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Sortir de la dépression grâce à l’hypnose

Publié le 06/11/17

L’hypnose permet un travail de fond dans la dépression. L’état dépressif est d’ailleurs l’un des premiers motifs de consultation en hypnothérapie. Que faut-il en attendre ?
 

Dépression, pourquoi penser à l’hypnose ?

L’amalgame est fréquent : toute tristesse associée à un événement difficile serait une dépression. C’est évidemment plus complexe que cela, et il ne suffit pas d’être triste pour être déprimé. C’est pourquoi, en préalable à une prise en charge en hypnothérapie, le diagnostic de syndrome dépressif doit être posé par un médecin (médecin généraliste ou psychiatre). L’hypnose ne peut pas non plus s’envisager comme une prise en charge unique mais complémentaire. Tout comme les médicaments qui, seuls, ne suffisent pas. Il peut y avoir un intérêt à les prescrire lors d’une hypnothérapie pour diminuer certains symptômes devenus trop lourds, pour un travail plus en profondeur.

Pr Antoine Bioy, professeur de psychologie clinique et psychopathologie (Université de Bourgogne, Dijon), docteur en psychologie et responsable scientifique de l’Institut Français d’Hypnose (Paris) : « L’hypnose s’avère être une très bonne thérapie dans la dépression car elle permet de travailler sur la cause de la dépression en tant que telle. Si la dépression possède toujours de multiples aspects et dimensions, il existe à chaque fois un noyau central dans la dépression, c’est la question de la perte. L’expérience de perte vécue par la personne est insupportable (deuil difficile, séparation complexe, perte d’emploi touchant au sentiment d’identité…). L’hypnose permet au patient de revisiter le lien avec ce qu’il a perdu, puis de modifier la façon dont il se positionne par rapport à cet événement douloureux. Autrement dit, grâce à l’hypnose, le vécu se trouve modifié. Il se dessine alors une voie de résolution par rapport au vécu dépressif ». 
 

L’hypnose s’attaque aussi aux symptômes de la dépression

L’hypnose permet de plus d’aborder les différents symptômes de la dépression, dont le sentiment de tristesse, l’isolement social et le manque d’intérêt pour les activités du quotidien. Ce travail est réalisé à l’aide de suggestions et de métaphores construites pour le patient, dont les effets seront facilités par l’état hypnotique.

Souvent, les patients dépressifs ont du mal à mettre des mots sur leur souffrance et à expliquer pourquoi ils sont devenus dépressifs. Plutôt que par la parole, l’hypnose permet un travail qui passe par les perceptions et les sensations corporelles. Ce travail autour des ressentis du patient est fondamental. En effet, ils ressentent généralement les signes de la dépression avant tout par leur corps ; par exemple la sensation de lourdeur, qui accompagne un ralentissement moteur (marche plus lente, etc.). La mise sous hypnose permet de se focaliser sur cette sensation de lourdeur et, sans la nier, d’une part de travailler avec des sensations plus légères également présentes et, d’autre part, sur les événements qui induisent cette lourdeur, ce qui permet généralement de relier la dépression actuelle à l’évènement déclencheur. 

Pr Antoine Bioy : « L’objectif est l’« aménagement » des symptômes, c'est-à-dire permettre à la personne de réinvestir autrement son environnement, de donner du sens à ce qu’elle vit, à explorer la question de la perte. En état d’hypnose, la personne est beaucoup plus proche de son ressenti corporel et perçoit la part d’elle-même qui a envie de se libérer de ce sentiment de lourdeur. Il faut ensuite laisser ce sentiment de légèreté exister jusqu’à le laisser grandir et prendre le pas sur le reste ».
 

« Grâce à l’hypnose, j’ai vaincu mon état dépressif »

Sophie était en procédure de divorce. Après deux mois, elle a pris des antidépresseurs. Elle n’avait goût à rien, se dépréciait, se trouvait inutile et sans envie, se noyait dans ses idées noires et peu à peu s’excluait de toute vie sociale. Peur du vide du quotidien, perte du sens de sa vie, honte du divorce et sentiment d’échec se mêlaient. C’est son médecin généraliste qui l’a envoyée chez un psychothérapeute spécialisé dans l’hypnose.

Sophie (45 ans, Paris) : « J’ai très vite eu le sentiment que quelque chose pouvait renaître avec ce travail. Sous hypnose, j’ai pu explorer ma sensation de lourdeur. J’ai alors ressenti que ce poids compensait un vide intérieur et que mon équilibre pour me vivre pleine et indispensable s’effondrait avec cette séparation. L’hypnose m’a permis de revivre la manière dont j’avais ressenti la présence de mon mari pendant ces années ensemble, pour moi puis à côté de moi, puis l’éloignement et le vide laissé. Et enfin, j’ai vécu un autre vide, comme un champ encore vierge mais d’où pouvait renaître la vie. J’ai réalisé que j’étais toujours capable de la recevoir ».

Pour Sophie, l’amélioration est apparue entre la 3ème et 4ème séance d’hypnose. Elle a pu verbaliser à partir de la 6ème séance. Les séances, tous les 15 jours, ont pu s’espacer toutes les 3 à 4 semaines. Elle estime qu’elle n’a plus été dépressive après 11 séances et a pu se passer des antidépresseurs.
 

L’hypnose et dépression, messages pratiques

Le thérapeute doit être un spécialiste du psychisme : psychiatre, psychologue ou psychothérapeute, médecin ayant suivi des formations universitaires en psychothérapie, hypnothérapie. Chaque Agence Régionale de Santé tient à jour un registre des psychothérapeutes diplômés.

La durée de la psychothérapie par hypnose dans le cadre de la dépression dépend des personnalités du patient et du soignant mais aussi de la qualité de leur relation. Ils peuvent convenir d’un nombre de séances limité (3 à 5) avant de faire le point sur l’éventuelle amélioration, et avoir ainsi une idée plus précise du nombre de consultations nécessaires.
Attention, certains « thérapeutes » proposent des « thérapies éclairs » (une séance ou guère plus), ce qui doit éveiller la suspicion des patients car la dépression, syndrome violent avec un risque suicidaire majeur, demande un travail en finesse et en profondeur.

D’après un entretien avec le Pr Antoine Bioy, professeur de psychologie clinique et psychopathologie (Université de Bourgogne, Dijon), docteur en psychologie et responsable scientifique de l’Institut Français d’Hypnose (Paris).

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