Santé mentale des jeunes : l’état d’urgence ?
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
Ma santéSommaire
Les sports collectifs, l'athlétisme, les sports de raquette etc. sont à pratiquer sans limite même lorsque l'on souffre d'épilepsie. Une réserve importante cependant pour les sports mécaniques, nautiques ou aériens : du fait d'un risque vital ou de blessure grave en cas de crise d'épilepsie lors de l'activité sportive, l'épilepsie doit être équilibrée depuis une longue période et le neurologue doit donner son feu vert.
L'épilepsie -ces décharges anormales d'influx nerveux dans le cerveau- est le trouble neurologique le plus fréquent après la migraine (1% de la population, soit 500 000 personnes en France). L'idée reçue que l'épilepsie serait une contre-indication à toute activité physique vient de loin. On a longtemps cru que les microtraumatismes crâniens occasionnés par le sport pouvaient aggraver l'épilepsie et générer une crise d'épilepsie. Ce "raccourci" n'a aucun fondement scientifique.
L'autre argument est le risque d'accident au cours d'une crise. Ce qui est potentiellement vrai pour certains sports (sports mécaniques, aériens etc.) ne doit pas porter ombrage à de très nombreux autres sports praticables, dénués de tels risques comme la course à pied ou les sports collectifs.
Dr Gilles Huberfeld, neurologue, Département de Neurophysiologie Clinique, CHU Pitié-Salpêtrière (Paris) : « A l'école, la dispense de toute activité sportive devrait rester l'exception, rare et passagère. 60% des épileptiques pratiquent une activité physique, c'est moins qu'en population générale. Idées reçues et surprotection y sont pour beaucoup mais aussi la réalité des effets secondaires potentiels des traitements (fatigue, somnolence) qui peut décourager. Alors qu'au contraire, une activité physique peut probablement améliorer cette fatigue et contribuer à resocialiser les patients ».
En préambule, il faut distinguer le type de sport. Celui pratiqué en anaérobie (efforts intensifs, conditions extrêmes) serait plutôt protecteur vis-à-vis de la survenue de crises via les modifications d'acidité et de métabolisme du cerveau qui tendent à empêcher les neurones à entrer en fonctionnement pathologique comme au cours de la crise d'épilepsie. Mais la grande majorité des activités sportives se font dans le cadre d'un métabolisme aérobie (puissance soutenue, ventilation). Le sport augmente le niveau de vigilance, ce qui peut avoir un effet antiépileptique (contrairement à ce que l'on croit, une crise d'épilepsie survient plus volontiers au repos, endormi ou peu occupé). Certaines voies de stress sont activées qui modifient l'activité cérébrale par le biais d'hormones endogènes comme les neurostéroïdes mais qui affectent aussi les neurotransmetteurs comme la sérotonine, la noradrénaline ou la dopamine.
Dans les faits, il est rarissime qu'une crise d'épilepsie soit déclenchée au cours d'un sport. Globalement, le fait de reprendre l'entraînement améliore l'épilepsie et dans une étude, un tiers des personnes épileptiques a réduit la fréquence de ses crises grâce à la reprise de l'activité sportive (1). Sur l'encéphalogramme, les anomalies de l'activité cérébrale sont discrètement réduites.
Dr Huberfeld : « De nombreux mécanismes interviennent dans cette amélioration de l'épilepsie, sans qu'ils soient complètement élucidés. Une épilepsie s'aggrave en cas de stress, de dépression, d'anxiété. Or la reprise d'une activité sportive et sociale, un challenge, la sensation de bien-être, un comportement apaisé (stress, anxiété), un risque de dépression diminué etc. tout cela est positif. On l'a montré chez des rats mais pas encore suffisamment clairement chez l'homme : soumis à un programme sportif, il faut les stimuler beaucoup plus fort pour que la crise d'épilepsie se déclenche. Grâce aux efforts sportifs, leur épilepsie est alors moins sévère et les crises surviennent plus tardivement ».
Que l'épilepsie soit équilibrée ou non (crises plus ou moins fréquentes), elle ne représente pas une contre-indication médicale à : la course à pied, les divers sports d'athlétisme, la plupart des sports de contact (judo, lutte, etc.), les sports collectifs sur le terrain (baseball, basket-ball, football, rugby, volley-ball, etc.), les sports de raquette (squash, tennis de table, tennis, etc.), la danse, le golf, le ski de fond.
Une quantité de sommeil suffisante et stable est bienfaisante pour l'épilepsie. Il convient de bien s'hydrater et de ne pas oublier de prendre ses médicaments.
Des précautions sont nécessaires pour certains sports plus à risque (surveillance, port de casque ou de gilet de sauvetage, vitesse limitée) mais praticables par une majorité de personnes épileptiques : ski alpin, natation en piscine et encore plus en mer, ski nautique, escrime, gymnastique, équitation, cyclisme, patinage, roller et skateboard, musculation.
Dans tous les cas, le médecin et les personnels encadrant doivent être avertis de la maladie.
Avant d'envisager la pratique des sports mécaniques au sens large, de l'aviation, de l'escalade, de l'alpinisme, du parachutisme, du deltaplane, du saut à ski ou des plongeons, de la planche à voile ou du surf... il faut se poser une question : quelle est la fréquence des crises ? Si l'épilepsie est parfaitement équilibrée depuis plusieurs années, aucun sport n'est véritablement interdit, même s'ils restent considérés comme dangereux. Le sport de compétition ou de haut niveau n'est pas incompatible avec l'épilepsie.
Dr Huberfeld « En règle générale, ce type d'activité sportive est contre-indiqué, sauf quand l'épilepsie est totalement équilibrée, c'est-à-dire qu'il n'y a eu aucune crise d'épilepsie depuis un an sans traitement - ce qui me semble personnellement trop court comme délai- et cinq années avec traitement et sans crise d'épilepsie depuis au moins 10 ans. Cette plus grande tolérance est issue des récentes recommandations de la Ligue Internationale contre l'épilepsie (2). En revanche, la plongée sous-marine reste un sport très fortement déconseillé ».
Dr Huberfeld : « Il ne faut pas oublier que l'épilepsie est une maladie capricieuse : vis-à-vis de la fréquence des crises, les périodes ne se ressemblent pas forcément. De plus, le traitement antiépileptique se prend à heure fixe et la pratique sportive ne doit pas bouleverser ce rythme - avoir son traitement sur soi, signaler la maladie sur une fiche conservée en poche, surtout en déplacement loin de chez soi- . Il faut aussi se rappeler qu'à chaque modification de traitement la maladie peut se déstabiliser ».
Source : e-santé
Hélène Joubert, journaliste scientifique
La santé mentale des 11-24 ans ne cesse de se dégrader. Les explications et les conseils du Pr Florian Ferreri, psychiatre.
Ma santéLes directives anticipées permettent d’exprimer ses volontés en situation de fin de vie. Voici ce qu’il faut savoir.
Ma santéReste à charge porté à deux euros depuis le 15 mai 2024, tarifs en des consultations médicales en hausse. Que retenir de ces nouveautés ?
Ma santé