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Malentendants : De l’intérêt de s’appareiller

Altération de la mémoire, troubles de l’attention, difficultés de langage…
Lorsqu’elles ne sont pas corrigées, les pertes d’audition constituent un facteur de risque de déclin cognitif.
Président du Conseil scientifique de Bruitparif, l’observatoire du bruit en Île-de-France, Jean-Louis Horvilleur est audioprothésiste diplômé d’État au centre médical et dentaire Jack Senet de La Mutuelle Générale (Paris). Alors que la France est l’un des pays d’Europe où le taux d’équipement des personnes malentendantes est le plus faible, il tire la sonnette d’alarme.

Publié le 14/06/21

En France, bien qu’une personne sur dix soit concernée par la perte d’audition, il y a encore beaucoup de réticences à s’appareiller. Comment l’expliquez-vous ?

Jean-Louis Horvilleur : La principale raison, c’est le déni car la perte d’audition liée à l’âge (presbyacousie) est progressive. Le cerveau a le temps de compenser et de s’adapter. Une longue période peut donc s’écouler avant que la personne ne réalise qu’elle entend moins bien et, surtout, l’accepte. Généralement, elle a tendance à attribuer ses difficultés à des facteurs extérieurs : les gens qui articulent mal, la télévision qui est de mauvaise qualité, le contexte qui est trop bruyant… La prise de conscience vient souvent des proches. Plus d'un malentendant sur deux consulte, poussé par son entourage.

Au-delà du déni, le port d’une aide auditive ne véhicule-t-il pas aussi une image négative ?

C’est un peu moins vrai aujourd’hui car, avec les casques, les oreillettes et les kits mains-libres, l’usage des dispositifs amplifiés dans l’oreille s’est banalisé. Et la technologie a progressé. Mais effectivement, pour certains, il y a encore un blocage psychologique, lié à une image ancienne et totalement faussée des aides auditives.

La réforme « 100 % Santé », qui instaure des équipements sans reste à charge, va-t-elle pousser davantage de Français à s’appareiller ?

Pour certaines personnes, les tarifs des aides auditives pouvaient effectivement être dissuasifs.

Aujourd’hui, le prix n’est plus un frein ni un obstacle. Depuis le 1er janvier 2021, dans le cadre du 100 % Santé, l’Assurance maladie et les complémentaires santé prennent en charge la totalité des frais sur une sélection d’aides auditives, dites de classe I. C’est une évolution positive, car plus on s’appareille tôt, mieux c’est.

Comment cela ?

À partir d’un certain stade, le déficit auditif oblige à avoir une attention maximale pour compenser les confusions phonétiques. Chaque mot demande un effort intellectuel, au détriment des autres fonctions cognitives. À cela s’ajoute le fait qu’en raison des difficultés de communication qu’elles éprouvent, les personnes malentendantes ont tendance à s’isoler progressivement. Tout cela concourt à accélérer le déclin cognitif.

S’appareiller rapidement est donc un gage de bonne santé psychique ?

Absolument. D’ailleurs, les études sont très claires sur ce point. Elles montrent qu’en s’appareillant précocement, on gagne presque sept ans de santé intellectuelle, ce qui est considérable.

Certaines aides auditives sont-elles plus adaptées que d’autres ?

Il y a trois familles d’aides auditives qui, toutes, ont leurs indications. Les micro-contours, reliés à un écouteur placé au creux de l’oreille, s’illustrent par leur technologie, leur fiabilité et présentent de très bons résultats acoustiques. Les aides intra-auriculaires, de leur côté, ont l’avantage d’être très discrètes, mais ne conviennent pas à toutes les anatomies ni à toutes les physiologies. Quant aux contours d’oreilles classiques, ils sont plutôt réservés à la grande puissance, en cas de surdité importante.

Les aides auditives sans reste à charge, dites de classe I, sont-elles aussi efficaces que les aides auditives de classe II, dont les prix sont libres ?

