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Illettrisme : mettre des mots dessus

Publié le 21/07/15

Déclarée Grande Cause Nationale 2013, la lutte contre l’illettrisme est d’abord une lutte pour la visibilité des personnes touchées. Les repérer pour les aider constitue un facteur d’intégration et, donc, de cohésion sociale. Explications.

C’est un handicap lourd mais invisible. Un mal qui ronge et isole ceux qu’il frappe. Ils sont pourtant nombreux, et dans toutes les couches de la société. Dans l’Hexagone, deux millions et demi de personnes de plus de 16 ans sont touchées par l’illettrisme. « Ces personnes, qui sont dans l’incapacité de lire ou de déchiffrer toutes seules une notice de médicament, un document administratif, bref d’accomplir ces actes simples de la vie quotidienne, ont toutes en commun d’avoir été scolarisées en France, explique Hervé Fernandez, directeur de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI). Elles ont un peu honte de cette situation, et consacrent beaucoup de temps et d’énergie à cacher leurs difficultés. » D’où la nécessité de communiquer sur ce problème. « En parler, c’est une façon d’agir. Nous voulons montrer que l’on peut apprendre à tous les âges de la vie. »

Contre les idées reçues

Il s’agit aussi d’en fi nir avec les clichés. Aujourd’hui, plus de la moitié des illettrés ont un emploi. Ils vivent majoritairement en zone rurale et ont plutôt plus de 45 ans. « On fait le pari que ceux qui ne sont pas illettrés vont changer leur attitude, savoir repérer les difficultés des personnes touchées et les accompagner vers la lecture, affirme Hervé Fernandez. On veut stigmatiser l’illettrisme sans stigmatiser ces personnes ». L’offre de formation est le prolongement naturel de cette communication. Si la circulaire de rentrée 2013 réaffirme la volonté de voir tous les enfants maîtriser les savoirs de base, la formation des salariés du privé comme du public reste « la colonne vertébrale de la lutte », rappelle Hervé Fernandez, qui précise que chaque année, plus de 4 000 agents de la fonction publique bénéficient de formations.

À savoir

65 organisations fédérées autour d’une lutte commune. Attribué au collectif « Agir ensemble contre l’illettrisme », le label Grande Cause Nationale 2013 est animé par l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI), qui fédère pas moins de 65 organisations allant du Medef à la CGT. Hervé Fernandez, directeur de l’ANLCI, se félicite de « la dynamique créée par des partenaires comme le Syndicat de la presse sociale qui contribue, depuis de nombreuses années, à communiquer sur ce problème ». Avec à la clé, en cette année de sensibilisation, des espaces gratuits sur les chaînes du service public.

7 % de la population âgée de 18 à 65 ans est illettrée. C’est 2 % de moins qu’en 2004.

en savoir plus www.illettrisme2013.fr et www.anlci.gouv.fr