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Handicap, le droit au travail pour tous

Soutenir les initiatives en faveur du handicap fait partie de la raison d’être de La Mutuelle Générale. L’occasion de mettre en lumière l’action des ESAT, ces « établissements ou services d’aide par le travail » qui, chaque année, permettent à des personnes en situation de handicap de s’insérer professionnellement. Dans ces structures spécialisées, ce ne sont pas les « salariés » qui s’adaptent au travail, mais le travail qui s’adapte à eux. Exemple avec l’ESAT de Nuits-Saint-Georges, en Bourgogne.

Doctopress
Publié le 08/02/23
Temps de lecture 5 min

Des étincelles jaillissent et retombent en cascade sur le sol. Masque de protection sur le visage et mains gantées, Bryce manie son chalumeau avec dextérité. Le geste est sûr, mille fois répété. « Je travaille sur une poutrelle », explique le jeune soudeur qui a rejoint l’ESAT de Nuits-Saint- Georges il y a treize ans. Bryce souffre d’un handicap qui l’empêche de travailler en milieu « ordinaire ». Ici, il a trouvé sa place. Il a appris un métier, s’est fait des amis et touche un salaire qui lui permet de vivre en autonomie « avec [sa] copine » à Dijon, à une vingtaine de kilomètres de l’établissement.

L’ESAT de Nuits-Saint-Georges a été créé en 1978 par l’AGEF, une association fondée deux ans plus tôt par des agents des groupes La Poste et Orange. Il accueille une centaine de travailleurs adultes handicapés, « dont la plupart souffrent d’une déficience intellectuelle ou d’un trouble autistique », explique le nouveau directeur, Médéric Levault. L’établissement dispose de plusieurs pôles de compétences. Aux activités traditionnelles des ESAT que sont la blanchisserie, l’entretien des espaces verts, le portage des repas ou le conditionnement s’ajoutent « des métiers plus créatifs », tels que la serrurerie-métallerie, l’imprimerie, la peinture ou la menuiserie-ébénisterie. « Cette diversité offre à nos usagers la possibilité d’acquérir une multiplicité de savoir-faire, et nous permet de respecter les envies et les projets de chacun. »

Maude s’est orientée vers le conditionnement. Ce petit bout de femme de 33 ans est porteuse d’une anomalie génétique rare. Un syndrome qui, malgré un traitement à base d’hormones de croissance, l’a empêchée de grandir normalement et a affecté ses capacités mentales. « Maude sait lire, écrire et compter, précise Christine, sa maman, mais elle reste à un stade scolaire de début de sixième. »

La chance de pouvoir s'épanouir

Durant des années, Christine s’est inquiétée pour l’avenir de sa fille : qu’allait-elle devenir à sa majorité, lorsque l’unité pédagogique d’intégration, au sein de laquelle elle était scolarisée, lui fermerait les portes ? « Je ne me faisais pas à l’idée qu’elle puisse être placée dans un foyer occupationnel en raison de son handicap ou qu’elle reste à la maison à ne rien faire de ses journées. La solution, c’est l’AGEF qui me l’a apportée. Entrer en ESAT, c’était la chance pour elle de pouvoir s’épanouir. »

120 000, c'est le nombre de travailleurs handicapés employés dans les quelque 1 400 ESAT répartis sur le territoire français.

Maude travaille à 80 %. Sa mission ce jour-là ? Mettre sous pli, avec ses camarades, des publicités pour le compte d’une filiale de La Poste. Assise sur une chaise au bout d’une longue rangée de tables en bois clair, les pieds ballants au-dessus du sol, elle saisit méthodiquement les prospectus disposés en piles devant elle. « Il faut faire attention et mettre les pubs dans le bon sens surtout, prévient-elle. Après, on les passe au voisin. » Le « voisin » en question s’appelle Benoît. Et il s’impatiente car l’heure du déjeuner approche : « On va être en retard ! », maugrée-t-il. Maude lui fait un petit signe de la tête, puis accélère la cadence, sans pour autant interrompre son explication : « Là, par exemple, je fais passer à Benoît, Benoît passe à Éric, Éric passe à Gillou, Gillou passe à Jeannot, et Jeannot, enfin, passe à Jean-François, détaille-telle. C’est un travail d’équipe, j’aime bien ça ! »

La Mutuelle Générale s'engage en faveur de l'emploi des personnes handicapées

Fidèle à ses principes de non-discrimination et de diversité, La Mutuelle Générale s’est engagée en faveur d’une politique d’insertion et de maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap, tant en interne que dans le cadre de ses collaborations. Grâce aux différentes actions mises en oeuvre depuis près de dix ans, le nombre de collaborateurs handicapés travaillant au sein de La Mutuelle Générale a ainsi augmenté de 54 %. Le département d’Action sociale fait par ailleurs régulièrement appel aux services de l’ESAT mutualiste Les Bordes pour des prestations administratives. Situé à Montbard, dans le département de la Côte-d’Or, l’établissement médico-social est géré par la Mutualité française et accueille quelque 115 travailleurs en situation de handicap.

