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Nouveaux traitements du cancer : la révolution !

Immunothérapie, dépistage sanguin, prévention active… Ces dernières années, la recherche contre le cancer a franchi des étapes majeures, ouvrant la voie à des traitements plus efficaces, mieux tolérés, et parfois même sur mesure. Le point sur les dernières avancées, les promesses, mais aussi les limites de cette révolution avec le Pr Benjamin Besse, directeur de la recherche médicale à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif).

Doctopress
Publié le 13/10/25
Temps de lecture 4 min

L’immunothérapie est l’un des traitements les plus innovants contre le cancer aujourd’hui. En quoi consiste-t-elle ?

Pr Benjamin Besse – Le cancer, c’est une cellule de notre corps qui a été agressée et a subi des mutations génétiques. Or si le système immunitaire est censé défendre l’organisme contre les menaces extérieures – virus, bactéries, etc. –, il n’est pas censé combattre ses propres cellules. Et c’est précisément le problème : comme les cellules cancéreuses proviennent du soi, le système immunitaire ne les reconnaît pas comme ennemies. L’immunothérapie vise à « réveiller » les défenses de l’organisme pour qu’elles identifient enfin ces cellules tumorales comme dangereuses. L’approche la plus répandue aujourd’hui est ce qu’on appelle les « inhibiteurs de point de contrôle immunitaire ». Ce sont des traitements qui empêchent les cellules cancéreuses d’envoyer un signal de non-agression aux globules blancs. Résultat : les cellules immunitaires attaquent la tumeur comme s’il s’agissait d’un corps étranger, parfois jusqu’à la faire disparaître complètement. 

L’immunothérapie a révolutionné la prise en charge d’un certain nombre de cancers métastatiques en augmentant – parfois de façon considérable – l’espérance de vie des patients. Mais peut-on espérer l’utiliser, demain, pour guérir les patients ?

B.-B. – On a aujourd’hui des patients atteints de cancers métastatiques qu’on caractérisait comme incurables et qui sont pourtant en rémission complète, parfois depuis plus de cinq ans. Cela pose une question : ces patients sont-ils guéris ? Le mot est encore à utiliser avec prudence – peut-être même faudrait-il inventer un terme spécifique –, mais il reflète une réalité : chez eux, il n’y a plus de trace de cancer. Pour le moment, c’est une toute petite fraction des patients. Le but, maintenant, est d’augmenter le nombre de patients qui répondent durablement à l’immunothérapie.

Quelle est la différence entre immunothérapie et thérapies ciblées ?

B.-B. – L’immunothérapie stimule le système immunitaire pour qu’il combatte la tumeur. À l’inverse, la thérapie ciblée agit directement sur la cellule cancéreuse en bloquant les mécanismes qui permettent sa croissance et sa prolifération. La thérapie ciblée repose ainsi sur une analyse de la tumeur : on cherche son talon d’Achille pour pouvoir la détruire. C’est la première grande révolution dans le traitement du cancer, et cette révolution continue aujourd’hui avec, à la fois, de nouvelles générations de médicaments et l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques. Les thérapies ciblées et l’immunothérapie – qui constitue la seconde grande révolution – sont donc deux approches différentes, mais qu’on peut utiliser conjointement dans beaucoup de situations.

Les thérapies ciblées s’attaquent spécifiquement aux cellules cancéreuses, contrairement aux chimiothérapies qui n’épargnent pas les cellules saines. Ont-elles moins d’effets secondaires ?

B.-B. – Oui, ce sont des traitements, le plus souvent par voie orale, qui sont généralement mieux tolérés que les chimiothérapies. On a beaucoup plus rarement de perte de cheveux ou de baisse des globules blancs, par exemple. Mais il y a quand même des effets secondaires, malheureusement.

 

Rencontre avec le Professeur Benjamin Besse, directeur de la recherche médicale à l'institut Gustave Roussy (Villejuif)

Vers une nouvelle ère dans la lutte contre le cancer 

Découvrez notre interview

Et la vaccination thérapeutique, dans tout ça ?

B.-B. – C’est une autre forme d’immunothérapie. Là, on ne stimule pas le système immunitaire de façon générale, mais de façon spécifique. Le but est de lui apprendre à reconnaître les cellules tumorales en lui disant, pour prendre une image simple, que toute cellule qui porte, par exemple, une casquette rouge est une cellule tumorale qu’il faut détruire. Une des voies de recherche consiste à créer un vaccin sur mesure, à la carte, pour chaque patient. On va analyser sa tumeur et regarder ce qui est spécifique à celle-ci, la fameuse casquette rouge dont je parlais… 

Des vaccins personnalisés, différents pour chaque patient, cela va coûter très cher. Pourra-t-on les financer ?

B.-B. – S’ils sont très efficaces et permettent de réduire drastiquement les récidives, avec des patients qui n’ont plus besoin de soins, qui peuvent retravailler, oui, car cela réduira les coûts pour la société. Mais il n’y a pas que les vaccins personnalisés. Des compagnies développent des vaccins génériques, visant des cibles communes à tous les cancers du même type. Et n’oublions pas la vaccination préventive classique : vacciner contre le papillomavirus, c’est aussi prévenir certains cancers !

On parle aujourd’hui beaucoup du dépistage du cancer par une simple prise de sang. Selon vous, cela peut-il devenir une réalité dans les années à venir ?

B.-B. – C’est ce qu’on appelle la « biopsie liquide », de façon un peu abusive d’ailleurs, car contrairement à une biopsie, on ne prélève pas de tissu et on ne fait pas de diagnostic. Le but est de parvenir à détecter dans le sang des quantités très faibles d’ADN tumoral pour dépister un cancer au plus tôt. Le test idéal serait évidemment un test valable pour tous les cancers. C’est une voie d’avenir, même s’il ne suffit pas d’avoir un test. Il faut aussi prouver qu’il permet d’augmenter le taux de survie des patients en intervenant à des stades plus précoces de la maladie. 

L’institut Gustave Roussy a lancé un programme qui consiste à suivre des personnes à haut risque de cancer, avec un objectif : intervenir avant même que le cancer ne se déclare. Ça paraît de la science-fiction…

B.-B. – Le but de ce programme, baptisé Interception, est d’identifier et de suivre des personnes à haut risque de cancer. C’est le cas des gros fumeurs, par exemple. On leur propose un dépistage par scanner, des ateliers de prévention, un accompagnement au sevrage tabagique et puis des prélèvements pour essayer de mettre au point un test qui permettrait de déterminer qui va développer ou non un cancer. À partir de là, on peut se poser la question : est-ce qu’une immunothérapie préventive pourrait diminuer les risques de cancers liés au tabac. C’est un concept inédit de prévention active qui consiste non seulement à dépister et à réduire les facteurs de risque, mais aussi, peut-être, à intervenir en amont avec des médicaments pour prévenir le cancer.

Pour en savoir plus

Institut Gustave Roussy : https://www.gustaveroussy.fr

 

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