Oui, nous disposons aujourd’hui d’équipements de classe I performants et adaptés à tous les types de troubles auditifs, y compris des modèles de dernière génération qui permettent la connexion directe au smartphone ou aux objets connectés. Néanmoins, les aides auditives de classe II vont plus loin dans le traitement du signal. Elles bénéficient d’options qui ne sont pas disponibles pour les aides auditives de classe I, comme le rechargement ou le recours à l’intelligence artificielle.

On dit souvent que la rééducation du cortex auditif est au moins aussi importante que le choix de l’aide auditive.
Pourquoi ?

Le cerveau s’est adapté à la baisse de l’audition, il faut donc lui réapprendre à traiter correctement les informations perçues. C’est tout l’enjeu de la rééducation auditive. Imaginez un plongeur sous-marin : pour remonter à la surface en toute sécurité, il doit respecter des paliers de décompression. Eh bien, pour le malentendant, c’est pareil ! Dans son cas, les paliers, ce sont les rendez-vous personnalisés avec l’audioprothésiste.

L’audioprothésiste joue aussi un rôle dans la prévention. Quelles sont les règles à connaître pour protéger son audition ?

L’un des risques principaux pour l’audition est l’abus de décibels. Or en la matière, nous ne sommes pas tous égaux. Certains ressentiront des troubles auditifs très rapidement, pour d’autres ce sera plus long. C’est pourquoi il ne faut pas hésiter à faire un test d’audition au moindre doute, et même de façon régulière en cas de pratique à risque. La seconde règle, c’est d’utiliser des équipements de protection auditive individuels dans les situations où le son est physiologiquement trop fort.

C‘est le cas des concerts, par exemple, où le son est généralement très fort. Pour autant, peut-on vraiment en profiter avec des bouchons auditifs ?

Bien sûr ! À côté de mon activité d’audioprothésiste, je suis guitariste et journaliste musical. J’adore les concerts, et je peux vous assurer que le port de bouchons auditifs, pourvu qu’ils soient bien adaptés, ne gâche pas l’expérience.

Il existe toute une gamme de protections adaptées à la musique, la chasse, la moto, l’industrie… qui protègent sans pour autant isoler du monde extérieur ou dénaturer les sons.

Enfin, il y a une troisième règle, méconnue mais au moins aussi importante que les deux précédentes : faire une pause de dix minutes minimums toutes les heures quand on écoute de la musique ou qu’on télétravaille avec un casque. Laisser ses oreilles se reposer permet à certains mécanismes chimiques de récupération de se mettre en place.

POUR EN SAVOIR PLUS

  • Centre médical et dentaire Jack Senet de La Mutuelle Générale : centre-jack-senet.fr
  • Bruitparif : bruitparif.fr

Écrit par Doctopress.

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Audioprothèse : un accompagnement personnalisé au centre Jack Senet

Pour accompagner la réforme «100_% Santé » et accroître une offre mutualiste encore trop rare dans la capitale, le centre médical et dentaire Jack Senet de La Mutuelle Générale, à Paris, innove avec un cabinet d’audioprothèse doté d’un matériel de pointe. La cabine audio, dont l’insonorisation dépasse les normes en vigueur, permet d’effectuer des tests d’audition complexes, ainsi que des bilans et des réglages auditifs de haute qualité. Et pour parfaire les tests d’audition en champ libre, des enceintes ont été réparties à l’intérieur de la cabine. Accessible aux personnes à mobilité réduite grâce à une rampe de seuil et une plateforme élévatrice, le cabinet dispose d’une zone d’accueil, d’un cabinet de mesure et d’un atelier dédié à l’entretien des aides auditives.

POUR EN SAVOIR PLUS

Le cabinet d’audioprothèse est ouvert les lundis, mercredis et jeudis, de 9 heures à 19 heures. Vous pouvez prendre rendez-vous au 01 42 79 16 62 ou sur Doctolib.fr en tapant «Centres médicaux et dentaires Jack_Senet et Broca ».

Écrit par Doctopress.

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