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Cancer du col de l’utérus : la prévention passe la vitesse supérieure

Publié le 07/11/19

 

La prévention du cancer du col cervico-utérin change de braquet. Alors que depuis le début de l’année 2019, le dépistage organisé se met en place en France, la Haute Autorité de santé (HAS) vient de rendre son avis en faveur de l’utilisation d’un nouveau test plus efficace que le classique frottis cervico-utérin. Ces mesures sont complémentaires d'une stratégie de prévention au moyen de la vaccination contre les virus HPV, proposée aux jeunes filles dès 11 ans.

Repérer toute lésion suspecte avant qu’elle ne se transforme en cancer
Le cancer du col de l’utérus est une maladie évitable dans 9 cas sur 10. On sait le dépister et pourtant, on dénombre encore 3 000 nouveaux cancers et 1 100 décès par an en France. En cause, l'infection génitale à certains virus, les papillomavirus humains (HPV), dont les plus redoutables sont les HPV 18 et 16. Dans 90% des cas, le virus disparaît spontanément en un an. Mais comme c’est un as du camouflage, il peut aussi rester endormi dans les cellules de l’organisme. Lors d’une contamination ou lorsqu’il se réactive, il provoque tout d’abord des lésions précancéreuses, passant souvent inaperçues alors même qu’elles risquent de dégénérer en cancer. D’où l’intérêt d’un dépistage précoce, grâce à un frottis "cervico-utérin" qui consiste à prélever des cellules au niveau du col de l’utérus afin de repérer celles en voie de cancérisation.
Grâce à l’emploi de ce test, le nombre de cancers a été divisé par deux. « Le dépistage permet de repérer le plus tôt possible d’éventuelles lésions précancéreuses (35 000 par an), explique Stéphanie Barré, responsable du programme de dépistage du cancer de l’utérus à l’Institut national du cancer (INCa), de les surveiller ou de les soigner selon les cas et ainsi, de prévenir l’apparition d’un cancer. Si un cancer est détecté, les soins seront souvent moins lourds et préserveront davantage le devenir obstétrical de la femme. Le pronostic sera aussi meilleur en cas de tumeur traitée à un stade le plus précoce possible ».
En pratique, le frottis est recommandé tous les 3 ans chez toutes les femmes âgées de 25 ans à 65 ans (après 2 frottis normaux à 1 an d’intervalle).

30 à 50% des femmes ne se font pas dépister

Et pourtant, le cancer du col utérin est l’un des seuls cancers dont le taux de survie diminue ! En effet, trop de femmes boudent le dépistage : 48 % des 50-65 ans ne réalisent pas de frottis et 33 à 35 % des plus jeunes. Les femmes après 50 ans sont celles qui se font le moins dépister. Ce sont pourtant celles dont le risque de cancer est le plus élevé (âge moyen du diagnostic : 51 ans, âge de décès moyen : 64 ans). En effet, le suivi contraceptif et donc gynécologique n’est plus aussi régulier et d’autres maladies chroniques ont tendance à capter l’attention des médecins.

Pour y remédier, le 3e plan cancer 2014-2019 a imposé le dépistage organisé. Celui-ci est en train d’être en place progressivement depuis le début de l’année 2019, afin d’offrir aux femmes un accès à un dépistage régulier. Celles qui n’ont pas réalisé de frottis depuis plus de trois ans recevront une invitation par courrier à leur domicile, qui leur permettra de bénéficier d’une prise en charge de l’examen à 100%. Celui-ci pourra être pratiqué par les médecins généralistes, les gynécologues, les sages-femmes et d'autres professionnels de santé (laboratoires de biologie médicale, infirmières).
L’enjeu est important : si 80% des femmes se font dépister, la survenue et la mortalité par cancer du col baisseront de 30 % en dix ans.

Le test HPV chez les femmes de plus de 30 ans
Si le frottis est efficace, un autre test l’est encore plus et pourrait bientôt le détrôner comme aux Pays-Bas ou en Italie : le test HPV vaginal. Celui-ci détecte l’ADN du virus HPV. La HAS vient de proposer aux pouvoirs publics que ce test HPV se substitue en 1ère intention à l'examen cytologique chez les femmes de plus de 30 ans*. Si le test HPV revient positif, un frottis cervico-utérin sera réalisé en triage et, si celui-ci s’avère également positif, une colposcopie sera réalisée. Si le frottis revient négatif, la femme devra se soumettre à un contrôle HPV, un an après.
En revanche, pour les moins de 30 ans, le frottis demeure l'examen de référence en dépistage primaire, les infections HPV transitoires étant très fréquentes à cet âge.

L’autre intérêt de ce nouveau test HPV est qu’il pourrait être utilisé en auto-prélèvement à domicile, pour les femmes qui refusent d’être examinées ou qui sont éloignées du système de soins.

Hélène Joubert, journaliste. Merci à Stéphanie Barré, responsable du programme de dépistage du cancer de l’utérus à l’Institut national du cancer (INCa).

*https://www.has-sante.fr/jcms/c_2806160/fr/evaluation-de-la-recherche-des-papillomavirus-humains-hpv-en-depistage-primaire-des-lesions-precancereuses-et-cancereuses-du-col-de-l-uterus-et-de-la-place-du-double-immuno-marquage-p16/ki67

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