Troubles de la vue, baisse de force, fatigue, fourmillements, pertes d’équilibre, contractures musculaires… Avec quelque 120 000 personnes touchées et 5 000 nouveaux cas chaque année, la sclérose en plaques est une maladie relativement fréquente en France. Elle n’en reste pas moins insuffisamment connue du grand public. Pour y voir plus clair, nous avons demandé au Pr Thibault Moreau, neurologue au CHU de Dijon et ancien président du comité médico-scientifique de la Fondation Arsep(Fondation pour l’aide à la recherche sur la sclérose en plaques) de nous apporter son concours.
"La sclérose en plaques résulte d‘un dysfonctionnement du système immunitaire"
VRAI : Dans la sclérose en plaques (SEP), le système immunitaire s’emballe et attaque la membrane qui, à l’instar d’une gaine de plastique autour d’un fil électrique, isole et protège les fibres nerveuses. Cette membrane, appelée myéline, permet d’accélérer la conduction de l’influx nerveux. Lorsqu’elle est abîmée, les messages envoyés ou reçus par le cerveau sont perturbés. Selon la voie nerveuse touchée, le patient peut alors souffrir de troubles de la vision, de la sensibilité, de la coordination, de la motricité, de troubles urinaires et sexuels, etc.
"Elle affecte surtout les personnes âgées"
FAUX : C’est, au contraire, une maladie de l’adulte jeune. Elle apparaît le plus souvent entre 20 et 35 ans, et touche trois fois plus de femmes que d’hommes.
"Son origine est inconnue"
VRAI : Cependant, il est probable que la maladie résulte de différents facteurs associés. Même si elle n’est pas héréditaire, on sait que certains gènes sont impliqués dans son déclenchement, plusieurs membres d’une même famille pouvant ainsi être touchés. Il a également été démontré qu’une infection par le virus d’Epstein-Barr, responsable de la mononucléose infectieuse, constitue un facteur de risque, tout comme le tabagisme, bien que dans une moindre mesure. Enfin, l’environnement semble jouer un rôle. La SEP affecte essentiellement les populations de l’hémisphère Nord. Cette répartition géographique laisse à penser que la vitamine D, directement liée à l’ensoleillement, pourrait constituer un facteur protecteur. En France, le Nord et l’Est concentrent d’ailleurs l’essentiel des patients.
Le saviez vous ?
La sclérose en plaques touche plus de 110 000 personnes en France, 1 million en Europe et 2,8 millions dans le monde.
70% des cas débutent entre 25 et 35 ans. Il existe cependant des formes pédiatriques (débutant avant 18 ans) et des formes débutant après 50 ans.
Aujourd'hui, en France, la sclérose en plaques c'est 5 000 nouveaux diagnostics par an. Parmi les personnes touchées, 3 sur 4 sont des femmes.
"Les vaccins sont en cause"
FAUX : À ce jour, aucune étude n’a pu mettre évidence une quelconque responsabilité de la vaccination – notamment contre la Covid, l’hépatite B ou le papillomavirus – dans le déclenchement ou l’aggravation de la sclérose en plaques.
"Les symptômes peuvent être transitoires"
VRAI : En règle générale, la maladie évolue par poussées, entrecoupées de périodes d’accalmie qui peuvent durer de quelques mois à quelques années. Les poussées correspondent à l’attaque inflammatoire plus ou moins importante de la gaine de myéline.
Elles se traduisent par l’apparition de symptômes neurologiques variés sur plusieurs jours qui, le plus souvent, régressent en quelques semaines, avec ou sans séquelles. Après une période d’évolution qui peut aller de cinq à vingt ans, cette forme dite « récurrente-rémittente » débouche, une fois sur deux, sur une autre forme, appelée « secondairement progressive ». Le handicap s’accroît alors lentement. Plus rarement (15 % des cas), les symptômes neurologiques s’installent d’emblée progressivement, sans poussées.
"On traite de mieux en mieux la maladie"
VRAI : Outre le traitement des poussées à l’aide de corticoïdes, les médecins disposent de tout un arsenal de médicaments adaptés aux différentes formes de SEP. Ces traitements de fond sont administrés par voie injectable ou orale selon les cas. En agissant sur le système immunitaire, ils ralentissent l’évolution de la maladie et réduisent le risque de handicap. Quant aux symptômes (fatigue, douleurs, troubles de la marche, troubles urinaires et sexuels…), ils font l’objet d’une prise en charge spécifique : médicaments, rééducation fonctionnelle, ergothérapie, psychothérapie…
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