait d’être patient. »

Aujourd’hui, Bruno Cadène n’est certes pas totalement rétabli, mais grâce à un poste de travail adapté installé dans son salon, il peut de nouveau travailler. Chaque mercredi depuis trois ans, il écrit des articles pour le site Internet de Radio France. Le reste du temps, tel un sportif de haut niveau, il s’entraîne à domicile, enchaîne les séances de kinésithérapie et d’orthophonie, fait 10 000 pas quotidiennement et note ses progrès dans un cahier. Avec un nouvel objectif : parvenir, un jour, à refaire de l’antenne. « Ça peut paraître irréaliste, reconnaît-il, mais il y a six ans, je ne parlais pas du tout ». L’optimisme, toujours.

 

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