Valoriser les compétences de chacun

Dorian, lui aussi, aime ce qu’il fait. Arrivé à l’ESAT en 2009, il s’est formé au sein de l’établissement à la menuiserie-ébénisterie et a même obtenu un CAP par validation des acquis de l’expérience (VAE). « Un diplôme, je n’y pensais pas. C’est Philippe, mon moniteur, qui m’a proposé de me lancer, raconte le jeune homme de 32 ans. Quand j’ai eu mon CAP, ils étaient tous fiers de moi, et moi aussi j’étais content parce que je ne pensais pas que j’allais y arriver. »

Dans le brouhaha de l’atelier, Philippe Tessier, le moniteur, le reconnaît : le cas de Dorian fait malgré tout figure d’exception.« Pour certains comme Dorian, les progrès sont importants, mais pour d’autres, c’est plus compliqué. Il faut répéter,adapter encore et toujours, en veillant à valoriser les compétences de chacun », insiste-t-il. Derrière lui, casque antibruit sur les oreilles, Jean-Pierre, 53 ans, débite des lattes de bois à la chaîne. Atteint d’un trouble autistique, l’homme est concentré sur sa tâche. « Dans un milieu ordinaire, quelqu’un qui toute une journée, toute une semaine scierait des lattes de bois, je pense qu’il baisserait le rythme. Jean-Pierre, non. Quand il arrive le matin, il sait ce qu’il a à faire, il est complètement autonome et se sent en confiance. »

Des rôles bien définis

La confiance, c’est peut-être ça, la clé du succès de l’ESAT de Nuits-Saint-Georges. Celle que les moniteurs et les éducateurs spécialisés placent dans leurs équipes, mais aussi celle des clients, à l’image de ce groupe pharmaceutique qui a décidé de déléguer à l’établissement bourguignon le conditionnement d’une partie de ses pansements. Une pièce y est tout spécialement consacrée.

Pour y pénétrer, il faut revêtir un masque, une blouse et une charlotte. S’agissant de dispositifs médicaux, pas question de prendre le moindre risque. « Nous avons une procédure standardisée, avec un cahier des charges très précis », assure Catherine Slominski, la monitrice responsable du conditionnement pharmaceutique. Ici comme dans tous les autres ateliers, chaque opérateur – ils sont une dizaine en tout – a un rôle bien défini : contrôler les numéros de lots, inspecter les pansements pour vérifier qu’aucun ne présente de défaut, monter les boîtes, insérer les pansements,placer un mode d’emploi et,enfin, s’assurer que rien n’a été oublié.

Un droit universel

Une mission qui incombe à Reynald, 57 ans. « Pour être sûrs que chaque boîte contient bien 16 pansements, explique Catherine Slominski, nous les pesons à l’aide d’une balance adaptée, dotée d’un code couleur spécifique pour les gens qui ne savent pas lire. Ils sont rares, mais ce procédé facilite le travail », observe-t-elle.

Assis à son poste, Reynald pose, en guise de démonstration, une boîte sur la balance : « S’il n’y a pas le bon nombre de pansements, ça fait rouge ou ça fait bleu. Ça veut dire qu’il y a une faute. Si c’est bleu, il faut mettre un pansement en plus. Si c’est rouge, il faut en enlever un. Mais là, vous voyez, c’est vert, alors c’est bon ! », glisse-t-il, visiblement satisfait. Ce n’est qu’une fois cette étape effectuée que la boîte peut être scellée à l’aide d’une vignette d’inviolabilité et rejoindre les autres dans un carton.

Une rigueur qui a su fidéliser les grands donneurs d’ordre historiques que sont La Poste et le groupe Orange, pour lequel l’atelier de métallerie fabrique notamment des éléments de protection à destination des centraux téléphoniques. Mais qui a également permis à l’ESAT de Nuits-Saint-Georges de développer une clientèle de particuliers, séduits par la qualité du travail effectué. La promesse pour l’établissement bourguignon de pouvoir continuer à assurer encore longtemps la mission que s’est donnée l’AGEF : permettre aux personnes vulnérables d’accéder à un droit universel, celui au travail pour tous.

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