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Les femmes ne sont pas épargnées par l'insuffisance cardiaque

Publié le 13/04/18

Dans l’insuffisance cardiaque, la "pompe cardiaque" est devenue incapable de fournir un débit sanguin satisfaisant aux besoins de l’organisme. Si les femmes sont aussi concernées que les hommes, la maladie a ses spécificités toutes féminines.

Une insuffisance cardiaque un peu particulière

L’insuffisance cardiaque est une maladie du cœur relativement fréquente puisqu’elle touche 1 à 2% de la population au minimum, soit un million de Français. Au long cours, elle se répercute sur l’ensemble des organes, qu’ils soient rénaux, digestifs ou musculaires. C’est la première cause de mortalité cardiovasculaire devant l'infarctus du myocarde et l'hypertension artérielle. Alors que certaines maladies cardiovasculaires se retrouvent plus souvent chez les hommes, tel le syndrome coronaire aigu (infarctus du myocarde), l’insuffisance cardiaque n’est pas sexiste. Autant de femmes que d’hommes en souffrent (voire même un peu plus de femmes, selon certaines études), probablement parce que tous partagent les facteurs de risque qui font le lit de l’insuffisance cardiaque comme un diabète, une hypertension artérielle, un excès de LDL-cholestérol, un tabagisme ou un surpoids.

Dix ans d’écart

L’insuffisance cardiaque au féminin se manifeste à un âge plus avancé. Les femmes sont en moyenne plus âgées d’une dizaine d’années que les hommes (70-85 ans contre 65-75 ans). Pr Damien Logeart, co-fondateur de « FRESH », l’Observatoire Français de l’Insuffisance Cardiaque (FREnch Survey on Heart failure), Hôpital Lariboisière (Paris) : « C’est d’ailleurs pour cette raison que chez elles, des symptômes atypiques s’en mêlent, comme des palpitations, des douleurs abdominales, des malaises, des syndromes confusionnels, expliquant un retard au diagnostic relativement courant. Cependant, de façon globale, aucune réelle différence sur le plan des symptômes ne ressort réellement. Ils ont été regroupés en 2017 sous l’acronyme « EPOF » pour Essoufflement (dyspnée), Prise de poids rapide, Œdèmes et Fatigue excessive. » La seconde particularité est la forme d’insuffisance cardiaque : les femmes ont davantage d’insuffisance cardiaque dite à fraction d'éjection ventriculaire gauche préservée que les hommes et un peu moins d’insuffisance cardiaque à fraction d'éjection ventriculaire gauche réduite, ce dernier type étant souvent la conséquence d’un infarctus du myocarde, qui touche moins fréquemment les femmes que les hommes. En revanche, l’insuffisance cardiaque à fraction d'éjection préservée étant notamment liée au vieillissement, à l’hypertension artérielle, à l’obésité etc., elle concerne en toute logique plus fréquemment les femmes que les hommes.

La prise en charge s’améliore

C’est un constat général, des inégalités de genre en matière de soins existent, même si elles tendent à se réduire. Une étude a mis en lumière que les femmes recevraient moins de soins que les hommes en cas d’hospitalisation pour une insuffisance cardiaque aiguë. On leur proposerait aussi moins souvent des traitements médicamenteux efficaces ou des procédures interventionnelles et chirurgicales. Un âge plus avancé, une moins bonne tolérance médicamenteuse sont quelques-unes des explications avancées. Néanmoins, la prise en charge de l’insuffisance cardiaque a fait de gros progrès. Le traitement repose sur une polythérapie médicamenteuse, des mesures diététiques, l’exercice physique et parfois certaines prothèses rythmiques (défibrillateur…). De nouvelles recommandations européennes dans la prise en charge de l’IC en 2016 ont précisé la place de ces traitements et ont aussi apporté des nouveautés dont l’ajout d’une nouvelle classe de médicaments très efficaces (antagonistes mixtes des récepteurs à l’angiotensine II et de la néprilysine) qui remplace avantageusement dans certains cas les médicaments classiques (inhibiteurs de l'enzyme de conversion et antagonistes du récepteur de l'angiotensine II). Ce médicament a un double mécanisme d'action : il diminue la pression artérielle et l’effort du cœur, et ce qui est nouveau, empêche la dégradation de molécules bénéfiques pour le cœur (peptides natriurétiques). Pr Damien Logeart : « L’analyse des registres de patients révèle une utilisation plus optimale des médicaments. Par exemple, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) et les bétabloquants prescrits chez 70% des patients il y a 15 ans, le sont aujourd’hui chez 85 à 90%. »

L’insuffisance cardiaque post-accouchement

L’insuffisance cardiaque du post-partum est liée à une maladie du muscle cardiaque du péri-partum avec une prévalence de moins de 1/ 1 000 accouchements en France. Chez certaines femmes, sans que l’on en connaisse précisément les raisons ni que l’on soit en mesure de repérer en amont celles à risque, l’hormone de l’allaitement (la prolactine) provoque une altération de la fonction du ventricule gauche cardiaque, d’où l’insuffisance cardiaque, pouvant se déclarer jusqu’à six mois après l’accouchement. Seule une insuffisance cardiaque du post-partum sur deux est réversible.

Hélène Joubert,journaliste d’après un entretien avec le Pr Damien Logeart, co-fondateur de « FRESH », l’Observatoire Français de l’Insuffisance Cardiaque (FREnch Survey on Heart failure).

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