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Sécheresse vaginale : hydratation et lubrification pour une sexualité épanouie

Le vagin et la vulve vieillissent eux-aussi et sont tout aussi dignes d'entretien que nos dents tout au long de la vie. Comment ? Par l'hydratation, gage d'une bonne lubrification lors d'un rapport sexuel. Car une femme n'a pas à supporter une sécheresse vaginale et celle-ci ne doit surtout pas la détourner de la sexualité.

Publié le 18/01/18

La sécheresse vaginale, un défaut d'hydratation vulvo-vaginale

La lubrification vulvo-vaginale et l'hydratation sont deux phénomènes indépendants mais intimement liés chez la femme.

  • La lubrification. Sa finalité est de réduire le frottement entre deux éléments en contact et en mouvement l'un par rapport à l'autre. Il s'agit de la production d'un mucus à base d'eau par les muqueuses de la vulve et du vagin, sous l'influence de l'excitation sexuelle.

La vulve est lubrifiée par les sécrétions des glandes vestibulaire (ces glandes dites de Bartholin sont situées au niveau du vestibule, à l'entrée du vagin) et urétérales (glandes dites de Skene, au niveau de l'urètre) mais surtout par le mucus produit par les glandes sébacées (présentes dans le derme) et sudoripares (qui sécrètent la sueur) des grandes et petites lèvres. Au niveau du vagin, la lubrification proviendra de l'afflux de sang (congestion vasculaire) qui augmente la pression sanguine veineuse et provoque une filtration du plasma à travers la paroi vaginale ; l'on parle du phénomène de transsudation.

L'hydratation vulvo-vaginale

Phénomène totalement différent, l'hydratation vulvo-vaginale est la sécrétion en continu d'un mucus au niveau de la vulve et du vagin. Comme la muqueuse vaginale n'héberge pas de glandes, ce sont les glandes et les muqueuses de la vulve qui sécrètent ce mucus, associé à la flore vaginale. Son pH est légèrement acide (autours de 4,5). Lorsque cette hydratation est insuffisante on parle de sécheresse vaginale.

Pas de lubrification en cas de sécheresse vaginale

La lubrification vulvo-vaginale est un phénomène réflexe neurologique sous influence de l'excitation sexuelle alors que l'hydratation vulvo-vaginale est sous le contrôle principal des hormones (estrogènes).

Sans excitation sexuelle il n'y aura pas de lubrification en dépit d'un vagin bien hydraté. A l'inverse, une sécheresse vaginale (un défaut d'hydratation) n'empêche pas de lubrifier, mais ce sera alors a minima.

Dr Marie Veluire, gynécologue sexologue : «En pratique il est impossible de bien lubrifier lors d'un rapport sexuel -y compris si la femme est très excitée- si le vagin n'est pas suffisamment hydraté. La lubrification passe par les cellules vaginales, or pour que celles-ci lubrifient correctement, il faut qu'elles soient hydratées correctement pour permettre la transsudation et la sécrétion de mucus lors de l'excitation sexuelle ».

La sécheresse vaginale n'est pas une fatalité

Quatre phénomènes peuvent perturber l'hydratation du vagin (mais aussi du vestibule et de la vulve !) et induire une sécheresse vaginale :

  • Une carence en œstrogènes. Après 50 ans ,lors de la ménopause - et a fortiori après la ménopause- elle entraîne progressivement une atrophie de la vulve et du vagin. Ce peut être aussi la conséquence d'une radiothérapie anticancéreuse, d'une chimiothérapie, d'une hormonothérapie (par exemple les anti-aromatases) ou d'une chirurgie (ablation des ovaires) ...

De plus, l'atrophie vaginale est corrélée à l'inactivité sexuelle. Sous l'influence de l'excitation, la lubrification régulière (par le phénomène de transsudation) oxygène les cellules du vagin, du vestibule et de la vulve qui vieillissement alors un peu moins vite.

Mais nous ne sommes pas toutes égales vis-à-vis de la progression de l'atrophie vaginale (terrain génétique, "surpoids" plutôt favorable etc.). Anatomiquement, l'atrophie vaginale se traduit par une muqueuse plus lisse, une teinte rouge diffuse ou tachetée plus fragile, une diminution de la longueur, de la largeur et de l'élasticité du vagin, ainsi qu'une diminution des muqueuses de l'urètre et de la vessie. Parmi des femmes entre 45 et 75 ans, près de 40% rapportent des signes d'atrophie vaginale avec une sécheresse pour 55% d'entre elles, une dyspareunie (douleur lors des rapports) dans 44% et une irritation (37%), avec un impact sur leur sexualité pour 60%.

