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Cancer colorectal : dois-je me faire dépister ?

Publié le 06/02/18

A l’occasion du ColonDays, 1000 gastro-entérologues se mobilisent la semaine du 7 au 14 mars pour répondre à vos questions sur le cancer colorectal, au sein des cabinets médicaux, cliniques et hôpitaux français. Guéri dans 90% des cas lorsqu’il est découvert tôt, se faire dépister est le seul moyen -radical- de l’éliminer. Encore faut-il connaître son niveau de risque de cancer.

 

Cancer du colorectal : seul 1 Français sur 3 se fait dépister

Comme chaque année, Mars Bleu est le mois du cancer colorectal. 42 000 nouveaux cas et 17 500 décès sont dénombrés annuellement en France. Alors que le cancer du côlon est, avec celui du poumon, l’un des plus mortels, moins d’un Français sur trois (30%) se fait dépister. Ce chiffre ne semble pas progresser avec les années, probablement parce qu’une grande partie de la population (54%) persiste à ne pas se considérer comme « à risque »*. Résultat, 50% des cancers diagnostiqués sont métastatiques, c’est à dire qu’ils ont déjà essaimé dans le reste du corps. Or, à ce stade du diagnostic, le risque d’en mourir est de 80 %. A l’inverse, lorsque le cancer colorectal est pris tôt (avant l’apparition des symptômes, grâce au dépistage**) la guérison avoisine les 90% voire 100%. Le cancer colorectal se développe sur plusieurs années à partir de polypes "poussant" sur la paroi tapissant l’intérieur du côlon et du rectum. C’est simple : enlever un polype bénin permet d'éviter un cancer du côlon potentiel. Rare avant 50 ans, sa fréquence augmente par la suite. L’enquête nationale « Vivre avec un cancer colorectal » pour l’Association France Côlon rendue publique en février 2017 confirme ce retard au diagnostic : une personne sur deux a découvert sa maladie alertée par des symptômes spécifiques (principalement sang dans les selles et fatigue) ; cependant, plus d'un tiers des patients (34 %) a attendu plus de six mois avant de consulter.

Quelles sont les personnes à risque « moyen » de cancer colorectal ?

Avant l’âge de 50 ans, le risque étant faible, il n’est pas question de dépistage. Passé cet âge, le risque est soit "moyen" soit "élevé". Sans symptôme ni antécédent personnel ou familial de cancer ou d’adénome colique (polype > 1 cm), le risque est qualifié de « moyen », c’est-à-dire un risque de 3% de développer ce type de cancer. Globalement, 70-75% des cancers du côlon surviennent chez ces personnes à risque « moyen ». Le dépistage, réalisé à l’aide d’un test « immunologique » est préconisé tous les deux ans. Il vise à déceler la présence de saignement occulte dans les selles. Chaque intéressé reçoit par courrier une invitation au dépistage, pris en charge à 100 % par l'Assurance Maladie.

Quelles sont les personnes à risque « élevé » de cancer colorectal ?

Environ 20% des cancers colorectaux surviennent chez des personnes à risque « élevé » et 5 à 10% chez celles à risque « très élevé ». Le risque est qualifié d’« élevé » en cas d’antécédents familiaux et/ou personnels de polype ou de cancer colorectal. Un cancer colorectal sur trois est familial. En cas d’antécédents de cancer colorectal, plus les personnes sont apparentées à un degré proche et plus le nombre de parents touchés est important, plus grand est le risque de cancer. Compter un apparenté du premier degré avec un cancer colorectal ou un polype avant l’âge de 65 ans (ou si la personne a deux apparentés du 1er degré touchés, quel que soit leur âge) indique la réalisation d’une coloscopie de dépistage. En effet dans ce cas, le "test immunologique" est inutile et la coloscopie s’impose d’emblée. On entre alors dans le domaine de la prévention et non plus du simple dépistage : la coloscopie permet de déceler la présence éventuelle de polypes et de les retirer avant qu'ils ne se transforment en cancer. Pr Frank Zerbib, du service d’Hépato-gastro-entérologie et oncologie digestive (CHU Bordeaux) : « Les personnes à « haut risque » ont 8-15% de risque de cancer colorectal. Certaines personnes sont même classées à « très haut risque » ; elles ont jusqu’à 100% de risque de cancer colorectal dans la polypose adénomateuse familiale (affection héréditaire causée par une mutation génétique sur les gènes APC et MYH) et 80% dans le syndrome de Lynch (hereditary nonpolyposis colorectal cancer ou HNPCC) ».

Nouveau test « immunologique » : plus simple, plus fiable

En 2016, un nouveau test rapide dit « immunologique » a fait son entrée dans le dépistage en France. Il a avantageusement remplacé l’ancien test Hemoccult®. D’une part parce qu’il est plus performant : il permet de détecter deux fois plus de cancers et 3 à 4 fois plus de polypes que l’ancien test. Un test positif (environ 4 % des cas) ne dénote pas forcément la présence d’un cancer mais la coloscopie s’impose pour le confirmer ou l’infirmer. L’autre avantage du test est qu’il est plus simple et plus rapide à réaliser. Il consiste à prélever chez soi un seul échantillon de selles (et non plus trois, sur trois jours) au moyen d’un kit de prélèvement bien plus aisé à manipuler et à l'envoyer dans les cinq jours au laboratoire de biologie médicale indiqué. Les résultats sont obtenus dans les quinze jours. Sa simplicité d’utilisation améliore-t-elle sa diffusion ? Une étude menée en Ille-et-Vilaine a montré que la convocation au dépistage par le test immunologique envoyée au domicile par l’Assurance Maladie, doublée d’un envoi au domicile du kit lui-même si la personne ne s’est pas faite dépistée permet de passer d’un taux de dépistage de 30% à près de 50%. Reste qu’en 2016, cette relance postale a été abandonnée. Le Conseil National Professionnel d’Hépato-Gastroentérologues (CNPHGE) ne lâche pas l’affaire. Côlondays 2017 en pratique : https://www.colon-days.fr

 

Marion Garteiser, journaliste santé

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