L’emploi des seniors, un atout pour l’entreprise

Aujourd’hui, on compte seulement un tiers des plus de 60 ans occupant un emploi. Les deux tiers restants ? Ils seraient déjà à la retraite, ou au chômage dans l’attente de leur future retraite. Ce, alors que l’âge légal de départ était encore de 62 ans en 2023. Face à ce déficit, le gouvernement affiche en retour un objectif ambitieux : atteindre un taux d’emploi de 65 % des seniors d’ici 2030. 

Une culture anti-senior ?

Les freins semblent pourtant nombreux, au premier rang desquels les idées reçues : 

• inadaptés aux nouvelles technologies ; 
• trop chers ; 
• compliqués à manager. 

32 % des recruteurs et 68 % des directeurs des Ressources humaines reconnaissent repousser les candidatures des seniors¹.  Les mesures de protection sociale n’aideraient pas non plus : les dispositifs de rupture conventionnelle et l’assurance chômage garantie jusqu’à l’obtention d’une retraite à taux plein ont jusqu’ici favorisé un départ anticipé des salariés les plus âgés. 

Pour inverser la tendance, les partenaires sociaux sont mis sous pression pour identifier des solutions concrètes depuis la fin de l’année 2023. De nombreuses pistes sont sur la table, notamment pour les chômeurs de plus de 55 ans : 

• la (ré)immersion en entreprise ; 
• la reconversion (surtout pour les métiers les plus durs physiquement) ;
• et son parallèle , la formation. 

Des mesures plus coercitives sont aussi avancées : 

• un index senior transparent pour inciter les entreprises à embaucher les plus âgés et éviter les discriminations face à l’âge ; 
• l’abaissement de la durée d’indemnisation du chômage de 27 à 18 mois ; 
• la mise en place d’un temps partiel pour les plus de 55 ans supposant de travailler 80 % d’un équivalent temps plein pour 90 % de salaire.

Nouvelle vision et adaptations pour favoriser l’emploi des seniors

Expérience, compétences, stabilité, transmission des savoirs. Les qualités des plus de 55 ans sont pourtant connues. Pour mieux les exploiter, l’entreprise dispose de plusieurs moyens : des aménagements peuvent être réalisés pour tenir compte des besoins spécifiques des seniors, tels que des horaires de travail flexibles, la réduction de la pénibilité physique ou l'adaptation des postes de travail. La formation continue doit aussi être encouragée pour maintenir et développer leurs compétences tout au long de la vie.

(Re)valoriser l’apport des seniors à l’entreprise

Surtout, il semble essentiel de déconstruire les préjugés et de montrer en quoi les seniors sont réellement utiles dans une équipe de travail. Les opposer aux jeunes générations est stérile. Bien au contraire : le tutorat et la transmission des compétences joueront un rôle important auprès des plus jeunes pour renforcer le lien intergénérationnel. La pluralité des profils apportera aussi une plus grande richesse de perspectives tout en valorisant l'image d’un employeur inclusif et respectueux de la diversité. Enfin, la motivation des seniors est à souligner : dans une entreprise où la fidélité des nouveaux arrivants est souvent questionnée, les seniors affichent un taux d’engagement bien plus élevé. Leur stabilité et leur éthique professionnelle apporteront sans nul doute une contribution positive à la performance RH, donc à toute l’entreprise.

^{1. Grant Alexander/Opinion Way, novembre 2023}