  • Un déséquilibre de la flore vaginale. Les causes ne sont pas formellement établies à ce jour. Le vagin est habité par des lactobacilles (10 millions de germes par millilitre de sécrétion vaginale). Des brûlures au moment de la pénétration vaginale, des phénomènes d'irritation et d'inflammation, un écoulement (leucorrhées) inhabituel doivent y faire penser.
  • Un vagin dont le pH devient alcalin ou très acide (dû à des infections, à un déséquilibre de la flore vaginale etc.)

En revanche, les contraceptifs oestroprogestatifs (œstrogènes et progestérone) n'ont -selon la littérature scientifique- aucun impact sur l'hydratation et n'induisent pas une sécheresse vaginale. Au contraire, en théorie, l'ajout d’œstrogènes est bénéfique à l'hydratation vaginale. Attention à ne pas accabler la pilule alors que c'est en fait un manque d'excitation sexuelle!

Le vagin souffre de mauvaises habitudes

De 15 à 45 ans, bien des comportements peuvent aussi compromettre une hydratation vaginale de qualité. Un excès d'hygiène intime parfaitement contre-indiqué (pas de douches vaginales !), le port de vêtements trop serrés, des interventions chirurgicales (épisiotomie), le post-partum (il faut 2-3 mois pour retrouver une hydratation normale) et toutes les infections bactériennes, parasitaires et mycosiques peuvent contribuer à la sécheresse vaginale.

Dr Veluire : «Avant la ménopause, les conséquences d'un défaut d'hydratation sont un prurit (démangeaisons), des irritations vulvaires, une sensation d'inconfort, le tout induisant une dyspareunie (douleur lors des rapports sexuels), elle-même cause de baisse du désir sexuel par anticipation négative. Lorsque la situation perdure, une hypertonie du périnée peut apparaître (et donc des difficultés à le contracter). Le vagin doit être hydraté, et surtout en post-ménopause, sans oublier le vestibule et la vulve, souvent plus "déshydratés" que le vagin lui-même en cas d'inactivité génitale. Un entretien quasiment à vie ».

Que faire contre la sécheresse vaginale ?

Sècheresse, prurit, saignement post-coïtaux, dyspareunies... ces signes doivent faire penser à un vieillissement vulvo-génital et consulter un gynécologue. Une décision pas si évidente pour les femmes : à la question «Avez-vous consulté pour des rapports douloureux arrivant souvent ou parfois au cours de l'année ? », 87% des femmes répondent par la négative. 30% des 25-39 ans souffrent de rapports douloureux (48% des 18-24 ans, 22% des 40-49 ans et 25% au-delà de 50 ans).

Notre vagin, comment être à ses petits-soins :

  • Rééquilibrer la flore vaginale avec un traitement par probiotiques (par voie orale ou vaginale) même si l'impact de celui-ci reste empirique. Il se pourrait aussi qu'il faille en parallèle rééquilibrer sa flore intestinale ; un nombre croissant d'études scientifiques encore balbutiantes lient les deux. En revanche, les gélules en intravaginal (sur prescription médicale) contenant de l'estriol et de bacille de Döderlein ou lactobacille ont montré leur utilité dans ce cas.
  • Utiliser des lubrifiants ponctuels (au cours ou juste avant le rapport sexuel).
  • Employer des lubrifiants longue durée. Il s'agit d'acide hyaluronique qui se délite progressivement sur deux à trois jours. Ils sont à utiliser de façon systématique deux fois par semaine chez les femmes qui sont en carences d'oestrogènes et qui ne peuvent (ou ne veulent pas) recevoir d'apport hormonal.
  • Déposer, en intravaginal et vulvaire, tous les deux jours des oestrogènes locaux (estriol, promestriène sur prescription médicale) pour lutter contre l'atrophie vaginale et relancer l'hydratation.

Dr Veluire : «Nous, gynécologues, devons prêter l'oreille lorsqu'une femme parle de rapports douloureux. Chez une femme jeune, c'est le plus souvent un problème de lubrification et non d'hydratation (sécheresse vaginale), en rapport avec une insuffisance d'excitation (préliminaires trop courts, apprentissages limités). En revanche, chez la femme en post- ménopause, il s'agit bien d'hydratation déficiente et la difficulté est qu'elle n'en parle pas. Pourtant, même sans vie sexuelle, hydrater le vagin et le vestibule est nécessaire vis-à-vis de l'atrophie vaginale, ne serait-ce que pour une meilleure fonction urinaire (pollakiurie, dysurie, irritations, sensation de pesanteur, gêne diffuse etc..). Les estrogènes vont permettre d'hydrater toute la paroi antérieure du vagin, l'urètre et les glandes alentours».

Source : e-santé

Hélène Joubert, journaliste scientifique

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