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Repérer et agir contre les addictions sur le lieu de travail

Publié le 10/04/17

Selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), la consommation d’alcool, de cannabis, ou de médicaments, de manière occasionnelle ou répétée, peut mettre en danger la santé et la sécurité des employés d’une entreprise. C’est pourquoi savoir repérer et agir contre les addictions est nécessaire dans le milieu professionnel.

 

 

 

Qu’est-ce qu’une addiction ?

L’INRS définit une addiction comme « une dépendance, c'est-à-dire l’impossibilité répétée de contrôler un comportement et la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance des conséquences négatives ». C’est cette dépendance irrépressible qui fait de « l’addiction une maladie, explique Laurent Karila, addictologue à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif. C’est une maladie chronique au même titre que le diabète ou le cancer ». Ces maladies peuvent mettre en danger la santé des travailleurs, leur sécurité ainsi que celle de leur entourage professionnel.
« Les addictions les plus fréquentes sont l’alcool, les tranquillisants pour aider à dormir, les anxiolytiques pour détendre, la cocaïne pour stimuler, le cannabis, parfois tous mélangés », déclare le docteur Laurent Karila. L’alcool, à lui seul, serait à l’origine de 20 à 30 % des accidents du travail et de 13 000 journées d’absence en France selon le baromètre de l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INPES). Pour le président de l'association SOS Addictions, le docteur William Lowenstein, « les addictions sont des maladies du quotidien dont l'un des principaux facteurs déclenchant est le stress et qui s'apparentent à la pratique du dopage dans le sport. Dans l'entreprise, elles touchent souvent les éléments les plus performants (…). Face à cette situation les dirigeants d'entreprises sont complètement démunis. »

Comment repérer les addictions ?

Les addictions sont difficiles à détecter dans le milieu professionnel, notamment pour la cocaïne ou les médicaments. Si la prise de drogues ne s’effectue pas toujours au travail, leurs effets ont néanmoins des conséquences visibles dans la journée. Certaines drogues provoquent une excitation quand d’autres entrainent une somnolence. Par exemple, la prise de cocaïne peut se manifester par une instabilité de l’humeur, des troubles psychiques voire des délires paranoïaques. En levant les inhibitions, elle peut engendrer une sensation de « toute puissance » et entraîner des actes de violence. Le cannabis entraîne de l’euphorie ou de l’excitation qui fait place, ensuite, à de la somnolence voire à l’endormissement. Le cannabis trouble la mémoire, diminue la concentration, la vigilance et la perception par l’ouïe et la vue. Au travail, ces personnes peuvent manquer de coordination dans leurs mouvements ou perçoivent mal leur environnement d’où les pertes d’équilibre.
Au regard de tous ces symptômes, il parait difficile de pouvoir les détecter. C’est pourquoi Laurent Karila, invite « les chefs d’entreprises, managers et responsables à suivre une formation pour apprendre à les repérer, sans leur demander de devenir thérapeute ». Pour cela, un dirigeant peut s’adresser à l’association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA) qui intervient partout en France en formant, notamment, les responsables d’entreprise sur la gestion des risques liés aux addictions.

Comment agir contre les addictions ?

Chaque dirigeant, qu’il soit à la tête d’une TPE ou d’un commerce, est un acteur majeur de la prévention pour éviter les risques professionnels dus aux addictions. Dans son mémo « Travailler mieux : les addictions en entreprise », le Ministère de la Santé rappelle que le chef d’entreprise a une obligation de sécurité envers ses salariés. « A défaut de (surveillance), (il courre) un double risque : impossibilité de contester la reconnaissance de l’accident comme accident du travail ; (il peut) être déclaré responsable de l’accident, sur le plan civil (faute inexcusable) et sur le plan pénal. » Le rôle du responsable d’entreprise est avant tout celui d’alerter via un règlement intérieur ou une note de service. Lorsque l’état addictif est constaté, l’employeur doit éloigner le travailleur en le raccompagnant chez lui ou en lui permettant de se détendre dans une salle de repos ou un endroit sécurisé. « S’il y a un épisode aigu et que la sécurité est en jeu, il faut faire intervenir la médecine du travail et stopper l’activité, prévient Laurent Karila. Quand quelqu’un a un problème récurrent, la médecine du travail doit agir, l’entreprise devra peut-être aménager le poste, le salarié se réorienter vers un autre métier. »
Soigner les addictions entre dans un programme qui englobe un ensemble de personnes : du généraliste à l’addictologue, du psychologue au psychiatre et au pharmacien. « C’est vraiment un travail en réseau. Ce sont des programmes assez longs qui nécessitent au minimum un an de suivi et qui combinent une approche médicamenteuse à une approche thérapeutique. »

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