Elle a le vent en poupe. La semaine de 4 jours conquiert chaque jour de nouveaux adeptes : dans le public comme dans le privé, chez les salariés comme chez les employeurs, dans les grandes comme les petites entreprises. Quels sont ses avantages, quels sont ses inconvénients ? Et surtout, comment la mettre en place ?
Publié le
15/04/24
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A la fin des années 90, le débat fait rage sur la réduction du temps de travail. Ministre du Travail sous le gouvernement Jospin, Martine Aubry réussit à faire adopter les « 35 heures » en 2000 ; mais pas à faire taire les critiques. Certains sont pourtant prêts à aller plus loin, à l’image du député Pierre Larrouturou qui milite pour les 32 heures et la semaine de 4 jours. On en restera là, tout du moins pendant les vingt années qui suivent.
30 janvier 2024 : fraîchement nommé, le nouveau Premier ministre Gabriel Attal tient son discours de politique générale : « Je demande à l'ensemble de mes ministres d'expérimenter cette solution dans leurs administrations centrales et déconcentrées ». Cette solution, c’est la semaine de 4 jours ; avec une différence notable par rapport à celle avancée 20 ans plus tôt : le Premier ministre parle d’une semaine de 35 heures concentrée en 4 jours, et non d’une réduction du temps de travail couplée à 4 jours de travail par semaine.
Pour ou contre ? La tendance gagne dans les pays occidentaux
La demande gouvernementale ne surgit pas de nulle part. Depuis quelques mois, des entreprises françaises expérimentent le système : Lidl dans 18 de ses supermarchés, l’Urssaf Picardie, le cabinet Accenture. A l’étranger aussi, les initiatives fleurissent : l’Islande fut le précurseur entre 2015 et 2019. Sur le continent européen, l’Angleterre, l’Ecosse, la Belgique ou l’Espagne testent les modèles. Même dans des pays très libéraux comme le Canada ou les Etats-Unis, la concentration du temps de travail sur un nombre réduit de journées semble séduire.
Un dispositif qui attire les salariés et les entreprises
Selon le Baromètre de l’Économie AGPI, Challenges, et BFM Business du 8 février 2024, 77 % des Français actifs y seraient favorables;
Côté entreprises, les perceptions évoluent : un sondage auprès de 300 chefs d’entreprises (Robert Half, juin 2022) montre que 35 % des employeurs sont prêts à déployer la semaine de 4 jours.
Beaucoup anticipent toutefois des difficultés dans l’exécution et redoutent le défi organisationnel que suppose la bascule :
crainte d’une fatigue accrue due à des journées à rallonge (près de 9 heures au lieu de 7) ;
difficultés de coordination avec des clients organisés sur 5 jours hebdomadaires ;
coûts potentiels engendrés par la réorganisation et la gestion des plannings.
Pour les défenseurs de la semaine de 4 jours, ces craintes sont largement compensées par les avantages attendus :
Au premier desquels le bien-être des collaborateurs, notamment à une époque où les questions liées à la santé mentale et à l’équilibre entre vie professionnelle et privée deviennent centrales. La semaine de 4 jours s’impose comme un véritable levier stratégique de qualité de vie au travail ;
Autre argument, la baisse du stress et de la fatigue grâce aux trois jours de repos aurait un effet bénéfique sur le taux d’absentéisme. Selon certaines études, les salariés se montreraient aussi plus productifs : le simple fait de devoir réaliser son travail en 4 jours améliorerait la concentration et conduirait à prioriser les tâches réellement importantes ;
Enfin, l’incidence environnementale serait positive : qui dit moins de jours en entreprise, dit moins de déplacement et d’électricité.
Comment mettre en place la semaine de 4 jours ?
La première condition reste naturellement de s’assurer que le modèle et l’activité de l’entreprise s’adaptent à cette nouvelle organisation. Des tâches ou des fiches de poste pensées sur 5 jours sont-elles transposables sur 4 ?
Cet écueil passé, la question du dialogue social devient centrale : si ce modèle veut faire gagner en productivité et en engagement, il doit être pensé avec les salariés. Quels sont ceux qui préfèrent travailler sur 4 jours et ceux qui veulent garder l’ancien système ? Dans le même ordre d’idée, imposer le vendredi comme troisième jour férié n’est pas obligatoire. Au contraire. De nombreux salariés préféreront choisir une autre journée off, comme le mercredi pour s’occuper des enfants.
Autres pistes pour moduler le temps de travail : laisser la possibilité d’alterner semaines courtes et longues, d’organiser un weekend de 4 jours toutes les deux semaines, ou encore d’imaginer un dispositif modulaire qui s’appliquerait à certaines périodes de l’année (vacances, fêtes de fin d’année…).
En réalité, la question de la « semaine de 4 jours » est bien plus large. Avec elle, c’est la flexibilité du temps de travail qui s’invite dans l’entreprise. Elle est incontestablement dans l’air du temps.
Testée par plusieurs entreprises, en France comme à l’étranger, la semaine de quatre jours fait rêver les salariés mais pas forcément les dirigeants. Découvrez les retours d’expérience de deux sociétés qui l’ont instaurée, avec succès !
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