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Encore beaucoup d’avortements malgré la contraception

Publié le 29/04/15

Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales, remis début février à Roselyne Bachelot, tire la sonnette d’alarme : le nombre d’interruption volontaires de grossesse reste élevé. Pourtant, 72 % sont réalisées sur des femmes qui utilisent une contraception.
 
« Huit ans après l’adoption de la loi de 2001, le contexte français demeure paradoxal : la diffusion massive de la contraception n’a pas fait diminuer le nombre des IVG, qui se maintient aux environs de 200 000 par an ». Ce constat sévère du rapport de l’IGAS est partagé par Marie-Pierre Martinet, secrétaire général du Planning Familial : « 2/3 des femmes qui ont recours à l’IVG ont une contraception. Cela pose la question du choix du contraceptif, qui n’est pas toujours adapté. »
 
Le « modèle français » remis en cause

Le rapport de l’IGAS met sévèrement en cause le modèle contraceptif français. Et de dénoncer le fait que tous les facteurs convergent vers une prédominance, « sans équivalent à l’étranger », de la pilule : demande des femmes, pratiques de prescription des médecins, revendications des associations ou des politiques qui tendent à se focaliser sur la question du remboursement des nouvelles pilules, sans parler des considérations économiques et commerciales (la pilule, générant un chiffre d’affaires régulier supérieur au stérilet, et faisant l’objet d’un marketing important des laboratoires) ».

Des praticiens pas assez formés

Le rapport de l’IGAS constate également que la prescription d’un contraceptif « procède trop rarement d’un véritable choix en partenariat entre le médecin et la patiente ou le couple ». Un constat auquel souscrit la responsable du planning familial : « Lors du premier rapport, on utilise le préservatif. Puis on passe à la pilule. Enfin, on pose un stérilet aux femmes qui ne veulent plus d’enfants. Pourtant il y a toute une palette de contraceptions possibles. Le problème, c’est que contraception et avortement ne sont pas abordés dans la formation initiale des futurs médecins », déplore-t-elle.

Un recours encore insuffisant à la contraception d’urgence

Le rapport de l’IGAS met également le doigt sur le fait que « la contraception d’urgence ne joue pas pleinement son rôle de rattrapage ». Accessible sans prescription médicale, la « pilule du lendemain » est délivrée gratuitement et de façon anonyme aux mineures en pharmacie, sur simple déclaration auprès du pharmacien. Or, selon l’IGAS, « Les demandes de paiement sont relativement fréquentes et certains professionnels exigent une pièce d’identité ». En outre, le manque d’information freine encore son utilisation : 61% des femmes souhaitant avoir recours à une IVG déclarent « qu’elles ne pensaient pas qu’il y avait un risque » et nombre de jeunes « continuent de se fier aux indications de leurs manuels scolaires selon lesquels l’ovulation intervient au 14e jour du cycle ».

Du travail en perspective

Roselyne Bachelot reconnaît dans ce contexte qu'il « faut améliorer l'accès et l'information à la contraception ». La ministre de la Santé s’est d’ailleurs engagée à « mettre le paquet » en milieu scolaire sur l’éducation aux moyens de contraception et la sexualité.
Pas assez d’informations, des méthodes contraceptives encore mal ou pas du tout remboursées par la Sécurité sociale et, enfin, un déficit de formation des médecins : malgré les idées reçues (on parle des Françaises comme des « championnes de la contraception »), il reste encore du chemin à parcourir pour faire enfin baisser le nombre d’avortements dans l’hexagone.

Consulter le rapport de l’IGAS