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Gaspillage des ressources : et si l'économie circulaire était la solution ?

Comment absorber les conséquences environnementales d’une population mondiale de 8 milliards d’êtres humains qui aspirent à consommer davantage ? Est-il possible de conjuguer croissance économique et mode de consommation plus sobre ? C’est tout le défi de l’économie circulaire. Son but : produire des biens et des services de manière durable, en limitant la consommation et le gaspillage des ressources ainsi que la production de déchets. Entretien avec Emmanuelle Ledoux, directrice générale de l’Institut national de l’économie circulaire.

Doctopress
Publié le 30/01/23
Temps de lecture 5 min

L’économie circulaire, qu’est-ce que c’est ?

Emmanuelle Ledoux – L’économie circulaire, c’est un concept assez récent – et pas toujours facile à définir, d’ailleurs – dont le principe est de décorréler la croissance économique de l’utilisation des ressources. Pour faire simple, c’est exactement le contraire de l’économie dite linéaire dans laquelle nous avons été habitués à vivre et qui consiste à extraire, produire, consommer et jeter. L’objectif de l’économie circulaire, c’est de faire en sorte, à chacune de ces étapes, de préserver les
ressources.

Changer de modèle économique, c’est indispensable aujourd’hui ?

E.L : En matière de ressources, l’indicateur le plus connu, c’est le jour du dépassement, c’est-à-dire le jour à partir duquel l’humanité a dépensé l’intégralité des ressources que la planète est capable de produire en un an. Actuellement, ce jour tombe en juillet. À partir de ce moment-là, on vit à crédit, et on ne peut pas vivre à crédit éternellement. Changer de modèle économique, c’est au fond la seule manière de pérenniser nos modes de vie, même si c’est peut-être de façon un peu dégradée. 

« On n'a pas le choix : les ressources de la planète ne sont ni infinies ni disponibles éternellement. Il faut donc tenir avec ce que l’on a. »

Individuellement, est-ce que cela nécessite de modifier nos comportements ?

E.L : Oui, forcément. Aujourd’hui, il faut réfléchir autrement. Il y a un exemple qu’on utilise souvent, c’est celui de la perceuse. La question qu’il faut se poser, c’est : est-ce que j’ai besoin de posséder une perceuse ou est-ce que j’ai besoin de percer un trou ? Si j’ai besoin de percer cinq trous par jour, j’ai probablement besoin d’acheter une perceuse. Mais si c’est une fois par an, ça n’est pas forcément nécessaire. L’économie circulaire, c’est aussi cela : privilégier l’usage plutôt que la propriété.

La Mutuelle Générale soutient l'économie circulaire

La Mutuelle Générale fait appel aux Ateliers du Bocage pour la collecte et la revalorisation de matériels informatiques. Cette coopérative d’utilité sociale et environnementale, membre du mouvement Emmaüs, emploie des personnes fragiles ou en situation d’exclusion. Elle propose des prestations contribuant au développement de l’économie circulaire. Après un test concluant sur une dizaine de machines, une centaine d’ordinateurs de La Mutuelle Générale ont été confiés aux Ateliers du Bocage cette année. Près de 90 % de ces équipements ont pu être remis en état et seront ainsi réemployés.

La réglementation doit-elle être plus contraignante, selon vous ?

E.L : Je ne pense pas qu’on puisse véritablement transformer notre modèle économique sans une certaine forme de contrainte. Il y a d’ores et déjà tout un travail législatif qui a été mené avec l’indice de réparabilité introduit par la loi antigaspillage pour une économie circulaire ou, plus récemment, avec la loi climat et résilience. Mais il ne faut pas avoir peur d’aller plus loin.

Vous pensez que les consommateurs sont prêts à accepter des contraintes ?

E.L : Les gens sont assez convaincus de la nécessité de changer de modèle. Et surtout, ils sont bien plus résilients qu’on ne l’imagine. On le voit bien avec la crise énergétique : des mesures qu’on aurait eu du mal à faire passer sur la base du volontariat sont en train de se mettre en place en raison de l’absence de choix.

L’économie circulaire, c’est bon pour la planète. Mais qu’en est-il pour les entreprises et l’emploi ?

E.L : Globalement, l’économie circulaire, c’est essayer de tout faire plutôt que de jeter. Or dès lors qu’on répare, qu’on recycle, qu’on réemploie, qu’on reconditionne…, on crée de l’emploi. Le chiffre sur lequel la plupart des experts s’entendent, c’est 300 000 emplois qui pourraient être créés en France grâce à l’économie circulaire. De plus, si on n’anticipe pas sur nos besoins en ressources, on risque de perdre en partie la maîtrise de nos vies économiques. Regardez ce qui s’est passé durant la pandémie : les usines étaient à l’arrêt car les matières premières n’arrivaient plus. Voilà pourquoi la transformation de notre modèle vers une économie circulaire – au-delà de ses bénéfices sociaux et environnementaux –, est tout aussi indispensable pour les entreprises, en particulier pour les entreprises industrielles.

Pour en savoir plus

Des vélos électriques encore plus écolos

Donner une deuxième vie aux vélos à assistance électrique, c’est le but de Recy’Clo Project. Cette structure, incubée par le groupe La Poste, récupère auprès des entreprises et des collectivités locales des vélos électriques arrivant en fin de vie, puis les reconditionne en faisant appel à la main-d’oeuvre des ESAT. Les vélos sont ensuite revendus à prix avantageux à des particuliers ou des sociétés. Recy’Clo Project a reçu une certification Afnor qui atteste de la robustesse, de la réparabilité et de la recyclabilité de ses vélos. Après Saint-Dié-des-Vosges, l’entreprise projette d'ouvrir deux nouveaux ateliers de réparation à Strasbourg et à Tours.

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